La police veille au grain !
SOIT DIT EN PASSANT
17 Avril 2016
La police veille au grain !
malika boussouf
journaliste, écrivaine
Malika Boussouf.jpg
Par Malika Boussouf
[email protected]
Il est des jours comme ça où, en les croisant dans la rue, me revient l’image peu glorieuse de ces flics
qui arrêtent les femmes au volant soit pour tuer le temps, soit pour draguer. L’excuse est vite trouvée
puisqu’elles sont honteusement qualifiées de mauvaises conductrices. Je me suis retrouvée un soir dans
la voiture d’une amie qui ne s’est même pas rendu compte que le policier auquel elle venait de remettre
les papiers de la voiture tenait le permis de conduire à l’envers tout en la sommant de décliner son identité.
N’y tenant plus, je fais remarquer à l’agent que tout est mentionné dans le document entre ses mains.
Il me regarde de travers mais j’insiste et lui conseille de retourner le document pour y lire les renseignements
qu’il veut. C’est là que mon insolence a raison de sa sérénité et que j’ai droit à un «descendez de la voiture, papiers d’identité» !
Un collègue vient à sa rescousse, me fusille du regard et m’arrache presque le sac dans lequel sont rangés mes papiers,
pour bien marquer son hostilité. Là, je comprends définitivement que les deux hommes censés nous porter assistance et
protection sont en train d’abuser de leur autorité. Lorsque je lui demande son matricule parce qu’il refuse de me restituer
mes documents, le ton monte de deux crans. «T’habi l’matricule diali ?» (Tu veux mon matricule ?) «Wach eddiri bih ?»
(Pour en faire quoi ?) «Douk nwarilek l’matricule diali taa essah !» (Je vais te montrer mon vrai matricule).
Soit j’ai bien compris l’allusion, soit j’ai l’esprit mal tourné, mais je trouve le ton d’une telle vulgarité que je me mets
à hurler en le traitant de grossier personnage.Les voitures ralentissent sans s’arrêter bien sûr. Lorsqu‘un troisième homme
s’approche le talkie-walkie à la main, nous devinons que c’est le chef de celui qui nous enquiquine. «Garde les papiers
et laisse-les partir», dit-il solidaire en tripatouillant son talkie. Lorsque je propose de récupérer mes papiers à la DGSN
auprès de la commissaire chargée des violences faites aux femmes, ils ne savent pas qu’elle existe.
Je menace de déposer plainte et, aussitôt, les trois reprennent leurs esprits et nous libèrent.
M. B.
Atlas-HD-200 B102 B118
Icone I-5000
ZsFa