A la une/Actualité
le 20-03-2015 17:49
L'auteur de "Meursault, contre-enquête" fait l'actualité
Kamel Daoud, Plantu et "Libération"
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En l'espace de deux jours le finaliste du prix Goncourt 2014, Kamel Daoud, s’est distingué par trois « sorties ». La première c'était jeudi, sur les colonnes du quotidien français Libération. Il s’est retrouvé « Rédacteur en chef d’un jour » à l’occasion d’un numéro spécial « Libé des écrivains ». Le lendemain il est au programme du Salon du Livre de Paris, où il va animer un débat sur la liberté d'expression aux côtés du dessinateur du Monde, Plantu. L’occasion de donner des interviews aux journalistes présents,dans lesquelles il revenait sur le fanatisme, l’islamisme, et les menaces de mort qu’il avait subit il y a quelques mois.
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Pour sa mission dans « Libé », Kamel Daoud, en compagnie de plusieurs autres écrivains, dont le Yéménite Ali al-Muqri et la franco-marocaine, Leila Slimani, a collaboré pour l’édition de jeudi. Dans l’article qu’il a signé, intitulé « du « Dégage ! » au carnage », il aborde l’actualité macabre en Tunisie avec l’attentat meurtrier contre le musée du Bardot à Tunis. « Mais elle l’est aussi pour les pays du Maghreb en général: à l’Ouest, les régimes algérien et marocain vont se retrouver confortés dans leurs positions statiques et consacrent leur formule fourbe : le changement signifie le désordre et le désordre fait peur aux populations et aux alliées » écrit-il.
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Il ne manquera pas de donner ses prédictions pour l’avenir, à court terme, de la Tunisie « son Etat est obligé de recourir à la «benalisation» sécuritaire pour survivre face à la menace jihadiste. Le tout-sécuritaire va imposer sa loi au jeu fragile de la démocratie ».
Au salon du livre de Paris, il animera dans moins d'une heure un débat aux côtés de Plantu. Un des journalistes de l'AFP l'a accosté pour une interview dans laquelle le journaliste-écrivain s'est étalé, entre autres, sur la fatwa de Hamadache. L'occasion de critiquer l'inaction de la justice algérienne face aux menaces qu'il avait subit "J'ai déposé plainte contre cet islamiste, ce salafiste, mais rien n'a été fait jusqu'à maintenant et nous entamons le quatrième mois. Entre un accord, au nom de la réconciliation avec les islamistes, et moi, le choix était vite fait. La fatwa date du 16 décembre et j'ai déposé plainte le lendemain. Or, aucune action n'a été déclenchée. Ce salafiste a répété ses menaces sur des télévisions dites privées en Algérie. Il n'a pas du tout été inquiété. A Alger, quand des démocrates manifestent la police descend par milliers, mais lorsqu'il s'agit d'islamistes ils ne sont pas inquiétés." indique-t-il. Concernant la situation dans le pays Kamel Daoud utilisera le terme de "Pakistanisation" de l'Algérie en précisant qu'"une classe dominante contrôle l'économie et on laisse la rue, la morale sociale aux islamistes, qui font ce qu'ils veulent".
Pour le combat contre l'islamisme, le combat est, selon lui, sur les terrains de l'école et de la culture. Il accuse ainsi l'Arabie Saoudite et de certains autres pays du Moyen-Orient de financer les chaînes satellitaires et les livres des islamistes "L'enjeu est sécuritaire, certes, mais il est surtout culturel pour éviter que des gens basculent dans l'islamisme. Avec dix chaînes, peut-on peser face à un empire de mille chaînes qui inondent les banlieues de l'Europe et le monde arabe sans pratiquement aucun contrôle?" précise-t-il et d'ajouter "Dans le monde arabe, la faillite philosophique est immense".
Salim KOUDIL
A la une/Actualité
Education
Le CNAPESTE et le ministère trouvent un terrain d'entente
Les cours reprendront dimanche prochain
La grève dans l’éducation est finie. L’annonce a été faite hier soir par le Cnapeste (Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation)
sur son site web officiel.
