SOIT DIT EN PASSANT
18 Février 2016
Aimer à l’ombre des tabous !
Malika Boussouf

Journaliste, écrivaine

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Par Malika Boussouf
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Il y a des jours comme ça où, avant même que le jour se lève, j’ai une furieuse envie de vérifier
comment les Algériens s’arrangent avec l’Amour. Comment ils aiment, de quelle manière
ils l’expriment et surtout comment ils savent le dire ! Non pas que je doute de l’aisance
qu’ils mettent à déclarer leurs sentiments, mais je me dis que lorsque l’on vit dans une société
conservatrice comme la nôtre, on ne s’enflamme pas à la première fête importée qui soit,
à supposer que les célébrations des autres restent les leurs et nous soient interdites.
Et la Saint-Valentin est arrivée à point nommé pour tester le savoir-faire en la matière
des amoureux de chez nous. Comment se déclare-t-on sa flamme ou comment se manifeste
t-on notre tendresse lorsque la fougue n’est plus là pour attester de la force des sentiments ?
De là à ce que les promoteurs du «nikeh fi sabil el djihad» décrètent que tout individu qui
verbalise sa passion ou fait l’apologie de la plus belle des émotions pactise avec le diable
ou que tout encouragement à fêter la Journée des amoureux est une atteinte au divin,
je ne doute pas une seule seconde que les sombres jouisseurs frustrés et silencieux que sont
leurs fidèles acquiescent du menton. Le jour J, je me suis arrêtée chez mon fleuriste,
histoire de voir comment on y évoquait l’amour. Un monsieur plutôt bien de sa personne n’a
pas attendu que je le sollicite pour me donner son avis : «Comme l’a si bien dit Antoine
de Saint-Exupéry : ‘‘On ne voit bien qu’avec le cœur, le reste est invisible pour les yeux.’’
C’est bien vrai tout ça, n’est ce pas chère madame ?» La St-Valentin, c’était aussi ces femmes
qui fêtaient l’amour qu’elles portent à l’homme de leur vie. Elles ont des jours comme ça où
elles s’arrangent avec la vérité et où elles se créent un avenir à l’image de leurs rêves. Morale
de l’histoire : toutes les femmes n’ont pas la chance d’avoir un homme raffiné dans leur vie
et tous les hommes n’ont pas l’heureuse fortune de côtoyer celle qui est armée pour leur
apprendre à apprécier le bon goût de la victoire.

M. B