Tout un mois pour paresser !
SOIT DIT EN PASSANT
08 Juin 2016
Pièce jointe 24173
Tout un mois pour paresser !
Par Malika Boussouf
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[email protected]
Il est des jours comme ça où, à force de se répéter que rien
ne va plus, on peut finir par s’en convaincre et même en
convaincre son entourage. Nous nous demandons,
régulièrement, combien de nos problèmes nous avons réussi
à résoudre dans la journée ou dans la semaine et si nous sommes
satisfaits de la vie que nous menons. En tout état de cause,
ce n’est pas le jeûne qui va régler la question.Dans un dossier
publié il y a quelques mois par un quotidien français, on affirmait
que l’Algérien était devenu amorphe, ce qui n’est pas tout à fait faux,
si l’on considère qu’il ne s’intéresse pas à grand-chose sinon à ce
qu’il va bien pouvoir manger le matin, à midi et le soir. Ce n’est
pas pour rien que des librairies baissent le rideau pour changer
d’activité et sont, quelques semaines plus tard, remplacées par des
gargotes.Il n’y a plus aucune raison de se poser la question de savoir
si l’Algérien ne se serait pas transformé en tube digestif. Quand on
voit comment les commerces de bouffe rapide sont sollicités à
longueur de temps, on comprend, aussitôt, que le système qui a
voulu les Algériens seulement préoccupés par leur estomac a réussi
son coup. On accuse Bouteflika d’avoir encouragé les Algériens à
ne pas travailler. Ce n’est pas tout à fait vrai, mais pas tout à fait faux
non plus ! Il n’a fait qu’aggraver la situation en passant à la caisse
sans rien exiger en retour sinon qu’on le laisse régner à sa guise.
Les faits existaient donc déjà. Pour annihiler sa capacité
d’indignation, il a conforté l’électeur lambda dans sa tendance à vouloir
se faire assister. Une majorité d’entre nous ne pense plus qu’à se remplir
le gosier à défaut de réagir sur ce qu’elle encaisse au quotidien
et sur l’avenir peu réjouissant qui se profile devant elle ! Il faut croire
qu’entreprendre pour faire avancer les choses fait de plus en plus peur !
On a peur de l’inconnu, de l’idée même du progrès qui, parce qu’elle
nous est étrangère, nous empêche d’aller de l’avant. A chacun ses
ambitions et sa perception des choses de la vie. Sinon, comment expliquer
qu’à chaque catastrophe, beaucoup se convertissent au hidjab et au qamis ?
M. B.
La levure hram ? Sans blague !
SOIT DIT EN PASSANT
14 Juin 2016
La levure hram ? Sans blague !
Pièce jointe 24173
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
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Il est des jours comme ça où il m’arrive, alors que je navigue sur les
réseaux sociaux, de croiser des informations qui me laissent sans
voix. Dans un besoin rapide de confirmer le propos,je m’interroge
sur le bien-fondé de la nouvelle tout en me demandant si elle
ne relève pas d’une plaisanterie de mauvais goût. Summum du
divertissement, je lis, donc, qu’un prédicateur, très actif sur
une chaîne de télévision, appendice de l’autorité suprême, recommande
aux femmes de ne pas utiliser de levure importée. L’argument avancé,
pour crédibiliser le précieux conseil, est que ladite levure est fabriquée
à base de porc. Allez savoir où le gourou mégalo et très remonté
est allé puiser son inspiration. Sans doute dans quelque encyclopédie
consacrée au bien-être de musulmans tatillons. Je me souviens qu’à
une certaine époque, je ne sais plus quel abruti avait déconseillé aux
diabétiques d’utiliser de l’insuline importée sous prétexte qu’elle était
fabriquée à base de graisse de porc. Et en contrepartie, il n’offrait rien.
Je m’étais alors surprise à me demander pourquoi les malades,
en plus d’avoir été abandonnés par le ciel, seraient voués par lui à l’enfer ?
Une prétendue complicité entre celui-ci et notre gourou semblant établie,
peut-on admettre qu’il ait tranché en faveur d’un charlatan ? Pourquoi
une chaîne de télé travaille-t-elle à la promotion de l’ignorance ?
