Les algériens racistes ? Allons bon !SOIT DIT EN PASSANT
05 Décembre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
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Il est des jours comme ça où je me réveille avec un goût vraiment amer
au fond de la gorge et honteuse à ne plus savoir quoi faire pour me
désolidariser de cette mentalité bien de chez nous et de ces
esprits étroits, détestables à plus d’un titre, surtout quand ils
se prennent à rejeter tout ce qui se différencie d’eux ! Même
lorsqu’ils vivent ailleurs, qu’ils pensent se suffire à eux-mêmes et
s’adonnent à un misérable repli communautaire. Il y a quelques
jours, sur les hauteurs d’Alger, dans un quartier censé abriter une
population qui se distingue dans sa grande majorité du
lumpenprolétariat, des résidents, avec l’intolérance qui les caractérise
désormais, ont osé s’en prendre à des migrants originaires d’Afrique
subsaharienne.J’ai toujours pensé que si des hommes, des femmes et
des enfants quittaient leur pays et sacrifiaient, en se déracinant, la
terre qui les a vu naître, ce n’était pas pour le plaisir de changer
d’air.Le sort aurait dû leur permettre, comme à d’autres, de ne pas
avoir à s’exiler le ventre creux, pour fuir des violences comme le
terrorisme ou la faim. On n’opte jamais de gaîté de cœur pour
ce mode de transplantation. Il faut vraiment que la vie nous mette à
la marge, ici, pour que l’on tente de se bâtir une autre vie, là où
l’herbe a la réputation d’être plus verte. A dire vrai, je déteste
ces pitoyables trabendistes qui, parce qu’ils pensent avoir enfin
décroché la particule, s’improvisent en concepteurs d’une morale à
trois balles et en garants de ce qu’ils assimilent à une organisation
respectable du quartier. Ce qui devient de plus en plus inquiétant,
c’est que l’on semble avoir trouvé à Dély-Ibrahim une raison de casser
du nègre à coups de batte. Comment attendre d’un système qui néglige
l’essentiel, qu’il tienne à distance des agresseurs qui se croient
dans leurs bons droits, sous prétexte qu’ils sont chez eux ? Entre
un corps social qui évolue à l’abri et un autre qui arrive là, en
demandeur, et qui espère, en faisant le dos rond, surmonter les
effets d’une médiocrité mentale rompue à toute épreuve, sans compter
le fanatisme qui va avec, il y a un pas à franchir qui fait pleurer.
M. B.