Une mosquée pour loger les fidèles
SOIT DIT EN PASSANT
27 Avril 2016
Une mosquée pour loger les fidèles
malika boussouf
journaliste, écrivaine
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Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où, le fait de détourner le regard de cet ailleurs,
peuplé de réfugiés ou même de s’offusquer devant ces ombres humaines
qui s’accrochent à la fameuse «jungle de Calais», m’incite à dire que balayer
devant chez soi, c’est bien aussi. Parce que des bidonvilles et autres
baraquements improvisés, ce n’est pas ce qui manque chez nous.
Faute de parer à l’impressionnant exode rural qui a surpeuplé Alger durant
les années 90 et loger tous ceux qui, fuyant les violences terroristes,
sont venus s’implanter aux portes de la capitale, on a laissé faire en
se promettant, sans doute, de remettre de l’ordre dans tout ce bazar,
le calme une fois revenu. Et pendant que l’on fraternisait avec les maquis
et que l’on rétribuait leurs occupants pour leur engagement en faveur de
la «paix» retrouvée, des habitations de fortune ont poussé plus vite que
la décision d’y mettre un terme et se sont imposées dans une espèce
de consensus ambiant, avec la bénédiction d’autorités locales dépassées par
le phénomène. Et voilà que depuis bientôt trois décennies, on ferme
les yeux sur ce qui militerait en faveur d’une consolidation de la réconciliation
nationale.Au vu des sommes colossales à investir pour loger tout le monde et
au rythme auquel la construction de cités-ghettos progresse, il s’avère de
plus en plus impossible de caser toutes les familles. Une fois bien ou
mal installé dans la proche banlieue, personne ne veut plus en déloger
Les petites villes de l’intérieur se vident à un rythme effarant, tandis que
tous ceux qui ont renoncé à s’y sédentariser pensent, dur comme fer, que
la solution est nulle part ailleurs qu’à Alger.S’il faut s’interdire de blâmer
le fait que ces derniers aient tout abandonné pour courir à la ville, on peut,
par contre, se demander pourquoi aucun responsable n’a eu l’idée
géniale de sauver la campagne et l’agriculture en stabilisant les gens
chez eux ? Il fut un temps où ruer dans les brancards avait peu d’impact
sur les décisions prises, assurait-on, dans l’intérêt de tous. Et aujourd’hui
alors ? Combien de logements a-t-on sacrifiés pour une seule mosquée ?
. M. B.
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