Quoi ? 2 000 produits en moins ?
Quoi ? 2 000 produits en moins ?
SOIT DIT EN PASSANT
20 Septembre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
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Il est des jours comme ça où, à la seule idée que nous devrons bientôt
rediscuter l’ordre de nos besoins, parce que nous n’aurons plus
autant de choix qu’aujourd’hui, il y en a qui pourraient se demander
ce qu’ils vont bien pouvoir faire de leurs économies. Je ne parle pas de
ceux qui ont pris le soin de mettre leur bas de laine à l’abri, mais
de ceux qui, pour se donner l’illusion qu’ils peuvent tout se permettre,
dépensent de façon irréfléchie.Remarquez, la crise et le fait que l’on
mette à la marge beaucoup de produits aideront peut-être le
consommateur algérien à revoir à la baisse la liste de ses besoins, à
rééduquer ses appétits et, surtout, à établir des priorités dans ses dépenses.
Je le dis comme ça en même temps que me revient en mémoire ce temps
où l’Etat contrôlait de près la satisfaction des appétits collectifs et
individuels, et où l’on considérait comme un grand privilège de
compter parmi ses connaissances le planton de tel ou autre
Souk-El-Fellah. Et il y avait aussi ces arrière-boutiques d’où s’échappait
une grande partie des produits au profit de généreux professionnels
de la revente. Comment composeront avec cette obsession du manque ceux
qui ont connu et vaillamment traversé la période des pénuries à répétition ?
C’est vrai que le pays achète tout et n’importe quoi, mais je n’arrive pas à
imaginer que 2 000 produits à bannir des importations ne pèseront pas sur
la frustration d’Algériens qui, avec les années, se sont transformés en
acheteurs compulsifs. Jusqu’où poussera-t-on les coupes pour équilibrer
les dépenses ? Qu’a-t-on fait de tout l’argent engrangé ces dernières années
avant que tout ne fonde comme neige au soleil ? En Algérie, si on n’aime
pas trop se la fouler, on ne répugne, par contre, pas à recourir au système
D. Le trabendo a fleuri avec la bénédiction des pouvoirs publics qui
continuent d’estimer, à son propos, qu’il contribue, en partie, à absorber
les effets du chômage. Que vont, donc, devenir les trabendistes ? A-t-on
seulement fait l’inventaire des incontournables et étudié les tendances
de l’Algérien nouveau avant de revoir la nature de ses exigences ?
M. B.
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