SOIT DIT EN PASSANT
07 Mai 2016
Sortir couvert !
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine


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Il est des jours comme ça où en lisant certaines réactions de lecteurs par mail,
je réalise que, y compris en communiquant de façon privée,
la personne qui m’écrit éprouve, quelquefois, le besoin de truffer son texte
de fautes. On en devine, assez vite, le mobile. Ne pas être repéré ! C’est terrible
de faire autant dans la paranoïa. Tordre son écriture pour à la fois dire ce
que l’on veut et ne pas apparaître sous sa véritable identité. J’avais cru, avant
d’en recevoir de façon donc tout à fait confidentielle, qu’il n’y avait que
les réseaux sociaux qui regorgeaient de profils plus ou moins bizarres.
Eh bien, non ! Même quand on communique par courriel, il arrive que l’on
n’y aille pas franchement. Questions. Pourquoi écrire dans ce cas ? Quel effet
espère-t-on obtenir si l’on y va à reculons ? A quoi sert une correspondance qui
perd de son intérêt dès lors que celui qui la reçoit ne sait pas de qui elle émane ?
Il y a une différence entre celui ou celle qui préfère rester anonyme et qui signe
«Un lecteur assidu», sans doute, par timidité ou parce que peu habitué(e) à
s’épancher, mais qui en éprouve, parfois, l’envie ou le besoin et celui ou celle
qui va user d’un pseudo, pour se donner tous les moyens de vous gratifier d’insultes.
Au-delà du profil qui est travesti, je me demande à quoi rime d’écrire en pataouète ?
On se doute, bien évidemment, que tout le monde ne maîtrise pas la langue dans
laquelle il s’exprime. Mais je fais, là, allusion à celles et ceux qui abusent de ce
procédé pour ne pas divulguer leur identité ou s’exposer aux railleries de tiers.
Plusieurs de mes amis affirment que certains services de renseignement,
spécialisés, par exemple, dans le noyautage des réseaux sociaux, interviennent,
sous le couvert de pseudonymes ou de faux profils. Ils auraient pour mission de
mieux gérer ce qu’ils comptabilisent comme des dérives ou de continuer à user
d’un pouvoir, autoritaire, de dissuasion qu’ils pensent infaillible. Il arrive, parfois,
que l’on ne sache pas aborder les autres en les regardant droit dans les yeux.
Il faut se faire coacher les amis ! Le terme est très à la mode.

M. B.