A vos sites de rencontres !
SOIT DIT EN PASSANT
04 Mai 2016 A vos sites de rencontres !
malika boussouf
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Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où, en naviguant sur internet, je n’ai pas le temps
d’accéder à l’information recherchée que déjà je me retrouve face à cette
annonce, devenue quasi incontournable, qui vous invite à trouver
un mari musulman. C’est clair, il me suffit d’ouvrir n’importe quel papier pour
y avoir droit et, pour ne rien vous cacher, j’ai fini par trouver ça insupportable.
Non pas que ce soit la seule annonce qui vous harcèle, mais j’ai la nette
impression que c’est la seule qui me suit partout. Du coup,
le «trouver un mari musulman» aura, franchement, fini par, sérieusement,
me raser. Imaginez que je sois seule dans la vie et que j’aie envie de prendre
pour époux un chrétien, un animiste, un juif, un bouddhiste ou un athée ?
Si vous allez sur les réseaux sociaux, vous y avez droit , si vous allez sur Google,
vous n’y échappez pas, si vous allez sur Yahoo, non plus ! L’annonce fait
peut-être l’affaire de jeunes célibataires en panne de prétendants ou d’idée
pour mettre la main sur le profil idéal, mais comment font celles qui n’en ont pas
besoin ? Pourquoi ne propose-t-on pas aux hommes en perte d’inspiration et
de repères de leur trouver une épouse musulmane ? Cela dit, l’annonce pourrait
faire le bonheur de jeunes filles qui ont de plus en plus de mal à rencontrer
leur pendant masculin. Elles n’ont plus qu’à tenter de s’en décrocher un par
le biais de ce site. J’avoue ne pas être allée regarder de plus près le contenu de
la proposition. D’abord, parce qu’à force de la croiser, j’ai fini par développer
une espèce de rejet tout en me demandant, plutôt, comment faire pour m’en
débarrasser. Je crains, par ailleurs, si je venais à ouvrir le lien, de tomber
sur un site islamiste. Les barbes au nombril, les kamis mi-mollet,
les pantalons au-dessus de la cheville et les chaussettes blanches,
on en croise au quotidien. Nul besoin d’aller en admirer d’autres sur
un site de rencontres qui leur est dédié. L’invitation à la noce s’adresserait-elle
à une population féminine spécifique ? Certainement pas à ces musulmanes
rompues à la transgression d’interdits qui les empêcherait d’aimer sans contrainte.
M. B.
Ceux d’en haut et les autres !
SOIT DIT EN PASSANT
05 Mai 2016 Ceux d’en haut et les autres !
malika boussouf
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Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où lorsque vous êtes rappelé à l’ordre par un lecteur
qui vous écrit pour dénoncer le mépris de nos gouvernants à l’égard de leurs
administrés, vous ne pouvez pas faire l’impasse sur la colère de ce dernier, qui
n’est pas loin de penser qu’en gardant le silence, vous vous conduisez,
exactement, comme ceux dont vous-mêmes critiquez les méthodes. En voici,
par exemple, une de question, qui, si elle contrarie celui-ci, va en faire
grimacer plus d’un autre : «Pourquoi les responsables algériens, à quelque niveau
qu’ils se situent ne répondent jamais, ou à quelques exceptions près, au courrier
des citoyens ?» Et à notre ami désabusé de raconter une anecdote qui dit bien
ce qu’elle veut dire sur la nature de l’échange entre responsables et ceux sans
le soutien desquels beaucoup d’entre eux ne seraient pas là où ils sont.
Très remonté, il ose une comparaison qu’il ne devrait franchement pas,
tellement elle met le doigt là où ça fait mal : le laisser-aller et la négligence.
