SOIT DIT EN PASSANT
11 Juin 2016

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Consommer sans retenue !
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine


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Il est des jours comme ça où, à force de croiser tous ces produits
que l’on importe à coups de milliards, surtout les fruits, frais ou secs,
je me demande ce que nous deviendrions si ces derniers ne l’étaient
plus ? Nous qui avons appris à consommer sans retenue et dépensons
avec ardeur, quitte à le faire pour n’importe quoi, serions-nous capables
d’assumer les restrictions qui se profilent à l’horizon ?
Au marché il y a, donc, les fruits venus d’ailleurs mais aussi tous ces
autres produits que nous nous interdisons d’approcher parce qu’ils sont
hors de prix. Il n’est pas question ici de s’en prendre à ceux des importateurs
qui alimentent le marché de denrées que le pays n’est pas en mesure de
fabriquer ou de cultiver. Et pourtant ! Nous savons tous qu’une entité qui
ne produit pas une partie de son alimentation court le risque de sombrer
dans la misère. Question ! Se pourrait-il que nous mourrions de faim si
nous n’avions plus les moyens de tout acheter chez les autres ? Mettre un
terme aux importations inutiles ? Comment les classer par priorité ?
Comment savoir ce qui est indispensable et ce qui l’est moins quand tous
les goûts sont dans la nature ? Et si on nous demandait notre avis ?
Mais pense-t-on seulement à nous le demander quand pour nous neutraliser,
on nous sert invariablement du taqachouf ? Pourquoi parle-t-on de voitures
et autres importations et n’évoque-t-on que rarement les fruits et légumes ?
Pourtant au marché, il y a ces fruits venus de partout, mais surtout tant
de produits inutiles. Comment faire face à la crise et protéger le consommateur
des manques à venir ? Parce que si, pour l’instant, il n’y a pas lieu d’affoler
son monde, il n’y a aucune raison, non plus, de se réjouir. Des pénuries, il y en
aura. Elles sont inévitables. Peut-être pas identiques à celles des années 70
mais elles seront celles que l’on n’aimera pas pour avoir, précisément, appris
à consommer aveuglément. Comment expliquer à ceux qui n’ont pas connu
de privations que nous sommes déjà passés par là ? La vie ne se résume pas
à endurer des épreuves. Elle doit aussi donner aux gens
les moyens de réaliser leurs rêves.


M. B.