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L’accord a été trouvé lors de la réunion « d’urgence » déclenchée par le ministère de l’éducation nationale à laquelle a été convoqué, jeudi, le Syndicat des enseignants. Le département de Nouria Benghebrit, dans un communiqué publié dans la soirée d’hier, et repris par l'APS, a indiqué que « les différentes parties sont arrivées à un accord portant promotion des enseignants au grade supérieur dans les conditions définies par les dispositions statutaires avec une mise en oeuvre qui concernera le personnel enseignant. Cette opération de promotion s'échelonnera jusqu'à juin 2017 ». Ainsi, sauf surprise de dernière minute, les cours reprendront dès dimanche prochain. la même source indiqué que "cet accord fait suite aux différentes réunions tenues au siège du ministère de l'éducation nationale avec les syndicats agréés auprès du secteur de l'éducation, dans la continuité des négociations entamées depuis le 8 février 2015, après que l'administration centrale ait réalisé l'évaluation de la situation globale des postes budgétaires en déterminant ceux ouvrant droit dans la promotion dans les grades de professeur principal et professeur formateur et ce, en conformité avec les dispositions statutaires et celles relatives à la réglementation en vigueur".
En ce qui concerne les personnes occupant des postes en voie d'extinction, "il a été arrêté des mesures supplémentaires en complément à l'instruction N°11 du 22 septembre 2014, complétant l'instruction N°04 du 6 juillet 2014 portant mesures d'application du décret 12/240 du 29 mai 2012, portant statut particulier des personnels spécifiques à l'éducation nationale", ajoute l'APS en reprenant le communiqué du ministère.
Le Cnapeste a publié sur son site, en plus de l’annonce de la fin de la grève, a publié le procès verbal de la réunion entre les deux parties. Le ministère de l'éducation nationale était représenté par 6 personnes, emmenées par l'inspecteur général du département, Mesguem Nedjadi . Dans ce conclave le syndicat était présent avec 10 personnes, à leur tête le le coordinateur national du CNAPESTE, Larbi Nouar.
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Première page du PV de la réunion entre le ministère et le Cnapeste
Le ministère de l'éducation nationale, qui a pourtant opté pour des cours par CD, semble encore oublier que sur le plan communication les données ont changé depuis longtemps. Il s'est contenté ainsi d'un simple fax pour envoyer son communiqué, alors qu'en face, le Cnapeste, avec beaucoup moins de moyens, était plus "in", en utilisant son site comme support. D'ailleurs presque 24 heures après l'accord, le site du département de Nouria Benghebrit, ne mentionnait toujours pas l'information, pourtant primordiale après tout ce qui s'est passé dernièrement.
19 mars 1962
la fin de la domination coloniale n’inaugure pas l’ère de la liberté.
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La délégation du FLN aux accords d'Evian
De toute évidence, l’éloignement des positions –une autonomie interne assortie de mesures restrictives et une reconnaissance préalable de l’indépendance de l’Algérie –renvoie le règlement du conflit aux calendes grecques. En tout cas, quoi que l’on puisse épiloguer sur le courage des politiques français, sous la IVeme République, le dernier mot revient au lobby colonial. Dans une étude fort documentée, l’éminent historien, Charles Robert Ageron, résume la politique de Guy Mollet comme suit : « l’ordre de la main droite et la négociation de la main gauche. » Du coup, « l’affirmation de Ben Bella selon laquelle on était en octobre 1956 très près d’un accord identique à celui qui serait conclu 5 ans et demi après, à Evian », ne tient pas la route.Quoi qu’il en soit, bien que chaque acteur aille de sa propre version, la réalité est sans concession. