Quand nos artistes s’éclatent dehors !SOIT DIT EN PASSANT
9 Novembre 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
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Il est des jours comme ça où je trouve magnifique que des
personnes, artistes parfois, plus dans l’âme qu’avérées,
s’emparent d’espaces, à l’instant perdu, pour en exploiter les
ruines. Une manière bien originale de redonner de l’allure et
du punch à des lieux qui, au-delà de la vie antérieure qu’ils
ont connue, sont, aujourd’hui, totalement abandonnés. Mais
quoi d’étonnant à ce que ce soit le monde de l’art qui vole au
secours du dénuement apparent, histoire d’inviter à raconter
les choses autrement et d’adoucir une atmosphère rendue
irrespirable par tant de renoncements. Je pense au quartier
du Hamma et du nouveau visage que lui ont fabriqué, il y a
quelques semaines, des créateurs au talent avéré. Une
initiative qui mériterait que l’on en parle encore et encore
dans l’espoir de susciter d’autres envies, d’autres interventions
du genre, qui nous renvoient l’image d’une Algérie plus active
au plan culturel qu’on ne le voudrait ou le croirait.Si l’on a du
mal à admettre qu’ailleurs des artistes se fassent entendre et
pas chez nous, qu’ailleurs ils aient la liberté de mettre leur
notoriété au service d’une cause politique, idéologique ou
humaine, d’user de leur notoriété pour peser sur une campagne,
il ne faut en aucun cas jeter la pierre à ceux des nôtres qui,
même s’ils ont du mal à se faire entendre, ne baissent pas pour
autant les bras et font tout pour ne pas se laisser piéger par les
promoteurs du désenchantement. Inutile de se demander
pourquoi les uns sont plus crédibles que les autres. Dans les
pays où la démocratie est une réalité et pas un jeu de l’esprit,
ce sont les citoyens, au demeurant libres de leur choix, qui font
la notoriété de celle ou celui dont ils accepteront qu’elle ou il parle
en leur nom. On dira d’eux qu’ils influencent une opinion publique
sans oublier que c’est cette même opinion publique qui les a faits.
Ce n’est, hélas, pas le cas en Algérie où l’on ne fait grand cas ni
de ses peintres, ni de ses danseurs, ni de ses chanteurs, ni de
ses musiciens et où l’un des sports favoris consiste à deviner où
ira se prélasser le responsable récemment démis de ses fonctions.
M. B.