Entre le sinistre et le nauséabond !
SOIT DIT EN PASSANT
30 Mai 2016 Entre le sinistre et le nauséabond !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où rentrer chez soi vous comble d’aise,
même si l’ailleurs a magnifiquement été organisé pour agrémenter
votre séjour. Mais voilà que sitôt rentrée, il m’a semblé urgent de
faire quelques petites mises au point. Entre celui qui vous donne
des cours de langue, celui qui vous accuse de traîtrise et celui qui
vous compare aux femmes qui font le plus vieux métier du monde,
il y a des esprits qui se révèlent plus nauséabonds qu’inconsistants.
Il y a celui qui, en panne d’arguments pour défendre l’image de son
gourou, va user d’une vulgarité à vous couper le souffle. Et il y a cet
autre qui court faire lire vos écrits à ses amis professeurs de
français pour s’assurer qu’il peut généreusement vous insulter.
Heureusement que les lecteurs qui disent avoir la sensation que
l’on parle pour eux sont autrement plus nombreux. Différents de
celui qui prend votre adresse email pour un club de rencontres
ou de ceux qui voient les autres comme injustement indifférents à
leur égard et penseront qu’en vous bombardant d’insanités vous
finirez par réagir. Il y a, aussi, les intégristes crasse qui sont allés
teindre leur barbe ailleurs. Comme un triste LC qui adore préciser
qu’il vit au Canada, qui passe sa vie à écrire à tout le monde
et à foncer sur tout ce qui respire, convaincu que son avis,
même dispensé d’ailleurs, est prioritaire. De ce lointain pays,
donc, qui lui verse chaque mois ce que les Algériens de là-bas
appellent ironiquement «le Besbes», une espèce de revenu
minimum qui vous dispense de courir au boulot chaque matin.
Du coup, l’épouvantable margoulin a le temps de se fendre
d’une revue de presse à sa mesure. Au Soir d’Algérie, par exemple,
le sinistre islamiste n’aime pas le fumeur de thé, pas le nostalgique
de Boumediene et moi il me trouve sale. Comme je ne fais pas
mes ablutions avec lui et que nous ne fréquentons pas la même
mosquée, il a décrété que je sentais mauvais. Faut-il conseiller
à l’excité en question, de calmer ses pulsions meurtrières et/ou
sexuelles ? Se masturber l’esprit, sans espoir de conclure,
est fortement déconseillé aux âmes en mal d’équilibre.
M. B.
Le fauteuil qui tient bon !
SOIT DIT EN PASSANT
31 Mai 2016 Le fauteuil qui tient bon !
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
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Il est des jours comme ça où je me souviens de ces voix qui
s’élevaient ici et là pour nous dire comment faire pour en finir,
définitivement, avec le système autoritaire et maffieux qui naviguait
à vue et menait les hommes et les femmes de ce pays à leur perte.
Il y a quelques jours, j’ai dénoncé le fait qu’un tout petit nombre
d’individus s’agitent et réclament l’autonomie de cette région de
l’Algérie qu’est la Kabylie. Je dis bien un petit nombre d’individus
parce que si la terre que le MAK prétend libérer de ses occupants
était fertile, ça se saurait. Et parce que l’humour j’aime ça et que
les menaces me font hurler de rire, j’ai raconté à des amis comment
j’avais réussi à me mettre à dos «tous les Kabyles d’Algérie, de France
et de Navarre» et comment je m’étais faite incendier dans un langage
ordurier par de courageux lecteurs qui ont joué l’intimidation en dignes
héritiers d’une école qui les a formés pour. Dans ce cas-là, ce n’est pas
le talent qui vous interpelle mais l’interprétation pathétique du geste,
du langage de rue comme seule capacité d’indignation et dont on se
garde bien, généralement, d’user lorsque l’on s’adresse à un homme.
Parmi ceux qui m’ont traitée de tous les noms d’oiseaux, il y
avait ceux qui ne comprenaient pas pourquoi je ne parlais pas
plutôt du «fauteuil roulant», entendez par là Abdelaziz Bouteflika.
Comment expliquer à ceux qui ne sortent la tête du sable que
lorsqu’ils savent l’adversaire en situation de faiblesse ou d’infériorité
physique que je n’ai pas pour habitude de demander la permission
de parler ? Surtout pas à des planqués derrière des pseudos. Quand
le chef de l’Etat, dont je ne partage pas l’avis sur tout ou presque,
évoluait sur ses deux jambes et qu’il disposait de toutes ses
facultés physiques et mentales, je ne me suis pas privée de dire ce
que je pensais de sa politique. N’ayant jamais tiré sur une ambulance,
je ne vais pas commencer à le faire aujourd’hui. Heureusement,
internet permet de se débarrasser des importuns.Il y a des messages
que je cesse de parcourir au bout de la troisième ligne et il y a ceux
que j’envoie dans le courrier indésirable.