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les vraies négociations ne commencent qu’après la reprise en main de l’institution militaire par le général de Gaulle. D’après Charles Robert Agreon, en reprenant la formule du général Delavignette, « si l’Algérie n’était pas la dernière chance de la France, pour beaucoup d’officiers elle était à coup sûr la dernière chance de l’armée française. » En tout état de cause, bien que le général de Gaulle réussisse à rappeler, en décembre 1959, le plus représentatif de la ligne dure, en l’occurrence le général Jacques Massu, il ne se précipite pas, pour autant, à ouvrir les négociations. Et quand il s’engage dans cette voie, comme c’est le cas à partir de juin 1960, son intransigeance répond, selon Charles Robert Ageron, à une stratégie bien réfléchie. Selon l’éminent historien, « de Gaulle dut durcir le ton, rassurer l’armée et, par exemple, rendre inopérante la rencontre de Melun. La réponse est pourtant claire : les pourparlers de Melun n’ont pas été engagés en juin 1960 pour réussir, mais pour échouer. »Cependant, après le référendum du 8 janvier 1961, où les Français de métropole donnent le blanc-seing à la politique du général de Gaulle, le processus de négociation s’accélère. En dépit des velléités du général de Gaulle de choisir ses propres interlocuteurs –en misant notamment sur la création d’une troisième force –, il se résout finalement à négocier avec le véritable représentant du peuple algérien, le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne). Et, qui plus est, après la fin du chantage sur l’appartenance du Sahara à l’Algérie, le conflit franco-algérien se dénoue. En revanche, bien que les objectifs de la révolution soient atteints –l’indépendance politique et économique de l’Algérie –, les antirévolutionnaires montent au créneau. En fait, au moment où les négociateurs algériens se démènent pour arracher davantage de concessions à la France, Houari Boumediene et ses amis manœuvrent dans les coulisses en vue de priver le peuple algérien de sa victoire. En s’opposant aux accords de paix et ne voulant pas intégrer l’intérieur du pays pour se battre, ils affûtent leurs armes pour l’unique bataille qui a un sens à leurs yeux : la prise du pouvoir. Résultat des courses : les Algériens perdent leur indépendance avant même d’en avoir savouré le gout.Enfin, malgré leur discours anticolonialiste, les putschistes ne dirigent pas leur action contre l’ancienne puissance coloniale, mais contre le peuple algérien. « Quant au second pari, celui d’une coopération entre États, qui allait se développer et se préciser par quelque 72 accords ou conventions particulières de 1962 à 1969 inclus, on ne peut pas dire avec le recul de l’histoire qu’il ait été perdu. Le fait d’avoir réussi, au sortir d’une langue guerre meurtrière, non seulement à se réconcilier, mais à considérer l’ennemi d’hier comme le partenaire privilégié d’aujourd’hui et de demain, devrait même être reconnu comme un succès diplomatique », conclut l’éminent historien. Mais, là où le bât blesse, c’est que les véritables représentants du peuple algérien ont été écartés sous prétexte fallacieux de vouloir un rapprochement avec la France. Cela prouve, si besoin est, que les vainqueurs de la crise de l’été 1962 ne sont pas aussi nationalistes qu’on a voulu nous le faire croire.Boubekeur Ait Benali
La Tunisie face à la menace Daesh
le 20.03.15 | 10h00
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L’Organisation de l’Etat islamique (EI) a revendiqué hier l’attaque contre le musée du Bardo de Tunis, dont le bilan s’est encore alourdi. Fragilisé, le pays tente de résister.
Les sirènes des ambulances se sont tues. Tunis bruisse désormais au son des débats de ses habitants. La capitale agitée aux alentours du musée du Bardo et de l’Avenue Habib Bourguiba a retrouvé un calme précaire. Mercredi après-midi, alors que l’évacuation se terminait et que les forces antiterroristes quittaient les lieux du drame, près d’une centaine de personnes se rassemblent, curieuses et inquiètes après l’attaque.
Pas de slogans, seulement une manifestation spontanée, des personnes du quartier et d’autres venues de plus loin après avoir suivi l’évacuation à la télévision nationale. Une heure et demie plus tard, toutes les personnes rassemblées sont évacuées par les forces de l’ordre de la rue Mongi Slim qui mène au musée du Bardo.