Le lecteur qui note «le manque d’éducation» de ces derniers à l’égard de ceux
qu’ils savent courtiser lorsqu’ils ont besoin de leur voix, raconte comment,
il y a 4 mois, un ami à lui a adressé, simultanément, un courrier à un ministre algérien
et un autre, identique, à François Hollande. Le chef de l’Etat français lui a répondu
dans la semaine. Pas le ministre algérien. Après trois lettres successives,
son ami attend toujours des nouvelles du ministre.C’est l’irrévérence du haut responsable,
auquel il faudrait, peut-être, rappeler que le respect ça va dans les deux sens,
qui révolte notre lecteur. Il sont nombreux à pointer un doigt accusateur vers
une administration qui opte pour le mépris quand on la sollicite. Notre ami fait,
pour le coup, une suggestion intéressante. Pourquoi ne pas interroger, ponctuellement,
les gens d’en bas sur ce qu’ils pensent des gens d’en haut et évaluer comment
ils appréhendent les droits des masses populaires et le devoir des dirigeants à leur égard ?
Pourquoi ne pas s’inspirer de l’avis citoyen pour reconduire ces derniers ou
les démettre de leur mission ?
M. B.
Londres, et pour quatre ans !
SOIT DIT EN PASSANT
09 Mai 2016Londres, et pour quatre ans !
Par Malika Boussouf
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[email protected]
Il est des jours comme ça où lorsque, dans la course à l’élection à
la tête d’une mairie occidentale comme celle de Londres, un fils de riche,
né avec une cuillère en argent dans la bouche, est terrassé par celui
d’un pauvre, on se réjouit, même de loin, pour le nouvel élu qui, à aucun
moment de sa campagne, n’a baissé les yeux ou s’est fourvoyé devant
ses compatriotes, issus d’ailleurs ou des Anglais de souche.
Pour un grand nombre d’observateurs, il était impensable, jusqu’à
son élection, qu’un musulman, avec tout ce que cela suppose en
ces temps d’intolérance et d’incompréhension et toutes les confusions
sournoisement entretenues et volontairement affichées, se hisse à
la tête d’une ville européenne. Et pas des moindres ! Quel magnifique
pied-de-nez à ses détracteurs, que les Londoniens se soient montrés
indifférents à ses origines ou à sa sensibilité religieuse au profit de
convictions politiques et humaines, et de l’engagement citoyen !
Un coup de maître dans des conditions inédites qui incite à croiser les doigts.
Que la belle surprise ne se transforme pas en cauchemar pour Sadiq Khan.
Je retiens, pour ma part, que l’on aura beau reprocher à Londres d’avoir
abrité des théoriciens du crime et autres chefs intégristes, que l’on aura
beau lui tenir rigueur de n’avoir pas réagi à leurs appels au crime,
aujourd’hui, la Grande-Bretagne fait montre de constance. Dans le sens
où son caractère cosmopolite rend encore plus lisible sa capacité à opter
pour ce qui lui convient le mieux et à séparer le bon grain de l’ivraie.
Le petit ton cinglant à son égard était fatalement prévisible. Il n’empêche
qu’à celui qui, fier de ses origines, affirme vouloir incarner l’espoir au
lieu de la peur, l’unité plutôt que la division, on réfléchira à deux fois avant
d’oser lui demander de s’excuser à chaque fois qu’un égaré de la foi se fera
exploser quelque part dans le monde ou de se désolidariser de
ses coreligionnaires. Voilà une chose qui ne pourra jamais arriver en Algérie
où il faut être adoubé par un clan au pouvoir pour changer de statut et devenir,
non pas utile, mais enfin «fréquentable».
M. B.
A qui profite le «djihad» ?
SOIT DIT EN PASSANT
10 Mai 2016 A qui profite le «djihad» ?
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où il m’est impossible de rester indifférente à ce que je lis.
J’avoue avoir tremblé en parcourant l’histoire douloureuse de ce père impuissant,
solitaire et désespéré. Comment ne pas éprouver de l’empathie pour des parents qui
finissent par perdre leur enfant parce que, seuls, ils n’ont rien pu faire et que ceux qui
en ont la capacité et le pouvoir n’ont pas voulu leur tendre la main ?
