La France veut vendre le Val-de-Grâce. L’Algérie s’y… … oppose et fait valoir son droit de préemption ! La Ch’kara de flouss, le sac d’argent, c’est la valeur sûre. Avec la Ch’kara, tu ne perds plus ton temps à savoir ou à t’interroger sur qui va succéder à la Ch’kara une fois la Ch’kara morte. La Ch’kara de flouss ne meurt jamais. Pour sûr la coquine ! Puisque pour mourir, il faudrait que le Ch’kara vieillisse ou tombe malade. Et elle, ne vieillit jamais. Que dire alors de la maladie ? La Ch’kara ne sait pas ce que c’est que de tomber malade. Une Ch’kara victime d’un AVC, ça ne s’est jamais vu ! Qu’il soit bénin, petit, mini, moyen, grand ou gigantesque, l’AVC est étranger au monde de la Ch’kara. L’autre avantage avec la Ch’kara, c’est son autonomie par rapport à des contraintes très humaines. Il ne viendrait jamais à l’esprit de quelqu’un de s’interroger sur les silences de la Ch’kara. A moins d’être totalement idiot, on n’attend pas d’un sac d’argent qu’il parle. Ni même qu’il apparaisse à des dates précises. Si tu ne vois pas la Ch’kara de flouss à la grande prière de l’Aïd, «Koléa ne va pas tomber pour autant», pour reprendre cette formule populaire savoureuse. La Ch’kara n’est pas non plus difficile en termes de décors ou de cadre d’ambiance. Tu peux lui mettre n’importe quoi autour, elle s’en fout un peu la Ch’kara. Des fleurs rouges. Des fleurs roses. Des fleurs rouges qui deviennent roses, ou l’inverse, la Ch’kara est au-dessus de tout ce bastringue. Il lui suffit juste d’être là, et les fleurs prendront aussitôt la seule couleur seyante, celle de l’argent dans la Ch’kara ! Autre avantage et non des moindres, la Ch’kara aide à simplifier la vie. Grâce à elle, tu sais exactement à qui et quand ouvrir les portes du Palais. Tu n’as plus besoin d’enquêter sur qui vient te rendre visite, qui s’est présenté sur ton perron. D’un seul mouvement du menton en direction de ton majordome, le fameux coup du menton qui veut dire «c’est qui ?», tu te verras répondre «la Ch’kara» et là, tu donnes ordre aux portes de s’ouvrir grand et au majordome d’aller voir ailleurs s’il fait meilleur. A la vérité, je ne vois pas d’inconvénient à la Ch’kara ! Elle est parfaite. Si l’on excepte, bien sûr, ce petit défaut qui la caractérise. Un machin qu’elle traîne avec elle, tapi en son fond. Une fois qu’elle s’est posée quelque part, la Ch’kara y est pour longtemps. Ni le cercle des poètes idiots ni le carré des anciens du Palais devenus aigris parce que sortis de là depuis belle lurette ne sont en mesure de faire déguerpir la Ch’kara. La Ch’kara n’a peur que d’une chose. Le feu ! Généralement drapée dans son plastique noir, elle ne supporte pas les flammes, la Ch’kara. Mais qui s’aviserait d’allumer un feu par ces temps de canicule, je vous le demande ? Je ne vous le demande d’ailleurs qu’une fois, parce que ce portrait de la Ch’kara m’a tellement épuisé et je n’ai qu’une envie maintenant, fumer du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L. |