C’est au centre de Tunis, avenue Habib Bourguiba, que d’autres rassemblements convergent en fin d’après-midi à l’appel, cette fois-ci, de différentes organisations comme l’UGTT ou le Forum Social Mondial, qui se tiendra à Tunis du 24 au 28 mars prochain. Face au théâtre municipal, des partisans d’Ennahdha sont aussi présents, répondant à l’appel du parti lancé sur les réseaux sociaux. Les deux sit-in s’enchaînent l’un après l’autre. Les symboles nationaux sont brandis fièrement contre la barbarie.
L’hymne national et les vers du poète tunisien Abu El Kacem Chebbi résonnent sur l’avenue. «Intérêt national, le peuple veut l’unité contre le terrorisme», lit-on sur les pancartes agitées sur l’escalier du théâtre, où la population présente est relativement jeune. Je suis très inquiète pour la Tunisie. Je suis venue en solidarité à ce rassemblement, mais je suis étonnée de ne pas y trouver plus de monde, regrette Chiraz, une Franco-Tunisienne, rentrée vivre au pays au lendemain de la Révolution.
«11 septembre»
Nizar, 35 ans, professeur de tourisme à l’université de Carthage, ne trouve pas les mots pour exprimer son désarroi. «C’est terrible, répète-t-il, l’attaque du Bardo est notre 11 septembre tunisien». Habitué du musée qu’il fréquente avec ses élèves et avec des étrangers pour des visites guidées, il ressent d’autant plus fortement l’attaque : «Les terroristes ont voulu délivrer un message de terreur et casser l’économie tunisienne. Je n’ai pas peur, mais les étrangers ne verront pas la Tunisie du même regard. L’impact sur le tourisme est inévitable. Il va se ressentir sur cette saison». Saïd, chauffeur de taxi, est du même avis.
Le visage sombre, il baisse la tête et se dit alarmé pour le tourisme qu’il croyait enfin relancé depuis la fin de l’élection présidentielle et l’investiture du nouveau gouvernement. Aux yeux de Nizar et de Said, la stabilité de la Tunisie est mise à mal. De la Médina de Tunis aux hôtels de Tozeur, les commerçants se plaignaient déjà, fin 2014, d’un tourisme à la baisse, à cause de la période électorale et de l’exécution en Algérie du touriste français Hervé Gourdel en septembre 2014 par un groupe se réclamant de l’Etat islamique.
Imprévisible
«C’est comme en l’Algérie», lâche Hamza, un musicien de 35 ans. «Ce n’est que le début et leur guerre va être imprévisible», dit-il, assis dans le patio de sa maison au cœur de la Médina de Tunis. Hamza voit plus loin que la question sécuritaire : «Les Tunisiens se préoccupent surtout de l’économie parce leur vie est dure. Ici, dans la Médina, les familles vivent principalement de ce secteur. Pourtant, si l’argent manque, c’est aussi la culture qui va être reléguée au second plan car tout est lié», explique-t-il.
Certains se questionnent sur l’avenir du pays et la capacité des autorités à faire face à cette crise. «Nous n’avons pas les capacités de nous défendre, notre armée, nos hommes politiques et notre peuple ne sont pas prêts pour une telle épreuve», affirme Hamza, alors que le Premier ministre Habib Essid a reconnu hier qu’il y avait eu «des failles dans tout le système sécuritaire, dans toutes ses phases : de la protection de l’Assemblée, du musée et des des touristes».
Il a promis une «enquête approfondie». «Le gouvernement a multiplié les arrestations ces dernières semaines, mais le dispositif sécuritaire n’a pas évolué, surtout dans les bâtiments publics où le contrôle est très faible», note de son côté Habib Sayah, chercheur à l’observatoire de la sécurité globale à Tunis. Mohamed, 20 ans, employé dans un centre d’appel, espère quant à lui que la Tunisie sera plus forte à l’issue de cette épreuve : «Les Tunisiens vont enfin se serrer les coudes. Je pense que les gens vont être désormais plus coopératifs avec les forces de l’ordre et participer activement à la lutte anti-terroriste».