Un média dont le ton est ponctué d’agressivité quand la torpeur
rituelle n’est pas au rendez-vous. Qui cela arrange-t-il de maintenir la
culture au ras des pâquerettes ? On dirait qu’en haut lieu on n’aurait pas
trop le temps de s’en inquiéter, occupé que l’on est à dénombrer les
potentiels dauphins. Voilà un système qui met beaucoup de cœur à contenir
et narguer le moindre élan vers le progrès. Quand on pense que des médias
lourds se font les relais d’une pensée rétrograde en forte évolution,
on se dit que le pire reste à venir ! On nous diffuse à des heures de grande
écoute des inepties à coups d’effets de manche détestables.
Quand on pense que les propos en question passent pour divertissants
aux yeux de ceux qui les conçoivent !
M. B.
Un remède contre l’isolement ?
SOIT DIT EN PASSANT
16 Juin 2016
Un remède contre l’isolement ?
Pièce jointe 24173
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
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Il est des jours comme ça où ce qui fait le succès des réseaux
sociaux nous intrigue. Certains comme Michel Polnareff,
l’un de mes chanteurs préférés, mettent cela sur le compte de
la solitude. Je ne suis pas loin de me dire qu’il y a certainement
du vrai là-dedans. Ceux-ci s’en servent pour se faire de la pub
gratuitement, ceux-là pour alerter sur les dangers qui nous
guettent, certains pour confier leur chagrin, d’autres pour
les rencontres et de nouvelles amitiés, et il y a enfin ceux qui y
vont pour la drague. Ils sont lourds mais pas pour tout
le monde. Quoi de plus compréhensible ? Si l’on est maladroit
dans la vie de tous les jours en présence de filles ou de garçons,
on garde, même en se cachant le visage, la gêne que l’on trimbale
par nature.Généralement, ce sont des personnes qui vont avoir
besoin de se présenter différemment, pour un temps, histoire de
gagner en assurance même si l’abus de pseudos nuit gravement à
la crédibilité, en même temps qu’il renseigne sur la piteuse mentalité
d’une catégorie d’individus.Les réseaux sociaux se révèlent
souvent utiles quoi que puissent en penser les réfractaires aux
contacts nouveaux et à l’ouverture aux autres. Ils rendent possible
une communication parfois inenvisageable avec le monde extérieur
autant que l’occasion de se rapprocher des bobos vécus au quotidien
par les uns et les autres. Prodigieux moyen de prêter une oreille
attentive à ceux qui ne veulent pas rester en marge ou se priver d’un
appui moral souvent salutaire.La solidarité est émouvante lorsqu’elle
s’exprime ainsi. Sinon pourquoi y aller ? La compassion permet, elle
aussi, d’entretenir une connexion quelquefois moquée, souvent louée.
Prenons l’exemple de Facebook où beaucoup n’osent pas encore
s’aventurer. Voilà une fenêtre ouverte sur un univers auquel chacun
s’adapte comme il veut ou peut. Un espace où l’on découvre le
caractère futile des infos qui plaisent et le caractère grave de celles qui
font fuir ou laissent indifférent. Un magnifique moyen de retrouver
les copains perdus de vue ou de redonner du souffle à des moments
injustement oubliés d’un parcours personnel.
M. B.
Coup de gueule d’un lecteur !
SOIT DIT EN PASSANT
18 Juin 2016
Coup de gueule d’un lecteur !
