Le masque et la plume !
SOIT DIT EN PASSANT
08 Mai 2016Le masque et la plume !
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
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Il est des jours comme ça où l’on éprouve un certain bien-être à se dire
que l’on appartient à une communauté dont le principe directeur n’est,
en tout cas, pas de se planquer pour parler librement.Il est agréable de
constater que sur les réseaux sociaux, tous les journalistes que je connais
publient sous leur vrai nom. Si pas mal d’entre eux ne se montrent pas,
cela ne me contrarie pas. J’admets volontiers qu’ils n’aient pas envie
d’y aller sans filet et je le comprends d’autant mieux que durant les
années sanglantes, beaucoup de confrères ont payé un lourd tribut au
terrorisme islamiste dont l’un des objectifs prioritaires était de décimer
la profession. Les dégâts faits au cœur de la presse sont douloureux
quand on les évoque. Ils justifient, fatalement, que l’on ait, aujourd’hui
encore, des craintes quasi identiques à celles vécues à l’époque où nous
enterrions une part de nous-mêmes avec chaque confrère qui disparaissait.
Personnellement et dès lors que je les connais, je comprends qu’ils ne
veuillent pas être, encore, la cible d’agresseurs potentiels.Il y aurait, sinon,
beaucoup à dire, mais nous y reviendrons, sur ceux qui s’improvisent en
commentateurs spécialisés, pour émettre des inepties et se délecter de
le faire de façon impersonnelle. Les faux profils permettent indéniablement à
leurs concepteurs de jouer aux plus malins. Ils changent d’identité et
démontrent par extension qu’ils n’assument pas ce qu’ils sont devenus.
Vous avez ceux qui n’en manquent pas une, qui ont un avis sur tout et qui,
lorsque l’on s’en débarrasse, vont user de subterfuges, le fameux faux
profil, pour revenir dans la course. Comme s’il était vital d’être partout,
de ne rien rater et surtout, de servir un maximum d’horreurs.
Qui sont donc ces petits futés qui, en découvrant les vertus supposées
de l’anonymat, parlent enfin, prennent du galon par les mots et s’émancipent
des brimades qui leur sont infligées ailleurs ? De preux chevaliers qui
découvrent, un matin, le moyen «idéal» de libérer une parole confisquée
et partent à la conquête d’espaces auxquels ils auraient,
autrement, beaucoupde mal à accéder ?
M. B.
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