Quand j’ai honte pour nous !SOIT DIT EN PASSANT
07 Décembre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
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Il est des jours comme ça où à la seule question de savoir si nous aurons une chance, une seule, de transcender la médiocrité mentale dans laquelle nous baignons au quotidien, je me dis qu’il nous faudra attendre encore un certain temps. J’ai pensé toute la semaine à notre ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition féminine. Des termes bien pompeux pour qualifier la mission d’une femme qui, même en voulant rectifier le tir, s’arrange pour enfoncer le clou là où il a toutes les chances de faire mal. Madame Meslem, plus que consciente de la chance qu’elle a eu d’être élevée au rang qu’elle occupe, s’est un matin réveillée un peu plus inspirée qu’à l’ordinaire. Elle allait demander aux femmes de se sacrifier à nouveau en cédant leur salaire à l’Etat pour aider ce dernier à résorber la crise que lui-même a engendrée et à remplir les caisses que lui-même a vidées. Voilà qui est consternant ! Beaucoup de journaux en ont parlé et les réseaux sociaux en ont fait des gorges chaudes. j’aurais pu me dire que cela suffirait à lui faire prendre conscience de cette énormité, mais je n’ai pas pu me résoudre à traiter la déclaration par le mépris. J’ai d’abord pensé à une blague de mauvais goût avant de réaliser, en écoutant débiter le tout d’une voix fluette, sans doute reconnaissante à son homme de subvenir à ses besoins, que la dame parlait très sérieusement ! Elle suggérait en résumé aux femmes, cadres de l’Etat, de renoncer à se faire payer puisque ce n’est pas leur salaire qui les ferait vivre mais celui de leurs généreux maris ! Il fallait que quelqu’un ose insulter l’indépendance des citoyennes algériennes. C’est elle qui s’y est collée. Je me souviens de ce 9 juin 1984, où des femmes députées avaient joint leurs voix à celles de la majorité faite d’hommes pour voter ce code infâme qui scellait leur propre sort et les transformait en mineures à vie. Et voilà que l’on fait appel une fois de plus au dit sexe faible pour sauver de la banqueroute le pays qui a failli. Quand les femmes au pouvoir montent au créneau, elles n’y vont pas de main-morte. Manifestement, personne n’a conseillé à celle-là de se taire !
M.B