SOIT DIT EN PASSANT
09 Juin 2016

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Mendier, c’est mieux !
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine


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Il est des jours comme ça où cette aisance que montrent
certains à passer d’un statut de père de famille respectable
chez soi à celui de mendiant ailleurs, loin des yeux indiscrets
du voisinage, renvoie un visage hideux de pays appauvri.
Ne leur demandez surtout pas ce qui les attire là, ce qui les
a fait basculer de l’autre côté de la barrière et opter pour ce
mode de vie. Elles ou ils ne vous livreront jamais le fond de
leurs pensées. Jusqu’à il y a quelques mois, il m’avait semblé
que ce passe-temps, plus qu’avantageux, les femmes se l’étaient
réservé. A vue d’œil, il y avait plus de femmes que d’hommes qui
faisaient la manche. Les choses ont bien changé depuis.
Aujourd’hui, ceux qui s’agrippent à votre porte-monnaie sont partout.
Ils sont au cimetière, au marché, dans les grandes artères de la
ville, devant les cafés et autres pizzerias, ils frappent à vos portes et
il n’y en a pas un qui vous demandera de l’argent pour rentrer
chez lui ou aller au hammam. Ils ont tous faim, ils ont tous envie de
manger et ils mangent à longueur de journée. Durant le Ramadhan
leur nombre augmente confortablement. C’est là que la mendicité
se révélant tellement rentable est en passe de détrôner les
professions les mieux rémunérées. A l’entrée d’une boulangerie,
une femme, flanquée, pour la soutenir dans son dur labeur, d’une
ribambelle d’enfants, va vous réclamer de quoi acheter un pain.
Si vous lui en achetez un au lieu de lui donner de l’argent, elle
l’abandonnera en désertant les lieux où elle s’était installée pour
haranguer les clients. Un matin, au marché, alors que je consultais
ma liste de courses, j’ai été abordée par un solide jeune homme.
Il voulait 200 DA sans expliquer pourquoi il m’en réclamait autant.
Un marchand moins suffoqué que moi lui demanda pourquoi il ne
travaillait pas plutôt que de harceler inlassablement les autres.
«Mais j’ai un travail, celui-là ! Pourquoi, vous trouvez que ce
n’est pas un travail ? La preuve, les gens me donnent. Tant qu’ils
me donnent, je ne vois aucune raison d’arrêter. Tout va bien
pour moi.» On se sent tout bizarre quand on s’entendtraiter de c…

M. B.