Abandonnés et solitaires !
Abandonnés et solitaires !
SOIT DIT EN PASSANT
19 Septembre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
[email protected]
Il est des jours comme ça où, à des moments plus qu’à d’autres
et alors que la ville empeste le mouton en voie d’extinction, on se
dit qu’il n’est pas question de se montrer délicat à l’égard de ceux
qui mettent en marge les aînés de la famille et les coupent d’un
monde, peut-être bancal, mais qui n’en demeure pas moins celui
d’une raison de vivre essentielle. Oui, je sais qu’en général, on
n’aime pas trop s’entendre reprocher un comportement en rupture
avec ce culte des aînés propre à des sociétés comme la nôtre. J’ai
déjà eu à parler de cette facilité déconcertante avec laquelle on se
sent de plus en plus apte à abandonner ses proches quand leur
prise en charge embarrasse la belle- fille, le beau-fils ou les enfants
qui se réveillent un matin délestés de cette gêne qui les empêchait,
jusque-là, de les confier à des centres destinés à abriter les
abandonnés.Je me réjouis de ne pas avoir dans la famille un vieux
ou une vieille qui soit victime d’un tel traitement. Il faut dire que,
aujourd’hui, les valeurs qui interdisaient pareil comportement sont
évoquées avec plus de légèreté. Et pourtant ! Qui pourrait jurer être
à l’abri d’un tel renoncement ? Je n’appelle pas ces endroits «asiles»
mais «dépotoirs» pour parents abandonnés. Il ne faut pas hésiter à
le dire en ces termes. Peut-être qu’appuyer là où ça peut faire mal
aidera à se détourner de l’individualisme qui commande, parfois, les
rapports familiaux ? Car qu’est-ce qui fait que l’on renonce plus
volontiers à son père, à sa mère, à ses grands-parents devenus
encombrants une fois leur devoir accompli ? Il m’est arrivé de regarder
ceux que l’on a fourgués aux autres, désespérés de revoir un jour leur progéniture, et de me demander comment on a fait pour en arriver là !
L’objet de ce billet n’est pas de jouer les moralisatrices, mais de dire
combien les distances que mettent les gens entre eux, sans
s’apercevoir des dégâts que cela produit, sont terrifiantes. En dehors
de ceux qui préfèrent adopter des chiens et des chats, il y en a
beaucoup qui, dans les sociétés occidentales, ont divorcé avec le genre humain. Chez nous, on y va allègrement.
M. B.
Quoi ? 2 000 produits en moins ?
Quoi ? 2 000 produits en moins ?
SOIT DIT EN PASSANT
20 Septembre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
[email protected]
Il est des jours comme ça où, à la seule idée que nous devrons bientôt
rediscuter l’ordre de nos besoins, parce que nous n’aurons plus
autant de choix qu’aujourd’hui, il y en a qui pourraient se demander
ce qu’ils vont bien pouvoir faire de leurs économies. Je ne parle pas de
ceux qui ont pris le soin de mettre leur bas de laine à l’abri, mais
de ceux qui, pour se donner l’illusion qu’ils peuvent tout se permettre,
dépensent de façon irréfléchie.Remarquez, la crise et le fait que l’on
mette à la marge beaucoup de produits aideront peut-être le
consommateur algérien à revoir à la baisse la liste de ses besoins, à
rééduquer ses appétits et, surtout, à établir des priorités dans ses dépenses.
Je le dis comme ça en même temps que me revient en mémoire ce temps
où l’Etat contrôlait de près la satisfaction des appétits collectifs et
individuels, et où l’on considérait comme un grand privilège de
compter parmi ses connaissances le planton de tel ou autre
Souk-El-Fellah. Et il y avait aussi ces arrière-boutiques d’où s’échappait
une grande partie des produits au profit de généreux professionnels
de la revente. Comment composeront avec cette obsession du manque ceux
qui ont connu et vaillamment traversé la période des pénuries à répétition ?
