L’Algérie, rempart ou pas rempart ?
SOIT DIT EN PASSANT
29 Novembre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
**Contenu caché: Cliquez sur Thanks pour afficher. **
Il est des jours comme ça où je ne sais plus à quelle puissante analyse
me fier, à quel avis me ranger, à quel sain me vouer. Lorsque j’entends
dire que l’Algérie n’est plus à l’abri, je me demande de quoi on parle.
Il y a longtemps, quelques décennies déjà, que je ne me suis pas sentie
vraiment en sécurité. Et en voilà qui viennent m’assurer que je vais
bientôt ne plus l’être du tout. Nous assistons de plus en plus fréquemment
à des émissions au cours desquelles les invités présents débattent de ce à
quoi nous devrions faire face dans un futur proche. Parce qu’il se trouve
qu’avec la nouvelle donne que constitue Daesh, on se montre de plus en
plus dubitatif lorsqu’il s’agit de prévoir ce qui va se passer à moyen terme.
L’un des thèmes abordés il y a quelques semaines, toujours par une chaîne
de télévision étrangère, a particulièrement retenu mon attention. On s’y
demandait comment vivre avec la peur ! Je suis restée collée à mon écran
à suggérer en mon for intérieur de demander leur avis aux Algériens. Sans
vouloir prétendre que nous savons tout sur tout, sur la peur, par contre, nous
savons de quoi il en retourne et même beaucoup plus que ceux qui,
aujourd’hui, découvrent la férocité à laquelle nous avons été soumis bien
avant eux. Les algériens savent parfaitement de quoi il en retourne parce
qu’ils ont appris à la contourner à leurs dépens. Ils savent comment composer
avec la mort et lorsqu’elle ne vient pas avec la crainte de la voir surgir à
n’importe quel moment parce qu’elle surgit, effectivement, y compris quand
on ne s’y attend pas. A force de me répéter que la peur est humaine, je finis par revenir au fait que la menace soit permanente. C’est vrai que l’horreur causée
par Daesh n’a pas son égale aujourd’hui. C’est, d’ailleurs, incroyable qu’il y
en ait qui privilégient le camp de la terreur à celui de la paix. Lorsque l’on se
fixe pour but de surfer sur la peur ou le malaise des gens, on fait en sorte que
les informations que l’on distille voyagent et permettent un retour d’écoute
quasi immédiat. Pourquoi faut-il que le partage d’avis prenne aussi vite une connotation meurtrière ?
M. B.