Ce billet n’a pas pour objet de réécrire la tragique histoire de Azzedine Amimour,
si bien racontée par notre ami Maâmar Farah. Non, l’envie que l’histoire a suscitée en moi,
après m’avoir gardé suspendue aux paroles de Maâmar, tandis qu’il nous contait le calvaire
et la souffrance de son ancien voisin et ami, était de revenir, pour la contester, sur la légèreté
avec laquelle, dans l’Hexagone, on traite l’embrigadement de jeunes gens par Daesh, surtout
lorsque ces derniers sont issus de l’immigration.Un désintérêt ciblé, envers ces jeunes que l’on
regarde s’enfoncer dans une voie avec la mort pour seule issue ? Quand les calculs politiciens
se mettent de la partie, ils deviennent dangereusement responsables de tous les drames ultérieurs.
Ce qui me révolte, c’est que l’on fasse, consciemment, le jeu de sombres barbares qui, eux,
ont sans doute l’avantage de savoir où ils veulent mener le monde. À l’asservissement ou
au chaos ! Et rien ne semble pouvoir les en dissuader. Il devient de plus en plus courant que
de jeunes recrues que l’on a transformées en zombies après un méticuleux lavage de cerveau
aillent en Syrie pour servir de chair à canon. J’ignore si c’est toujours le cas, mais dans celui-là,
ce sont de braves gens qui en font les frais. Lorsqu’un jeune a du mal à trouver sa voie au sein
d’une société sourde à ses attentes, que la famille n’arrive pas à canaliser des dérives qui
s’accumulent et qu’elle n’a pas soupçonnées au départ, pourquoi faudrait-il que ce soit Daesh
qui sache le mieux séduire ? Nous ne sommes pas là en présence d’un jeune en panne de frissons,
mais d’un garçon timide et renfermé en quête de réponses et qui, un jour, au contact bienveillant
d’un recruteur, bascule puis s’égare.
M. B.
Défendre sans frontières !
SOIT DIT EN PASSANT
11 Mai 2016 Défendre sans frontières !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où j’ai un peu de mal avec l’organisation «Reporters sans frontières».
Lorsque je reçois un courrier dans lequel on encourage à défendre la liberté de la presse,
je n’arrive plus à accorder du crédit à l’association alors qu’elle est censée protéger les intérêts
des journalistes d’où qu’ils soient et essentiellement dans les pays qui les oppriment. Cette année,
RSF a publié le classement mondial de la liberté de la presse.
L’Algérie est au 129e rang sur 180. Il n’y a pas de quoi être fier et pas de quoi se réjouir. Et pourtant,
il m’est aujourd’hui encore difficile de prendre au sérieux les rapports d’enquêtes et les déclarations.
De 1985 à 2008, durant près d’un quart de siècle à la tête de RSF, Robert Ménard, le maire raciste,
facho et islamophobe d’une ville de France, y a fait la pluie et le beau temps, soutenant, en ce qui
concernait l’Algérie, l’islamisme radical qu’il disait légitime tout en dénonçant, auprès de qui voulait
l’entendre, l’arrêt du processus électoral.
En 1992, il s’affichait pour la démocratie et le choix du peuple,
alors que l’ancien pied-noir qu’il est, dont les parents affiliés à l’OAS n’avaient jamais encaissé
ni l’indépendance de l’Algérie ni de s’être fait avoir par les bougnoules que nous étions, se rangeait du
côté de l’ennemi. Je savais déjà, pour en avoir fait l’expérience, ce que valait le sombre individu,
lorsque j’ai rencontré, début 95, à Paris, Zlatko Dizdarevic, le courageux et non moins brillant
directeur d’Oslobodenj, le plus grand journal de Bosnie-Herzégovine, basé alors à Sarajevo.
Il venait de publier son ouvrage J’accuse l’ONU. Nous avons parlé du drame que traversait son pays et
de ce qui ensanglantait le mien. Comme il avait été lauréat de l’association de Robert Menard pour
son combat en faveur de la liberté de la presse, nous avons échangé nos points de vue sur son
tout-puissant et inamovible patron. C’est là que Zlatko m’a raconté comment, un matin,
le triste personnage avait décidé d’en finir avec la cause bosniaque en lançant aux membres de
son bureau : «Fini la Bosnie. Je veux du Rwanda»
M. B.