C’est vrai que le pays achète tout et n’importe quoi, mais je n’arrive pas à
imaginer que 2 000 produits à bannir des importations ne pèseront pas sur
la frustration d’Algériens qui, avec les années, se sont transformés en
acheteurs compulsifs. Jusqu’où poussera-t-on les coupes pour équilibrer
les dépenses ? Qu’a-t-on fait de tout l’argent engrangé ces dernières années
avant que tout ne fonde comme neige au soleil ? En Algérie, si on n’aime
pas trop se la fouler, on ne répugne, par contre, pas à recourir au système
D. Le trabendo a fleuri avec la bénédiction des pouvoirs publics qui
continuent d’estimer, à son propos, qu’il contribue, en partie, à absorber
les effets du chômage. Que vont, donc, devenir les trabendistes ? A-t-on
seulement fait l’inventaire des incontournables et étudié les tendances
de l’Algérien nouveau avant de revoir la nature de ses exigences ?
M. B.
Se naturaliser pour rêver autrement !
Se naturaliser pour rêver autrement !
SOIT DIT EN PASSANT
21 Septembre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
[email protected]
Il est des jours comme ça où, à trop vouloir faire l’inventaire de ses priorités,
on s’aperçoit que celle de milliers d’Algériens est de réclamer et d’obtenir
la nationalité française. J’ai parcouru, il y a moins d’une semaine, un article
estimant à plus de 17 000 le nombre de compatriotes qui l’ont obtenue l’an
dernier. Moins que certaines années et plus que d’autres, mais c’est assez
pour ne pas laisser indifférent.L’objet de ce billet n’est pas de fustiger
qui que ce soit. Pourquoi ne serait-on pas libre d’aller voir ailleurs si l’herbe
est plus verte que chez soi avant de s’y implanter ?Ce qui interpelle, par
contre, forcément, ce sont les raisons qui font que l’on décide d’évoluer
sous d’autres cieux, d’adopter et d’obéir à d’autres règles de vie.Recouvrer
une nationalité par la réintégration pour les personnes nées avant 1962,
faire des pieds et des mains pour établir une filiation, un lien de
parenté direct ou demander à être naturalisé sont trois comportements
différents qui induisent des démarches distinctes. A l’origine, pourtant,
de ces trois conduites, un point commun que l’on évoque toujours
pour justifier la démarche : la sécurité au sens large du terme. Une fois
qu’elle a fait le tour des possibilités de s’épanouir qui lui sont offertes,
la majorité des postulants, constituée de personnes qui ont renoncé
à leurs espoirs algériens pour aller se construire une autre vie, tente
de décrocher le sésame pour un avenir plus prometteur. Beaucoup
d’entre nous qui se posent en directeurs de conscience vont vite mettre
ça sur le compte d’un abandon de culture, d’un rejet de ce qui est légué
par les aînés au bénéfice d’une culture occidentale, et donc décadente
comme tout ce qui vient d’ailleurs.L’ancien ennemi suscite des chorégraphies aux élans passionnés, inspirées par une histoire commune.
Quand l’un confisque les libertés et les espoirs de son peuple, l’autre ne
veut rien laisser au hasard et suggère que la Marseillaise chantée aussi
dans la langue des signes met un terme à une pédagogie de l’ignorance
et permet à toute une nation de communier autour de valeurs républicaines.
M. B.
Aboubakr Belkaïd ! 21 ans ! Déjà !
Aboubakr Belkaïd ! 21 ans ! Déjà !
SOIT DIT EN PASSANT
28 Septembre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
Aujourd’hui, 28 septembre, c’est le 21e anniversaire de son assassinat !
C’est hallucinant comme le temps passe vite ! Les faits à l’origine de
la maudite décennie qui nous a ensanglantés sont, eux, encore là.
