Aboubakr Belkaïd ! 21 ans ! Déjà !
SOIT DIT EN PASSANT
28 Septembre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
Aujourd’hui, 28 septembre, c’est le 21e anniversaire de son assassinat !
C’est hallucinant comme le temps passe vite ! Les faits à l’origine de
la maudite décennie qui nous a ensanglantés sont, eux, encore là.
Moches et arrogants ! Je me souviens que j’étais en déplacement à Paris
pour la promotion d’un livre, quand Juliana Sgrena, ma consœur,
ex-otage en Irak, du quotidien italien Il Manifesto, m’a annoncé la terrible
nouvelle et faxé, tandis que je refusais de le croire, la dépêche de l’AFP
qui faisait état de la tragique disparition. Elle le connaissait bien
et lui aimait ses convictions autant qu’il appréciait sa démarche amicale
à l’égard d’un pays meurtri et, malgré tout, mis à l’écart.L’ami intime du
président Boudiaf, éliminé, lui, trois années auparavant, sous les feux
des projecteurs, venait de subir le même sort. Même combat, même fin
tragique ! Il sortait d’une réunion d’anciens membres de la Fédération
de France du FLN quand, dit-on, de jeunes recrues du GIA lui ont tiré
dessus.Ce billet n’a pas vocation à accréditer ou à dénigrer l’information
telle qu’elle a été livrée à l’opinion publique, mais juste à dire que
le chef de file des démocrates qu’il était appartenait à cette race de
seigneurs dont l’Algérie a été brutalement amputée. Il savait qu’il
jouait sa tête en s’exposant comme il le faisait et répliquait toujours,
à ceux qui lui reprochaient de prendre plaisir à prolonger la conversation
sur le pas de sa porte, que lorsque l’on déciderait de lui faire la peau,
on saurait où le trouver.Est-ce à dire qu’il se doutait d’où viendrait
le coup fatal ? Ils survivent à la guerre de Libération, dont on sait après
quelle fureur elle a été gagnée, pour tomber, 35 ans après, sous les
balles de sombres individus. Il est, décidément, des questions qui
s’entêtent à rester en suspens. Souvent, je pense à celles et ceux qui, en
disparaissant, ont permis au mal de triompher du bien.
Avec cette pléiade de têtes pleinement engagées, le pays se porterait
autrement. Mais n’est-ce pas que cela arrange les affaires de ceux qui,
déjà à l’époque, ne pensaient qu’à en faire ?
M. B.