On défonce, puis on retape !

SOIT DIT EN PASSANT
01 Août 2016

Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine


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Il est des jours comme ça où à trop râler contre ces responsables qui,
une fois en fonction, se détournent de la mission pour laquelle ils ont été
élus, on se dit que la prochaine fois que l’on aura à retourner aux urnes,
on réfléchira à deux fois avant de donner sa voix à celui qui promettra
de remettre de l’ordre dans les affaires de la cité. Et alors que j’évoquais,
précédemment, ces chantiers qui n’en finissent jamais à Alger et peut-être
dans les autres grandes villes du pays, même si je ne crois pas trop que
l’on s’intéresse vraiment à ces dernières, je me suis souvenue des
travaux interminables entrepris à Meissonier, il y a quelques années de
cela. Il y avait ce gigantesque cratère que l’on tardait à reboucher et
qui se remplissait d’eau à chaque fois qu’il pleuvait, et ces espèces
de passages de fortune, que l’on empruntait en rasant les devantures
de magasins qui, pour une grande partie ont baissé rideau puisque
plus personne ne pouvait y accéder. Un matin, alors que j’attendais mon
tour à l’entrée de la poste, une discussion animée entre deux personnes
m’a quelque peu éclairée sur le sort de ces travaux entrepris près d’une
année auparavant et qui, surtout, étaient à l’arrêt. L’imposant chantier
était désert depuis des semaines et rien ne laissait entrevoir que l’on allait
y remédier.L’un des deux semblait savoir de quoi il retournait et affirmait
à son ami que l’entrepreneur avait été dessaisi du contrat pour avoir
refusé de payer une somme invraisemblable comme dessous-de-table.
J’ignorais si la situation était réellement celle décrite par l’inconnu, mais
les propos tenus évinçaient de loin toutes les explications que l’on aurait
pu trouver à ce total abandon d’une rue aussi fréquentée.Ailleurs, dans
les pays où l’on a meilleure conscience de sa mission, on entreprend les
travaux l’été et on s’affaire surtout la nuit, histoire de ne pas gêner
l’entrain du quartier. Chez nous, le citoyen n’a rien à réclamer. Il lui reste
tout juste le choix de pester contre l’incompétence des élus locaux ou
de se dire qu’il y a anguille sous roche.

M. B.