Moches et arrogants ! Je me souviens que j’étais en déplacement à Paris
pour la promotion d’un livre, quand Juliana Sgrena, ma consœur,
ex-otage en Irak, du quotidien italien Il Manifesto, m’a annoncé la terrible
nouvelle et faxé, tandis que je refusais de le croire, la dépêche de l’AFP
qui faisait état de la tragique disparition. Elle le connaissait bien
et lui aimait ses convictions autant qu’il appréciait sa démarche amicale
à l’égard d’un pays meurtri et, malgré tout, mis à l’écart.L’ami intime du
président Boudiaf, éliminé, lui, trois années auparavant, sous les feux
des projecteurs, venait de subir le même sort. Même combat, même fin
tragique ! Il sortait d’une réunion d’anciens membres de la Fédération
de France du FLN quand, dit-on, de jeunes recrues du GIA lui ont tiré
dessus.Ce billet n’a pas vocation à accréditer ou à dénigrer l’information
telle qu’elle a été livrée à l’opinion publique, mais juste à dire que
le chef de file des démocrates qu’il était appartenait à cette race de
seigneurs dont l’Algérie a été brutalement amputée. Il savait qu’il
jouait sa tête en s’exposant comme il le faisait et répliquait toujours,
à ceux qui lui reprochaient de prendre plaisir à prolonger la conversation
sur le pas de sa porte, que lorsque l’on déciderait de lui faire la peau,
on saurait où le trouver.Est-ce à dire qu’il se doutait d’où viendrait
le coup fatal ? Ils survivent à la guerre de Libération, dont on sait après
quelle fureur elle a été gagnée, pour tomber, 35 ans après, sous les
balles de sombres individus. Il est, décidément, des questions qui
s’entêtent à rester en suspens. Souvent, je pense à celles et ceux qui, en
disparaissant, ont permis au mal de triompher du bien.
Avec cette pléiade de têtes pleinement engagées, le pays se porterait
autrement. Mais n’est-ce pas que cela arrange les affaires de ceux qui,
déjà à l’époque, ne pensaient qu’à en faire ?
M. B.
Cette réalité qui rend amer !
Cette réalité qui rend amer !
SOIT DIT EN PASSANT
06 Octobre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
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Il est des jours comme ça où lorsque l’on parle d’honorer les victimes
du terrorisme, on se doute bien que cela ne laissera pas indifférent.
Le courrier que je propose de partager ici est émouvant quand il parle
de «douleur qui n’est ressentie que par celui qui porte la blessure».
«C’est nous tous, enfants du peuple persécuté, qui sommes responsables
de notre malheur, suscité par une politique arbitraire depuis
les premiers jours de l’indépendance nationale et qui s’est pérennisé à
ce jour. Par peur et par lâcheté, par égoïsme et pour la carrière
professionnelle, pour le pain des enfants, par commodité et l’incurie
aidant, nous avons laissé faire les imposteurs, les indus, les
incultes, les collabos du colonialisme français et même les étrangers
qui sont aux postes stratégiques et de décisions du pays. Les
fraudeurs qui ont dénaturé l’Algérie et falsifié jusqu’aux fondements
ancestraux. nationaux pour la quiétude des pilleurs des richesses
nationales, de ce système… qui profite à sa seule caste. Un système
érigé sur les cendres des meilleurs enfants de l’Algérie, de ceux qui se
sont sacrifiés pour elle, que l’on a dépossédés de leur héroïsme et dont
on a trahi le serment… Nous ne sommes pas les dignes héritiers de
ces martyrs, de ceux qui sont tombés pour l’indépendance nationale,
pour la liberté et la défense de la République. Vous aimeriez rendre
hommage aux victimes du terrorisme ? Mais vous êtes naïve ou bien
crédule ! Ce qui est inimaginable. Regardez autour de vous, Madame.
Si le FIS est interdit, ses dogmes sectaires et misogynes, son
idéologie ténébreuse et destructrice sont ressuscités par la politique
ambiante et illégitime. Depuis 54 années, toutes les régences qui se
sont succédé à la tête de l’Etat s’accrochent aux jupons de la France et
font du plagiat néfaste importé de ce pays. Une façon de dire, que
l’Algérie ramasse toujours et encore les poubelles de l’ex-colonisateur
… » Pardonnez-moi, cher Monsieur, d’avoir osé quelques coupes là où
votre texte était, à mon sens, injustement violent.Cela ne veut pas dire
que votre colère et votre amertume ne sont pas très fortement partagées.
M. B.
À la ville mieux qu’à la campagne !
À la ville mieux qu’à la campagne !
