SOIT DIT EN PASSANT
13 Juillet 2016
A chacun sa part ?
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine


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Il est des jours comme ça où il m’arrive, en ouvrant ma boîte de réception,
de croiser des messages très courts du genre : «Qui selon toi freine le
développement du pays ? La situation m’est un peu confuse.» Je comprends
chaque jour un peu mieux que certains lecteurs, critiques à l’égard de
ce que nous publions quotidiennement, puissent exiger de nous un peu plus
de fermeté. L’autre impression que certaines réflexions me donnent, c’est
que beaucoup d’entre nous ne se sentent jamais concernés par ce qui
cloche. On en arriverait presque à douter de ce qui relève de l’implication
collective quand celle, individuelle, est mise hors de cause ! Beaucoup d’entre
nous, pour mieux se dédouaner, ont de plus en plus tendance à vouloir
dissuader, au moins leur entourage immédiat, du devoir de cristalliser le débat
autour de la notion même de responsabilité. Du coup, l’important ne tourne
plus autour de ce que l’on peut offrir par ses qualifications, mais par sa fidélité
au système. La compétence passe après la soumission, et ça paye ! Là nous
ne sommes plus dans le cas où l’on se laisse choisir pour ce que l’on vaut
et représente mais plutôt pour ce que l’on ne représente pas. On ne regarde
plus l’avenir que par la philosophie du groupe auquel on tend à appartenir.
Une fois dedans, si l’on travaille sa soumission et montre de la fidélité avec le
même excès de zèle, on est bon pour durer et grandir au cœur du clan. Tout
le monde ou presque sait, désormais, comment ça marche et personne
n’ignore que l’effondrement d’un système passe par un lâchage ou une
fracture dans sa protection.Qui se souvient de tous ces prêts accordés aux
jeunes par le biais de l’Ansej et dont on disait que parmi les bénéficiaires, il s’en
trouvait qui refusaient de les rembourser estimant qu’avant de leur demander
de le faire, on n’avait qu’à récupérer les sommes colossales détournées
depuis l’indépendance du pays ? Si le système fait profil bas et s’il compose,
cela fait partie de ses investissements. Comment mieux contrôler les nuisances
extérieures et veiller à la stabilité des affaires en cours ? Lequel d’entre vous
y voit des raisons de s’indigner ?


M. B.