Maintenant, c’est plus la rue du Dr Trolard !

SOIT DIT EN PASSANT
22 Octobre 2016

Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine


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Il est des jours comme ça où, parce que je passe par là et
parce qu’un lecteur m’a, quelques semaines auparavant,
demandé d’en parler, je me rends compte que je n’en connais
pas le nom algérien. Il faut dire que je n’ai jamais entendu
quelqu’un l’appeler autrement. Ce jour-là, alors que je traînais
les pieds sur les trottoirs encombrés, je me suis souvenue du
joli quartier que c’était à l’époque où cette rue donnait accès
à un petit restaurant, «La Mère Michèle», où nous aimions
nous retrouver entre copains. Je me souviens, aussi, qu’à
l’entrée de la rue, il y avait une cité universitaire réservée aux
étudiants en couple. Et comme j’avais, aussi, des amis de
lycée qui habitaient les parages, je peux témoigner qu’à
l’époque, le comportement des riverains était autre. Ils
n’étaient pas aussi indifférents à l’image que les lieux
pouvaient renvoyer aux passants. L’état de délabrement
avancé dans lequel se trouve la rue Mokhtar-Abdellatif, plus
connue sous le nom de rue Docteur Trolard, et l’état de
décrépitude du quartier renseignent sur le désintérêt de ses
habitués à son égard. Plus haut que le pharmacien et tout
au bas d’un escalier qui n’a plus rien de majestueux, une
décharge dont ni la proximité ni les effets ne dérangent
personne. Le lecteur qui m’a sollicitée n’a, à vrai dire, pas
mentionné cela. Il m’a parlé de «l’appropriation sauvage
d’espaces de parking» qui empêchent les riverains de garer
leurs véhicules. Sauf que cela n’est pas spécifique à Trolard.
A l’exception des grandes artères, là où le regard des pouvoirs
publics est intraitable sur la question, partout ailleurs, des
gérants de magasins agrandissent leur espace en squattant le
trottoir voisin. Ils plantent des piquets, cadenassent, installent
cageots ou blocs de parpaing pour marquer l’exclusivité des
lieux et comme la puissance publique est totalement absente
à ces endroits, le provisoire illégal se transforme vite en fait
accompli. Le marchand vous affirmera, sans sourciller, qu’il est
dans son droit. Comment détourner son attention de cette
clochardisation à laquelle on participe même sans le vouloir ?

M. B.