ça y est ! L’Aïd est passé. Le mouton a été égorgé.
Vous pouvez nettoyer votre balcon et y remettre votre ……Belle-mère ! Le Président n’a pas assisté à la prière de l’Aïd. Le Président n’a pas procédé à l’ouverture de l’année judiciaire. Le Président n’a pu prendre au téléphone Hollande qui appelait au sujet de l’otage – depuis assassiné* -Hervé Gourdel laissant Sellal répondre au coup de fil. Le Président … Il me semble plus simple, plus court de dire ce qu’a pu faire Abdekka, plutôt que d’égrener la longue liste des trucs qu’il a ratés ces dernières semaines. Le Président a en effet présidé un conseil de sécurité. Avec les suites que l’on connaît ! Il faut donc se résoudre à cela, Abdekka est absent. Mais attention ! Pas absent n’importe comment. Car, quand il est absent, contrairement à vous et moi lorsque nous sommes absents du boulot, lui, Abdekka 1er est … présent. Si ! Si ! Souvenez-vous qu’en pleine absence avérée, notre raïs a appelé son « ministre de la traversée de la baie d’Alger » au téléphone et lui a demandé des nouvelles d’Air Algérie. Demander des nouvelles d’Air Algérie à Ghoul ! Quelle drôle d’idée, quand même ! L’homme qui souriait à la boîte noire avant qu’on la lui arrache a dû être bien embêté, questionné un vendredi par le chef de l’Etat absent sur le sort d’une compagnie qui se bat nuit et jour avec les retards, les sangliers, les passerelles et les pistes qui s’affaissent sous le poids des appareils. Mais qu’importe ! Abdekka n’est jamais aussi présent que lorsqu’il est absent. Il n’était pas physiquement dans la salle de prière de la Grande Mosquée, samedi jour de l’Aïd ? Et alors ? Il n’a pas besoin de se trouver dans une grande mosquée au centre historique de la capitale pour s’en faire construire une gigantesque à la lisière dépotoir de cette même capitale, entre deux déversoirs énormes d’eaux usées et les restes d’une «usine de traitement des eaux» offerte par un illustre détenu, anciennement bienfaiteur de la République. Et puis, comme dirait l’ami Amara, on ne gère pas la spiritualité d’un pays avec ses pieds. Mais avec cette formidable capacité qu’a Abdekka de prier pour nous tous, pour 38 millions d’âmes en peine, en perdition. Ce samedi, j’ai senti qu’il était là, planant au-dessus de cette Grande Mosquée qui s’est finalement révélée trop étroite pour son ombre gigantesque. Il est là ! Oui, là ! Ne faites pas de mauvais esprit en me demandant de préciser, de dire où il est exactement ! C’est petit comme réaction. Il me suffit de savoir que Boutef’ est là, c’est-à-dire partout en même temps. Le 1er novembre prochain, il ne sera pas présent physiquement au grand défilé avenue des Fusillés, défilé lui aussi disparu depuis des lustres. Mais fermez les yeux, tendez les mains et retenez votre souffle. Abdekka sera à la tourelle de chaque char qui ne défilera pas, au premier rang des commandos paras qui ne battront pas le pavé, un pavé ayant lui aussi été avalé par l’asphalte depuis des lustres. Le Président est absent, parce que vos yeux ne savent pas voir, sont englués par la petitesse. Fermez-les une bonne fois pour toutes, et vous finirez par le voir. D’ailleurs, il ne vous a jamais autant aimés que quand vous les fermez, vos yeux ! Et si en plus des yeux, vous fermez aussi votre gueule, là, il va vous adorer ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L. |