Arrestations
Hier, au rythme de communiqués divergents, les autorités ont tenté de communiquer. Dans la matinée, la ministre de la Culture a annoncé que le musée du Bardo ouvrirait à nouveau ses portes au plus tard mardi prochain. Le ministère de la Santé a affirmé que le bilan s’élevait désormais à 21 morts et 47 blessés. Une cellule de crise a été montée à l’hôpital où sont soignés les blessés, dont certains sont toujours dans un état grave.
De son côté, la Présidence a annoncé l’interpellation de «quatre éléments en relation directe avec l’attaque et cinq autres soupçonnés d’être en relation avec cette cellule» sans préciser leur identité. Vu les «circonstances exceptionnelles», les soldats vont désormais participer à la sécurisation des grandes villes en menant des patrouilles, a ajouté la Présidence à l’issue d’une réunion «exceptionnelle» entre les chefs de l’Etat et du gouvernement et les responsables militaires.
Cohésion
En fin d’après-midi, plusieurs centaines de personnes se sont de nouveau rassemblées suite à l’appel lancé par plusieurs associations dont le Forum mondial et l’association des femmes démocrates. «Notre lutte est pacifique, populaire et large contre le terrorisme», lit-on sur la grande banderole. Dans la foule, la couleur rouge du drapeau tunisien domine. Le rassemblement est rythmé par des slogans contre le terrorisme, puis les slogans sont dirigés contre le parti Ennahdha lorsqu’une députée du parti sort du Parlement.
Certains militants sur place reprochant à l’ancien gouvernement du parti islamiste son laxisme vis-à-vis de la question terroriste. «Le gouvernement a bien multiplié les arrestations, mais le dispositif sécuritaire n’a pas évolué, surtout dans les bâtiments publics où le contrôle est très faible. C’est la première attaque du genre dans la capitale et contre des civils depuis la révolution. Il y a eu des tentatives fin 2013 à Sousse et Monastir, mais elles ont échoué», explique Habib Sayah, chercheur à l’observatoire de la sécurité globale à Tunis.
Zaineb Cherni, professeur de philosophie à l’université de Tunis et militante féministe, est là pour défendre la transition démocratique du pays. «Il est important de multiplier les rassemblements qui sont une expression sociale et collective, preuve de cohésion. Aujourd’hui, la question du terrorisme en Tunisie dépasse nos frontières et nous ne pouvons y faire face que par une stratégie géopolitique internationale et surtout maghrébine».
Salsabil Chellali
Ce que révèle l’affaire Fekir
A la une Sports
le 20.03.15|10h00
L’auteur de 11 buts et 7 passes décisives cette saison avec l’actuel leader du championnat français, l’OL venait de dribbler le coach Christian Gourcuff et le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, qui avaient annoncé le vendredi d’avant la confirmation de sa venue chez les Verts. Mais la pépite de Lyon a fait volte-face dans la même journée pour affirmer qu’il n’avait rien décidé. Quelques jours plus tard, Nabil Fekir a confirmé sa préférence, en déclarant dans les colonnes de L’Equipe : «La France, c’est mon choix.»
PRESSION
Nabil Fekir n’est et ne sera pas le seul joueur français d’origine algérienne à évoluer pour les Bleus. Zineddine Zidane, Karim Benzema, Camel Meriem, Samir Nasri et bien d’autres ont fait ou feront le choix de porter le maillot tricolore. Mais c’est surtout la manière avec laquelle le joueur a rejoint la sélection de Didier Deschamps qui a été critiquée. Le journaliste Nabil Djellit, qui collabore régulièrement avec Francefootball, RFI, Europe 1 et Itele, dira à ce propos : «En France, les avis des Algériens sont partagés.
Certains lui en veulent pour sa mauvaise communication. Il avait maladroitement appelé Christian Gourcuff pour ensuite se rétracter et rejoindre l’équipe de France.
C’est surtout plus la forme que le fond qui les a dérangés. Sinon ils se disent qu’il est Français. Il a grandi et vécu en France. Son choix est donc respecté, bien qu’ils savent qu’il y a des enjeux financiers derrière.» Quant à l’ex-sélectionneur algérien, Noureddine Saâdi, de 1990, il rejoint Nabil Djellit dans son analyse, en affirmant que le joueur aurait dû voir un spécialiste en communication pour parler à sa place, avant d’ajouter : «Il ne faut pas se voiler la face, Fekir attendait d’un côté d’être convoqué par l’équipe de France en premier lieu.