M. B.
Étonnants voyageurs (2e partie)
SOIT DIT EN PASSANT
02 Juin 2016Étonnants voyageurs (2e partie)
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où les intransigeances des uns soulèvent
certaines interrogations chez les autres. Comme celle qui consiste
à se demander qui détient le pouvoir de décréter que celui-ci est
programmé pour décrocher la timbale et pas celui-là. Qu’est-ce qui
permet aux uns de s’approprier le droit de juger de ce qui est bien
et de ce qui est mal ? On tombe décidément toujours dans l’autorité
quand celle-ci s’impose pour tout.Au festival «Etonnants Voyageurs»,
un débat a été programmé autour de «l’Affaire Kamel Daoud».
L’un des mérites qu’aura eu le journaliste et écrivain algérien,
c’est d’avoir sorti de leur torpeur certains analystes dont la pensée
étroite se joue de la liberté des autres. Le débat existe donc, même
s’il est orienté à contresens.L’une des chroniques de KD avait,
il y a quelques mois, porté sur les violences faites à des femmes
occidentales un 31 décembre par des mâles musulmans.
On ne peut pas, juste pour ne pas être taxé d’intolérant,
d’anti-migrants, voire d’islamophobe, contredire pour contredire et
avancer des explications farfelues aux viols en question. Pourquoi
se priver, en effet, d’en parler ou de dénoncer d’aussi affreuses
dérives ? Pourquoi lorsque l’on parle de viols de femmes ou de
petites filles en Orient ou en Afrique cela ne suscite presque
ni accusation ni reproche ? Pourquoi lorsque l’on dénonce une
agression sexuelle d’un musulman à l’encontre d’une non-musulmane
cela suscite autant d’émoi ? On trouve cela impertinent quand on
voudrait que même l’impertinence soit codifiée.L’inspiration, aussi,
d’ailleurs ! Une certaine bien-pensance, pas que parisienne,
la voudrait chasse gardée et contrainte d’obéir à des codes. Ceux qui
culpabilisent ou sont gênés de ne pouvoir offrir de réponses crédibles
aux questionnements autour de l’islamisme, de ses théoriciens et
de ses divers bras armés vont interdire aux autres d’en parler.
Il y a cette iniquité à l’égard des femmes et il y a cette autre
iniquité à l’égard de ceux dont on n’accepte pas qu’ils pensent
autrement. En fin de compte, il y aura, toujours, quelque part,
une ligne rouge à ne pas franchir.
M. B.
Standing ovation pour l’Algérie !
SOIT DIT EN PASSANT
04 Juin 2016 Standing ovation pour l’Algérie !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où des applaudissements nourris pour l’Algérie
vous font plus que chaud au cœur ! De quoi vous faire dire
«L’Algérie est mon pays, mais c’est à Saint Malo que je me sens chez moi»!
Saint-Malo, c’était «Etonnants Voyageurs», ce fascinant festival où l’on a
eu envie cette année de parler d’Algérie parce que trois Algériens Boualem Sansal,
Yahia Belaskri et moi-même y étions présents. Marie-Madeleine Rigopoulos,
chroniqueuse littéraire, chargée de conduire le débat était rongée par le trac à
l’idée de passer à côté de choses importantes. Elle s’en est superbement
sortie face à un public exigeant, en mal de compréhension et qui s’interrogeait,
entre autres, sur les similitudes existant entre les groupes islamiques armés
et Daesh. Les inquiétudes, qui règnent sur l’avenir de la planète au regard des
violences qui s’invitent ici et là, augmentent en intensité au fur et à mesure que
les incompréhensions s’accumulent. Aujourd’hui et alors que des voix s’élèvent
pour signifier une ligne rouge à ne pas dépasser, les Algériens, dont on refusait
d’entendre les mises en garde, s’expliquent sur la fracture terroriste consommée
par eux depuis plus de vingt ans.Une salle comble et un silence assourdissant
qui en disait long sur les craintes face à l’invisible ennemi commun. Au public,
remarquable par son écoute, nous n’avons pas dit grand-chose de notre rupture
avec le système. Une dissonance grave mais qui n’intéresse pas ceux qui n’y sont
pas confrontés.Nous n’avons pas dit, non plus, comment pour acheter la paix
sociale, les pouvoirs publics sont souvent passés à la caisse mais qu’ils n’ont
peut-être plus vraiment les moyens de le faire. Mais nous avons beaucoup parlé
de ces gentils qui, un matin, alors que personne n’a rien vu venir, se sont
transformés en monstres. Nous avons raconté les menaces et les assassinats,
la sanglante guerre contre les civils, les enlèvements, les viols et
les éventrations. Toutes ces tentatives de prendre le pouvoir par la terreur.
Nous avons, aussi, débattu de l’idée que l’on se fait de la liberté lorsque
l’on considère que la démocratie est kofr !
