A qui profite le «djihad» ?
SOIT DIT EN PASSANT
10 Mai 2016 A qui profite le «djihad» ?
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Malika Boussouf.jpg
[email protected]
Il est des jours comme ça où il m’est impossible de rester indifférente à ce que je lis.
J’avoue avoir tremblé en parcourant l’histoire douloureuse de ce père impuissant,
solitaire et désespéré. Comment ne pas éprouver de l’empathie pour des parents qui
finissent par perdre leur enfant parce que, seuls, ils n’ont rien pu faire et que ceux qui
en ont la capacité et le pouvoir n’ont pas voulu leur tendre la main ?
Ce billet n’a pas pour objet de réécrire la tragique histoire de Azzedine Amimour,
si bien racontée par notre ami Maâmar Farah. Non, l’envie que l’histoire a suscitée en moi,
après m’avoir gardé suspendue aux paroles de Maâmar, tandis qu’il nous contait le calvaire
et la souffrance de son ancien voisin et ami, était de revenir, pour la contester, sur la légèreté
avec laquelle, dans l’Hexagone, on traite l’embrigadement de jeunes gens par Daesh, surtout
lorsque ces derniers sont issus de l’immigration.Un désintérêt ciblé, envers ces jeunes que l’on
regarde s’enfoncer dans une voie avec la mort pour seule issue ? Quand les calculs politiciens
se mettent de la partie, ils deviennent dangereusement responsables de tous les drames ultérieurs.
Ce qui me révolte, c’est que l’on fasse, consciemment, le jeu de sombres barbares qui, eux,
ont sans doute l’avantage de savoir où ils veulent mener le monde. À l’asservissement ou
au chaos ! Et rien ne semble pouvoir les en dissuader. Il devient de plus en plus courant que
de jeunes recrues que l’on a transformées en zombies après un méticuleux lavage de cerveau
aillent en Syrie pour servir de chair à canon. J’ignore si c’est toujours le cas, mais dans celui-là,
ce sont de braves gens qui en font les frais. Lorsqu’un jeune a du mal à trouver sa voie au sein
d’une société sourde à ses attentes, que la famille n’arrive pas à canaliser des dérives qui
s’accumulent et qu’elle n’a pas soupçonnées au départ, pourquoi faudrait-il que ce soit Daesh
qui sache le mieux séduire ? Nous ne sommes pas là en présence d’un jeune en panne de frissons,
mais d’un garçon timide et renfermé en quête de réponses et qui, un jour, au contact bienveillant
d’un recruteur, bascule puis s’égare.
M. B.
Atlas-HD-200 B102 B118
Icone I-5000
ZsFa