SOIT DIT EN PASSANT
14 Mai 2016
Au-dessus de la mer !
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine


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Il est des jours comme ça où, comme je le racontais
précédemment, à la seule perspective de monter dans
un engin qui vole, je suis terrorisée. Comment planer
au-dessus de la terre dans laquelle il fait bon enfoncer
ses pieds si l’on veut garder son équilibre et ne pas paniquer ?

Au moment où je rédige ce billet, je me trouve au-dessus de
la mer Méditerranée et jette un coup d’œil à ma montre toutes
les dix minutes. Au moment où le personnel de bord recommandait
d’éteindre son téléphone et les autres appareils électroniques
en marche, j’en étais, moi, à vérifier pour la 15e fois que ma
ceinture était bien bouclée. Lorsque l’hôtesse de l’air s’est
attelée à la fameuse démonstration dont les passagers sont censés
ne rien rater, j’ai fermé les yeux pendant tout le temps où
les différents conseils étaient prodigués. C’est un rituel.
Je fais toujours pareil parce que si j’écoute les directives,
je me mets à réfléchir aux risques encourus. C’est là que mon cœur
s’emballe et que je suis obsédée par l’idée que nous pourrions
nous écraser dans les minutes qui suivent. Quand je regarde
les gens dormir paisiblement, se déplacer allègrement ou manger
sans sourciller, je me trouve plutôt ridicule. Il y a longtemps
que j’ai découvert combien il était utile de travailler dans
l’avion. Se concentrer sur des articles que j’ai téléchargés
dans ce but ou carrément rédiger comme je suis en train de
le faire en ce moment. ça m’aide à évacuer un peu le stress.
Un peu seulement parce qu’il suffit d’un trou d’air ou d’une
simple perturbation, pour que, tétanisée, je referme les yeux
et me prépare à dire adieu au monde qui m’entoure. Même si
l’on pense qu’être assis côté couloir et pas côté hublot nous
protège des nuages auxquels la stabilité de l’appareil pourrait
ne pas résister.
Et essayer de me persuader que si l’avion ne
résiste pas aux turbulences, je ne sentirai rien ne me console pas.

Merci de m’avoir tenu compagnie. On vient d’annoncer que l’avion
se préparait à atterrir. Je respire sans oublier que c’est précisément
l’un des moments où le pire peut arriver.

M. B.