M. B.
De la Marne à la rue Didouche !
SOIT DIT EN PASSANT
05 Juin 2016 De la Marne à la rue Didouche !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où répondre à un courrier tel que celui envoyé
par une compatriote qui vit ailleurs qu’en Algérie nous paraît essentiel
si l’on veut garder un lien avec la réalité. Voici ce qu’elle nous écrit,
non sans avoir ouvert sur une pensée amicale. «J'habite une région
magnifique, traversée par la Marne et avec de la verdure à foison.
En revanche, les logements sociaux y abondent. Les immeubles sont
coquets et confortables. Qu’est-ce qui fait qu'un quartier est considéré
comme chic ou non ? Beaucoup croient que la situation financière des
habitants y est pour quelque chose. Je vous le dis tout de suite
que nenni ! Le quartier sera considéré comme chic selon le comportement
de ses habitants et aussi le potentiel investi pour son entretien.
Si les habitants font montre de civisme, les cantonniers et les services de
nettoyage auront beaucoup moins à faire. L'argent ainsi économisé sera
investi dans des projets plus utiles. Pardon… je viens de penser avec
malveillance... ‘‘A moins que cet argent n'aille se baigner offshore.’’
Les balcons ? C'est simple ! Lorsque vous vous promenez un peu partout
et que vous voyez des balcons pleins de bric et de broc, vous n'avez
pas à vous questionner longtemps. Vous savez qui habite les appartements.
Comme je n'ai pas à juger les autres, je vise les Algériens ou ceux d'origine
algérienne auxquels il aurait fallu, dès le départ, expliquer à quoi cela servait.
Au premier exode rural, les gens qui ont investi les appartements n'avaient
jamais vu de balcon. Comment voulez-vous qu'ils sachent à quoi cela sert
d’en avoir un ? Ils auront vite fait de l’assimiler à une sorte de débarras.
A qui la faute ? La responsabilité incombe à ceux qui ont décidé qu'ils
était plus urgent pour les enfants de savoir ce que l’islam interdisait à
la femme et plus important d’apprendre que les non-musulmans rôtiraient
en enfer. Il semblait plus utile pour leur avenir d’intégrer que les hommes
étaient supérieurs aux femmes. Cracher par terre et jeter ses ordures sur la tête
de passants est-il un crime ?» Non, du moment que nous sommes indépendants
et pouvons enfin faire nos besoins où bon nous semble !
M. B.
Il est là le Ramadhan ! Il est là !
SOIT DIT EN PASSANT
06 Juin 2016
رمضان مبارك للجميع
Il est là le Ramadhan ! Il est là !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où un Ramadhan chassant l’autre,
on se réveille en se demandant comment celui de cette année
va se passer par rapport au précédent tout en craignant que,
la chaleur aidant, les âmes ne se liquéfient pour sacrifier à l’ambiance
rituelle. Il y a quelques jours, un chauffeur de taxi, fort sympathique
celui-là, nous racontait aux trois clientes assises à l’arrière et à moi
devant, comment des gens faisant la queue le matin même étaient
prêts à s’entretuer pour de la viande. Etant donné la bousculade
il a pensé que cette dernière était en promotion. Pas du tout !
Les gens se sont rués dessus juste par crainte que son prix
n’augmente à l’approche du mois «sacré». Et pendant que, survoltés,
nous échangions à ce propos, le conducteur a hoché la tête avant de
se demander à combien, si les prix flambaient, celui du mouton
s’élèverait et est-ce que cela valait pour autant la peine d’aller
l’acheter fraîche pour ensuite la congeler chez soi. «En tout cas,
si c’est pour la stocker dans le congélateur, moi, j’irais carrément
l’acheter congelée et moins chère», enchaîna l’une des trois femmes
ravie de la tournure que prenait la conversation. «Ah ! non, rétorqua sa
voisine, qu’est-ce qui te dit que la viande qu’ils nous ramènent est halal ?
Tu les as vus égorger la bête, toi ?» «Je préfère, pour ma part, acheter
peu mais le prendre chez le boucher. Les autres jours peut-être, mais
pas pendant le Ramadhan», trancha la troisième.Le chauffeur et moi
avons échangé un regard entendu tandis que j’arrivais à destination.
Pendant tout le trajet qu’il me restait à finir à pied, je n’ai cessé de me
demander pourquoi «les autres jours peut-être, mais pas pendant le
Ramadhan» ? N’est-ce pas à toute cette hypocrisie collective que nous
devons la faillite mentale dans laquelle les uns et les autres baignent
allègrement ? Même le halal et le haram auraient un temps de prédilection.
Nous aurons sans doute l’occasion de revenir sur certains travers
gratinés qui réapparaissent à chaque fois qu’il est question de donner
du sens et de la valeur au détachement et à l’introspection.
M. B.