SOIT DIT EN PASSANT
06 Mars 2016
La crise et taqachouf, c’est pareil !
Malika Boussouf

Journaliste, écrivaine

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Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où vous éprouvez une forte envie de comprendre de quoi la crise
que l’on évoque ici et là sera faite. Celle dont on ne cesse de nous avertir qu’elle est à
nos portes ne présagerait rien qui vaille le coup de se morfondre en l’attendant.
La question qui se pose avec de plus en plus d’acuité tourne essentiellement autour de quoi
sera organisé le fameux taqachouf qui nous pend au nez. On tente de nous préparer
à l’incontournable obligation de nous serrer la ceinture. Et comme, côté pouvoirs publics,
on en connaît un rayon sur les conséquences d’une colère mal encadrée et que l’on est rompu
à l’exercice qui consiste à calmer les esprits, on prend toutes les précautions pour préserver
le calme dans la cité Algérie. Ne pas attiser la colère qui couve ni provoquer ceux qui
envisageraient d’en découdre avec l’autorité paraît être l’une des fermes recommandations
en vigueur. Les consignes du régime seraient de caresser dans le sens du poil ceux qui
n’auraient rien à perdre à s’exprimer violemment et à tout saccager si l’on s’aventurait à mettre
en péril un confort et des privilèges ou, dans un autre cas, à aggraver une précarité déjà fort
pénible à supporter. Parce que s’il est vrai que la vie ne se résume pas à endurer des épreuves,
elle doit aussi et surtout permettre aux gens, en leur donnant les moyens, de réaliser
leurs rêves. Seulement voilà, en prévision du maudit taqachouf que l’on nous sert à toutes
les sauces sans avoir l’air d’y toucher, on commence par appréhender la terrible idée de devoir
abandonner ses espérances et à réaliser que se bercer d’illusions, c’est tout juste bon pour
les gogos.On se dit aussi, pour encaisser le coup le moins péniblement, qu’il vaut mieux regarder
les choses froidement parce que la crise, elle, est tellement mondiale que personne n’y échappera,
même pas les systèmes les mieux protégés. Balivernes que tout cela ! Je doute fort que l’idée
de ne pas être seuls dans la galère puisse consoler qui que ce soit.
J’imagine mal la réaction des Algériens si l’on cessait de leur importer les produits qu’ils ont appris à consommer !

M. B.