D’un autre côté, il ne voulait pas perdre la possibilité de rejoindre l’Algérie, surtout avec les gros moyens dont dispose la Fédération algérienne. Car nous savons tous que les joueurs ne viennent pas en sélection gratuitement. Toutefois, on lui souhaite bonne chance et on espère qu’il deviendra un autre Zizou, même si au lieu de choisir l’Algérie, il a préféré la France.» Nabil Djellit précisera que le joueur était soumis à une forte pression : «Il subissait la pression de l’Algérie qui lui avait demandé de se déterminer rapidement, celle de sa famille, son environnement culturel algérien.
Mais aussi celle de son club pour devenir international français pour différentes considérations, notamment sur son futur transfert et puis aussi il avait la pression de l’équipe de France. Didier Deschamps l’a appelé. Il y a eu une confusion de sentiments et d’émotions chez lui. Ensuite, il y a son ambition personnelle qui, à mon avis, était l’équipe de France.»
CLUBS
En dépit du passage de joueurs d’origine algérienne en sélection française avec succès, à l’instar de Zidane ou Benzema, ou avec moins de réussite comme ce fut le cas pour Camel Meriem, il y a toujours en France, mais aussi dans d’autres pays européens, un engouement chez les jeunes d’origine algérienne pour rejoindre un jour les Verts, même pour ceux qui ont porté les couleurs françaises.
L’emblématique capitaine des Verts, Antar Yahia, a été, en 2004, le premier à profiter de la nouvelle loi FIFA. Depuis 2009 aux Bahamas, celle-ci a été renforcée, puisque la FIFA autorise, depuis, les joueurs binationaux à opter pour le pays de leur choix, à la seule condition qu’ils n’aient pas déjà évolué avec l’équipe A.
C’est ainsi que les Verts ont récupéré des joueurs, à l’instar des Taïder, Ghoulam, Belfodil et récemment Tafer. L’arrivée des joueurs ayant une formation, notamment en France, a limité l’accès des joueurs locaux à la sélection. Rares sont ceux qui parviennent à se faire une place parmi les joueurs venus d’ailleurs.
En plus des multitudes de problèmes liés à la mauvaise qualité de la formation, l’encadrement, le manque d’infrastructures, Noureddine Saâdi met l’accent sur un autre aspect qui entrave la formation : «Il y a un phénomène qui ne laisse pas éclore les bons joueurs et ne laisse pas voir la réelle valeur en raison de l’instabilité chronique de l’effectif. Il y a énormément de va-et-vient de joueurs dans les équipes et aussi d’entraîneurs.
Pourquoi ne pas faire un règlement comme celui de Tunisie: un entraîneur étranger n’a droit qu’à un seul contrat par année, alors que le coach local ne peut opter que pour deux par saison.
C’est la stabilité qui garantit la performance.» Noureddine Saâdi notera aussi : «Tous les clubs sont obnubilés par la ‘championnite’, alors qu’il faudrait plutôt investir dans les hommes.
Regardez Kheireddine Madoui à qui on a fait confiance, il a montré ses capacités. Abdelkader Amrani est en train de réaliser un excellent parcours avec le MO Béjaïa, alors que d’autres clubs l’ont poussé vers la porte de sortie. Les entraîneurs sont capables de faire nettement mieux que les présidents dans la gestion technique des clubs, car ce sont eux qui connaissent mieux les joueurs.
On ramène des joueurs, deux semaines après, on les libère. Parce qu’on écoute n’importe quel manager. C’est vrai que le président doit être accompagné, mais parfois ce sont les supporters qui recrutent.
Il y a un vrai problème organisationnel dans les clubs.» Nabil Djellit relèvera que le football est une question de management et de vision. Deux qualités qui n’existent malheureusement pas actuellement dans le sport le plus populaire en Algérie.
Farouk Bouamama