Pièce jointe 24173
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
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Il est des jours comme ça où, alors que je m’attends à ce
qu’une association de protection des consommateurs se joigne
à certains d’entre nous pour pointer du doigt et dénoncer les
sévères écarts de prix pratiqués pour les fruits et légumes dans
les marchés, je finis par renoncer à mes espoirs en me disant
que la mafia qui règne chez les grossistes et revendeurs a encore
de beaux jours devant elle.En attendant qu’en haut lieu on pense à
sévir, parce que mettre de l’ordre dans toute cette pagaille reste
totalement hypothétique, j'ai la bonne surprise de recevoir du courrier
que je comprends comme le prolongement de ce que je tente parfois
de développer et qui me conforte dans mon engagement, fût-il
seulement verbal. Voici quelques extraits de ce que m’écrit un lecteur
pas content et en même temps pas du tout surpris par ce qui se passe
autour de lui «La crise s'installera quand les gens auront épuisé leur
argent ‘‘MAL ACQUIS’’… puisque vous parlez de consommation, je me
demande comment des gens arrivent à acheter des cerises à 1 500 DA
le kilo. De la folie…Je n’ai vu ça nulle part ailleurs au monde. 1 500 DA
pour un kilo de cerises, soit une seule cerise à 15 DA ! En France,
la meilleure variété d'entre elles (comme le bigarreau) coûte 8 euros
(soit près de 900 DA au taux officiel et 1200 DA au taux parallèle.
Pour les variétés communes comme celles vendues en Algérie, le prix varie
entre 3 et 6 euros le kilo (soit entre 450 et 750 DA). A 1 500 DA en Algérie,
le kilo de cerises coûte l'équivalent de 3 kilos en France. La crise, le pauvre
y étant confronté depuis longtemps déjà, s'installera définitivement lorsque
la dame que j’ai vue tout à l’heure au marché Meissonier ne pourra plus payer
4 500 DA pour 3 kilos de cerises comme elle l’a fait. Je suis titulaire de deux
diplômes universitaires et 4 500 DA, c'est 10% de mon salaire de cadre moyen
dans une municipalité. Cela représente 3 jours de travail pour moi
de 8h à 16h. Voilà où mènent les études en Algérie et à quoi cela sert de
s’entêter à vouloir rester en Algérie !» No comment Salim ! Pour s’élever
contre ce racket organisé, il faut être plus nombreux !
M. B.
Pour quelques bigots de trop !
SOIT DIT EN PASSANT
19 Juin 2016
Pour quelques bigots de trop !
Pièce jointe 24173
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où je me dis que si chacun d’entre nous
s’occupait à faire fleurir un minimum de civisme au sein de sa propre
famille, le monde ne s’en porterait pas plus mal. A chaque
Ramadhan, il y en a qui prennent leur congé pour aller faire les poches
aux passants parce que ça rapporte plus, et il y en a qui sont habités
par un besoin de repentir qu’ils projettent sur les autres. On rencontre
également certaines personnes dont on se doute, en lisant leur courrier,
qu’elles se sont comportées de façon immonde tout le reste de l’année
et qu’elles pensent pouvoir s’amender en prêchant à l’envers ou en
vous assénant des explications confuses, en rapport avec ce qu’elles
imaginent avoir bien assimilé des textes sacrés. Pour la oumma el
islamiya dont nous sommes tous censés relever, ce sera le Coran.
Personne n’a été choqué par le fait qu’un prédicateur raconte
n’importe quoi sur une chaîne de télévision adoptée par un bon nombre
de téléspectateurs.Un lecteur au ton quelque peu suffisant a cru devoir
s’élever contre le fait que j’ose parler du ciel de la façon dont je l’ai fait.
Et si vous vous exerciez à faire respecter votre morale chez vous,
cher monsieur ? Comment vous vivez votre foi durant l’année n’intéresse
personne. Quant au mois réservé au jeûne, accordez donc aux autres
la liberté de prendre soin de la leur.En d’autres termes, j’aurais très
envie de mettre en avant vos connaissances bancales en la matière.
Pour ma culture, ils sont pas mal talentueux les érudits dont les paroles
m’apaisent et auprès de qui je m’empresse d’aller m’abreuver lorsque
le doute m’habite. Autant le dire, je trouve insupportables les faux dévots,
les hypocrites qui se la jouent experts en islamologie. Il y en a un qui,
après m’avoir confirmé que «certaines sauces profanes poussent à sonner
le glas», ajoute que ce n’est pas le thème qui lui a donné envie de m’écrire
mais le besoin de «corriger une fausse doctrine apparue dans une phrase
dans le corps du texte» ! Une doctrine ? Où ça ? Et celui qui s’élève contre
ces «êtres qui ont oublié le chemin de Dieu», signe «Un fidèle lecteur anonyme».
M. B.