Juan Martin Del Potro, le coup droit pour arme fatale
Huit ans après la finale de l'US Open 2009, Juan Martin Del Potro et Roger Federer se retrouvent ce mercredi à New York, en quarts de finale de l'édition 2017. L'Argentin, opéré quatre fois des poignets dans l'intervalle, peut toujours s'appuyer sur son coup droit, plus que jamais l'arme fatale de son jeu.

Huit ans après leur finale épique à New York, c'est l'heure des retrouvailles entre Juan Martin Del Potro et Roger Federer à l'US Open, mercredi en quarts de finale sur le Stadium Arthur Ashe. Huit ans ont passé, donc, depuis ce premier (et seul à ce jour) titre du Grand Chelem de l'Argentin, quand le Suisse, lui, a porté son total de couronnes majeures à dix-neuf. Après toutes ses galères (quatre opérations aux poignets), «Delpo» n'est plus tout à fait le même, mais s'il y a bien une chose qui, dans son jeu, n'a pas changé depuis ce mois de septembre 2009, c'est ce coup droit ravageur, brutal, presque bestial.

Un coup, quasiment exclusivement frappé à pleine puissance et qu'il maîtrise à la perfection, avec lequel il a électrisé les foules et fait plier les ténors du circuit (Federer excepté) ces quatorze derniers mois : Wawrinka à Wimbledon (2016), Djokovic et Nadal aux Jeux Olympiques de Rio, Murray à Glasgow puis Cilic à Zagreb en Coupe Davis.

Un bruit sec, accompagné d'un cri rauque

À chaque fois, son coup droit s'est mué en arme de destruction massive. Face à Djokovic, dans l'arène enivrée de la cité carioca, Juan Martin Del Potro, segments immenses (1,98m) et carrure massive (97 kg), avait réussi 29 coups droits gagnants en deux sets. Un total ahurissant, qui avait mis K.-O. debout le Serbe, en larmes à sa sortie du terrain. Lundi, malgré son état grippal, l'Argentin en a lâché 16 contre Dominic Thiem, dont douze dans les deux seules dernières manches. Toujours avec ce bruit sec si caractéristique à la frappe, qui scotche le néophyte à la première écoute, accompagné de ce cri rauque qui semble ajouter encore un peu plus de poids à l'ogive.

Si Del Potro a toujours pu compter sur ce coup droit maousse, celui-ci est devenu une pièce encore plus centrale de son jeu après ses trois opérations au poignet gauche, qui ont eu pour effet de considérablement diminuer l'efficacité de son revers. «En revers, je lui donne 9/10, assurait son ancien entraîneur, Franco Davin, en 2008, durant la folle série de son poulain (23 victoires de suite), même pas vingt ans. Sur ce coup, il est tellement facile... En coup droit, je mettrai un 7. Sur les balles courtes et basses, il a encore des problèmes. Mais il a énormément progressé. Techniquement, c'est le changement fondamental de ces derniers mois. Sa prise en coup droit est maintenant plus fermée et il ne le frappe plus en arrière.»

Bob Brett : «Avec son coup droit, il fonce sur son adversaire comme un train»

Contrairement à ses glorieux compatriotes, terriens compatibles, Del Potro n'a jamais été un grand adepte du lift. Son formateur, Marcelo Gomez, l'a très vite orienté vers un coup droit frappé fort et à plat, plus adapté à son gabarit et aux surfaces rapides. Ce n'est qu'en 2009, année de sa conquête majeure, que Del Potro a ajouté une dose de lift à ce coup, pour gagner en sécurité et ainsi devenir, en fin d'été, le premier à briser l'hégémonie du duo Nadal-Federer en Grand Chelem. «Normalement, les gars font pas mal tourner la balle, lui aussi, mais elle est à peine recouverte, jugeait Bob Brett, ancien coach de Becker ou Ivanisevic, il y a quelques années. Vu de loin, on a l'impression qu'il frappe tout à plat. Mais, si on l'observe près du court ou à l'entraînement, on se rend compte qu'il met une légère rotation dans la balle. C'est comme ça qu'il place l'adversaire sur la défensive. Il fonce sur lui comme un train.»