SOIT DIT EN PASSANT
13 Octobre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
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Il est des jours comme ça où je me dis que s’il fallait reconnaître une
prouesse à Bouteflika et à son clan, ce serait celle d’avoir réussi à
rester sourds à ce qui se passe autour d’eux. Ce nivellement par le bas
qu’ils ont entrepris bien mieux que leurs prédécesseurs, depuis 15 ans,
ne manque jamais de montrer son impact sur le quotidien des uns et
des autres. L’exode rural qu’aucune autorité ne semble pouvoir apaiser
a propulsé les gens de là où personne ne les voyait ni ne s’en inquiétait
sur le devant de la scène à tous points de vue. On dit, souvent, que les
gens de l’intérieur, ceux qui auraient pu continuer à travailler la terre,
ne veulent plus le faire. La Révolution agraire, dont on aurait aimé
qu’elle se montre plus généreuse avec le monde agricole, en a fait fuir
une belle majorité qui, épuisée par des promesses non tenues, s’est
ruée vers les grandes villes, essentiellement la capitale, histoire de
s’y construire un autre avenir. Alger s’est, ainsi, ruralisée, ce qui
a vite transpiré sur le comportement de ses habitants. Ce ne sont pas
les nouveaux arrivants qui s’intègrent et apprivoisent la vie citadine.
C’est le contraire qui se passe. Ce sont les citadins qui épousent les
comportements nouveaux. Le contenu des chapiteaux plantés çà et
là au cœur de la capitale et dont je parlais il y a quelques mois fait
foi, en est un exemple. Quant à la capacité du pouvoir à créer la
surprise, il faut se calmer là-dessus parce qu’il n’envisage même pas
de le faire. Il se trouvera toujours quelques démagogues d’une gauche
populiste et menteuse qui se féliciteront de ce que d’aucuns vivront
comme une régression, pour des besoins électoralistes mais aussi
parce qu’elle ne sait pas faire autrement. Habiter Alger est un pas
important vers ce que l’on considère comme le premier vers une
promotion sociale assurée. Il n’y a qu’à voir comment prennent
part à la décision certains députés qui oublient vite d’où ils
viennent et les attentes des concitoyens dont ils sont censés dire
les attentes et porter la parole. Ils agressent, parfois, le regard, mais
ils réussissent mieux que beaucoup leur ascension.
M. B.
Le patrimoine, c’est quoi ?
Le patrimoine, c’est quoi ?
SOIT DIT EN PASSANT
20 Octobre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
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Il est des jours comme ça où l’on réalise qu’il y a belle lurette
que l’on a rompu avec la surprise et l’étonnement.Par contre,
il n’y a pas besoin de faire de grands efforts pour être stupéfait
par certains comportements. C’est quoi le patrimoine ? De
grands édifices comme l’hôtel El-Aurassi, Riadh El-Feth ou
cette petite baraque sans prétention, nichée au fond d’un bois ?
Est-ce que restaurer des petites maisons forestières pour faire
revivre cette sensation de ne pas couper le cordon
ombilical avec le patrimoine, c’est cela militer en faveur d’une
protection de celui qui restitue, à la mémoire, les lustres
d’antan ? Sans aucun doute que c’est aussi cela ! Il n’est pas un
seul jour où en longeant les rues d’Alger la Blanche, ce n’est pas
un hasard si on l’appelle ainsi, l’on ne découvre pas, en levant
la tête, un pan de son histoire, à présent rudoyé. Ne pas avoir,
dans son ADN, un penchant pour la destruction tient,
aujourd’hui, du fait miraculeux. Il faut dire que l’on se garde de
plus en plus d’évoquer ces travers ou ces mauvais exemples qui
inspirent un comportement que tout le monde dénigre ou,
au contraire, porte aux nues. Je me souviens de ce qui se
racontait à propos de l’un de nos ministres de l’Intérieur. Il avait
fait enlever des piliers de ruines romaines juste pour en décorer
sa maison et en mettre plein la vue à ses fréquentations. Je
n’ai jamais vraiment compris pourquoi certains individus
éprouvaient le besoin d’impressionner leur entourage ou de
donner l’illusion d’une élévation par rapport aux autres dans l’échelle
sociale. ça confère peut-être, je ne sais pas, je n’ai jamais pensé
à dévaster des ruines d’éléments qui renseignent sur une organisation
socio-économique et culturelle qui a fait les beaux ou mauvais
jours de siècles qui ont participé à la construction de l’Algérie
avant notre ère. Il y en a beaucoup qui n’éprouvent aucune
gêne à s’inventer des origines et un raffinement qu’ils n’ont pas.
Beaucoup pensent que l’on ne peut pas être acteur de sa propre vie
si l’on ne s’assoit pas sur l’histoire des autres. Au fait, c’était quoi le
sujet ? C’était agréable de dériver.
M. B.