Asiles pour parents abandonnés !
SOIT DIT EN PASSANT
14 Juillet 2016
Asiles pour parents abandonnés !
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Malika Boussouf.jpg
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Il est des jours comme ça où lorsque vous croisez
des vieux qui se contentent de vous regarder passer,
sans rien vous demander, vous réalisez combien la
vie peut se montrer cruelle parfois et comment les
choses perdent de leur valeur autour de vous.
Vous comprenez, en même temps, que le culte des aînés,
si précieux jusqu’à il y a quelques années encore, a
pris un sérieux coup dans l’aile au profit d’un
individualisme sévère qui fait qu’aujourd’hui beaucoup
renoncent à leurs père et mère, devenus encombrants,
et qu’ils fourguent aux autres parce qu’ils ne veulent
plus s’en occuper. Deux jours avant l’Aïd, alors que je
me rendais chez des amis pour l’un des derniers repas
de Ramadhan,j’ai, sur mon chemin, croisé une dame
âgée d’environ 70 ans. Elle était assise sur un carton,
adossée au mur du tunnel des facultés mais ne
demandait rien. De ses beaux yeux clairs, elle regardait
aller et venir les passants.De son regard pas triste mais
résigné tout de même, elle suivait,dignement, ce rythme
effréné qui allait s’apaiser au fur et à mesure que les
minutes s’égrenaient. J’ai stoppé net mon élan, et mue
par un besoin pressant de revenir sur mes pas, je suis
allée tenter d’évaluer de plus près ce que la vie avait fait
de cette âme abandonnée.La dame me gratifia d’un sourire
en me demandant pourquoi je m’étais arrêtée. Je n’ai pas répondu, trop émue par les causes supposées qui l’avaient emmenée là.La belle tête aux cheveux blancs, à moitié
couverts comme ceux de nos mamans, m’a replongée dans
le souvenir de cet autre visage découvert un matin de fête religieuse sur une chaîne de télé nationale ! On passe toujours
ce genre d’émissions à ces occasions-là. Je n’ai jamais pu
oublier, alors que la caméra balayait la cour de l’hospice pour vieillards et parents abandonnés,la gorge nouée par les
sanglots de cette vieille femme qui racontait, désespérée, comment son fils l’avait conduite là en lui disant : «attends-moi,
je reviens te chercher.» Deux années s’étaient écoulées depuis qu’il l’y avait déposée comme un paquet encombrant.
Elle n’avait plus jamais revu le sombre produit de ses entrailles.
M. B.
Dernière modification par zadhand ; 14/07/2016 à 13h22.
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