Urgent ! Dernière minute. Le Premier ministre français,
Manuel Valls, au chevet des policiers parisiens qui ont…
… auditionné Amar-Neuilly !- Et tu fais quoi, là ?
- Je m’équipe !
- Tu t’équipes pour aller à la guerre ?
- Je m’équipe, c’est tout !
- Avec un poignard commando à lame dentée ?
- C’est très pratique en cas de contact au corps. Glissé là, entre la peau et la ceinture, il est littéralement invisible.
- Et cet AK47, fusil mitrailleur à double chargeur scotché, ce n’est pas non plus pour faire la guerre, je suppose ?
- Tout à fait. C’est juste une arme sûre, fiable. Une belle pièce, ma foi.
- Quoi ? Tu accroches quatre grenades d’assaut à la ceinture ?!!
- Quand la lame ne suffit plus, quand le fusil s’enraye ou manque de munitions, on n’a encore rien trouvé de mieux que la grenade. Tu dégoupilles, tu lances dans le tas, et ça fait de l’espace vital !
- Allons bon ! Voilà que tu te peinturlures le visage maintenant ! C’est quoi ? Un bal masqué ?
- C’est pas tout, l’armement ! Avant de faire feu, encore faut-il maîtriser l’art du camouflage et de l’effet de surprise totale. Ce cirage sur les joues et le front, ça va m’aider à me couler plus discrètement en milieu hostile.
- Et donc tu confirmes ce que je disais tout à l’heure ! Tu vas à la guerre ?
- Mais puisque je te dis que non ! Je ne vais pas à la guerre !
- Un poignard commando, un fusil mitrailleur, des grenades en veux-tu en voilà, le grimage d’un para de Biskra, et tu persistes à me prendre pour un idiot en me faisant croire que tu ne pars pas à la guerre ? Dis-moi tout, je suis ton meilleur ami. Tu as reçu ton ordre d’appel ?
- Non !
- Tu prends le chemin du djihad en Syrie ?
- Mon Dieu ! Non !
- Ton honneur a été bafoué dans le quartier et tu as décidé de décimer tout le monde, jusqu’au facteur ?
- Non ! Non ! Et non !
- Mais alors pourquoi tout cet attirail ? Tu me fais peur !
- J’ai juste de la migraine. Je sens que je couve une grosse grippe. Et donc, je préfère ne pas laisser traîner. Je vais aux urgences de l’hôpital. C’est tout !
- T’aurais pas pu le dire plus tôt que t’allais juste à l’hosto. J’aurais aussitôt compris la nécessité de tout ce barda. Mais t’es sûr que tu n’oublies rien ?
- Heu… quoi ?
- Fumer du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.
P. S. : merci aux nombreux lecteurs et lectrices qui ont eu la vigilance aimable de «corriger» ma confusion dans la chronique d’hier, mercredi. J’ai évoqué le trafic de viande entre De Funès, Gabin et Bourvil dans le film La Grande Vadrouille. En fait, il s’agissait d’un autre film culte La Traversée de Paris dans lequel ce trio magique s’adonnait à la contrebande de viande de… cochon ! Mea-culpa ! Mea-culpa ! Mea-culpa !
Le fumeur de thé |