10 Février 2015


Parle Madani, parle !

Par Hakim Laâlam
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En 1962, l’Algérie avait la chance de pouvoir être éclairée
et guidée par des Assia Djebar, Kateb Yacine, Mostefa
Lachref, Mohamed Dib ou Mohamed Arkoun. Finalement,
l’Algérie a préféré la grotte, avec postés à l’entrée, les…
… Saâdani, Chemsou, Hamadache…
Wallah que je ne vous comprends pas ! Qu’est-ce qui est le plus condamnable ? Madani Mezrag qui a le courage d’assumer publiquement, sur une chaîne télé saoudienne, les crimes qu’il a commis, le sang qu’il a sur les mains, qui précise avec force qu’il ne s’est jamais repenti mais qu’il a passé un accord avec le pouvoir, ou ce même pouvoir qui l’écoute vomir sa haine sans broncher, en regardant juste le bout de ses mocassins délicatement cirés ? Pourquoi diantre m’en prendrais-je à Mezrag, quand c’est le Palais qui lui règle la note de son université d’été champêtre et en assure même la couverture sécuritaire ? Pas la peine de me renvoyer aujourd’hui Madani Mezrag en punching-ball pratique sur lequel tu voudrais me voir m’épuiser mes petits poings, te délecter du spectacle de la bordée d’injures que je lui balancerais «courageusement» à la figure en le traitant de tous les noms d’oiseaux et accessoirement des petits prénoms de fiente qu’il lâche dans ses interviews. Erreur ! Aujourd’hui, je n’ai aucune envie de cracher sur Mezrag ! C’est plutôt sur le cordon sanitaire, l’airbag institutionnel qui permet à ce monsieur de dire ce qu’il dit en 2015 que j’ai envie, besoin de me délester de mon excès de salivation. Basta des doses d’offuscation que l’on me sert à intervalles quasi réguliers, en doses savamment calculées et encore plus savamment distillées par les laborantins du Palais qui, ensuite, étudient le degré de mes réactions, l’intensité de leur vélocité hargneuse et la force de ma colère pour s’en servir afin de mieux étalonner les prochaines injections. Veines pleines ! Circuit saturé ! Overdose ! Madani Mezrag a redit qu’il avait tué de ses mains des dizaines d’Algériens ? Je ne suis pas juge ! Je ne suis pas le «Cercle Vertueux de l’Auto-Saisine Journalistique». Que ceux dont c’est le métier s’emparent de ces déclarations et en fassent l’usage républicain et légal qui doit en être fait. Pour ma part, Mezrag peut continuer de parler jusqu’à extinction de sa voix. Parle Madani, parle ! Tu parles tellement clair que j’en arrive à distinguer le clignotant au-dessus de ta tête. Si j’écarquille encore un peu les yeux, je suis sûr de distinguer la télécommande. Alors, parle Madani, parle. Je préfère, quant à moi, fumer du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.
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