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SOIT DIT EN PASSANT
19 Juillet 2016

Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine


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Il est des jours comme ça où si je n’ai aucune raison de râler, je me dis que
quelque chose ne tourne pas rond. Certains lecteurs auraient le droit de
me reprocher d’être à l’affût de la moindre occasion de m’énerver. Vrai !
Mais, pourquoi parler de choses qui vont bien, de gens qui font le travail pour
lequel ils sont rétribués, d’immeubles qui sentent bon, de rues qui sont propres
et, surtout, pas défoncées ou d’ordures ménagères qui sont ramassées à la
nuit tombée ? A quoi cela sert-il de se frotter le ventre et de se montrer satisfait
à propos de choses qui, dans un Etat normal, devraient toujours aller bien ?
Pourquoi ne pas tenter d’attirer l’attention sur ce qui agresse notre équilibre ?
Je veux bien admettre que cela soit déstabilisant de se dire que les choses
vont en se dégradant, mais ce ne sont certainement pas les situations de
confort qui encouragent l’émulation ou donnent envie de bouleverser l’ordre
des choses. On ne me l’a pas encore dit, mais j’imagine tout à fait que l’on puisse
attendre de moi un regard plus souriant et, surtout, moins négatif. Il faudra,
pour cela, patienter quelque peu, sans pour autant désespérer. Il y en a eu un,
pas celui dont j’ai déjà partagé avec vous la prose, qui, fou de rage que je parle
de cerises comme je l’ai fait, allez savoir pourquoi ce fruit a suscité autant de
passion chez nos émigrés au Canada, m’a expliqué que j’étais une amère,
une aigrie, une jalouse et une sale envieuse qui s’acharne sur ceux qui ont le
privilège de vivre ailleurs. Voyez vous ça !
Cet espace n’étant pas conçu
pour servir, systématiquement, de tribune aux excités de rivages lointains,
je vais laisser cela en suspend et ne faire aucun commentaire désagréable à
ce qui l’a déjà largement été. Et puis, qui sait après tout, ces personnes
appartiennent peut être à une catégorie d’individus qui auraient précocement
compris que dépendre d’un pays qui a du mal avec son identité et ne sait
presque plus à quoi ressemble son histoire n’a rien de rassurant lorsque l’on
y vit ? Mais alors, pourquoi vouloir le défendre de l’extérieur quand on ne
dispose pas de la crédibilité pour le faire ?

M. B.