Israël-Palestine : face à ce conflit insupportable, je me sens couvert de honte
Par Daniel Salvatore Schiffer
Philosophe
Dimanche 20 juillet, des milliers de Palestiniens ont fui le quartier de Chajaya, à l'est de Gaza.Au 14e jour de l'offensive israélienne, le conflit a fait 501 morts Palestiniens, dont une majorité de civils et 81.000 déplacés. Le conflit israélo-palestinien s'arrêtera-t-il bientôt ? Daniel Salvatore-Schiffer, signataire du JCall, l'espère de tout son cœur.
Tank israélien à la frontière de la Bande de Gaza le 20 juillet 2014.
Nul n'ignore mon attachement à Israël, pays que, depuis que mes pères eurent à subir l'indicible martyre de la Shoah, je porte dans mon cœur.
C'est donc avec une intime conviction que je prône, pour l’État d'Israël, le droit de se défendre lorsqu'il se voit attaqué, comme lors de ces dernières semaines, par des centaines de roquettes tirées par ces terroristes que sont, dans la Bande de Gaza, les affidés du Hamas. Ces derniers se cachent pour commettre leurs inqualifiables meurtres, derrière leur propre population, qu'ils prennent en otage, tels des boucliers humains.
Je le clame d'autant plus haut et fort que ces embrigadés du fascisme vert sont de fieffés antisémites de surcroît.
Des centaines d'innocents tués
Mais, ces prémices étant bien établies, est-ce là une raison – une raison nécessaire et suffisante – pour qu'Israël se comporte à son tour, au vu de l'extrême violence avec laquelle son armée (Tsahal) est en train de mettre actuellement à feu et à sang cette même Bande de Gaza, comme un assassin ?
Détruire les tunnels bellicistes du Hamas, oui ! Mais non pour autant – la nuance est de taille – de centaines d'innocents ! Qu'on en juge par le seul nombre de Palestiniens morts, presque tous civils (femmes, enfants et vieillards confondus), depuis le début, le 8 juillet dernier, c'est-à-dire en 13 jours seulement, de cette offensive militaire de vaste ampleur (par mer, air et terre) : plus de 400 tués, sans compter les milliers de blessés, victimes des mal nommés "dégâts collatéraux".
Un massacre, perpétré en toute impunité ! Pis : avec le consentement, sinon la tacite complicité, des États-Unis, dont le président, l'inénarrable Barack Obama, est prix Nobel de la paix !
Israël et l'Amérique seraient-ils donc, par on ne sait quel absurde et inéquitable privilège, au-dessus des lois, du droit international même ?
Un crime contre l'humanité
Autant dire que c'est là, de la part d'Israël, un acte aussi révoltant qu'abominable sur le plan humain, quels que soient les motifs (les ennemis de ce pays parleront là, fussent de manière indue, d'"alibis expansionnistes" ou de "prétextes géopolitiques") pour le justifier.
Ce crime, hautement répréhensible sur le plan moral, n'a pas de nom, sinon celui, précisément, de "crime de guerre", voire, plus grave encore, de "crime contre l'humanité".
Je le clame donc ici aussi, porté en cela par ma seule conscience morale d'homme libre, avec une identique conviction, quitte à ce que l'intellectuel juif que je suis se mette à nouveau bon nombre de ses pairs à dos : Israël n'est pas digne, en cette effroyable circonstance, de son Histoire. Pis : il la dénature, au gré de ses seuls intérêts géostratégiques, et la trahit !
Davantage, et sans certes vouloir comparer ici l'incomparable : Israël, État qui vit le jour au lendemain (1948) de ce crime unique dans les annales de l'(in)humanité que fut l'Holocauste, n'a-t-il donc rien appris, ou si peu, des immortelles leçons de son glorieux quoique douloureux passé ?
À moins que ce ne soit, pis encore, l'obscurantiste et rétrograde loi mosaïque du talion ("œil pour œil et dent pour dent, mais à puissance dix ici !") à présider, encore aujourd'hui, à son destin politico-religieux.
La politique menée ces derniers temps par la droite israélienne s'avère à long terme aussi désastreuse, par son radicalisme idéologique et son intransigeance politique, que celle des extrémistes palestiniens : une impasse ne conduisant qu'au pire des scénarios-catastrophes !
Je me sens couvert de honte !
Israël ne se rend-il donc pas compte qu'en confinant ainsi près de deux millions d'êtres humains – les Palestiniens, en l'occurrence – dans une terre (la Bande de Gaza) longue d'un peu plus de 40 kilomètres et large de moins de 10 kilomètres, il ne fait que répéter ainsi, leur niant en outre tout droit d'exister en tant que peuple libre et nation indépendante, ce que les Allemands firent avec les juifs, de sinistre mémoire, dans le ghetto de Varsovie ?
J'ai mal à mon sens de l'humanité lorsque je vois, sur mon écran de télévision, des images de mères palestiniennes hurler à la mort sur le cadavre ensanglanté de leur enfant déchiqueté par un missile israélien.
À ces pères et ces mères en larmes, toute ma compassion ! Je suis là, n'en déplaise à ma patrie d'élection qu'est Israël, tout aussi Palestinien que juif. L'inhumaine souffrance n'a pas de nationalité, ni de frontière, de culture ou de religion ; elle est universelle, et, parfois, je me sens, à entendre ces cris déchirants résonner dans le désert du monde, couvert de honte.
Cela m'est, tout simplement, insupportable ! Alors ma voix, comme aujourd'hui en cette tribune, s'élève, trop solitaire, je le regrette amèrement, parmi mes pairs juifs !
Indignation sélective : où sont les intellectuels juifs ?
Mais une autre interrogation, non moins lancinante, me vient aussi, en ces jours mortifères, à l'esprit : où sont donc aujourd'hui, pour condamner cette agression israélienne, ces intellectuels juifs, les plus médiatisés surtout, toujours si prompts à fustiger les crimes partout dans le monde, à juste titre par ailleurs, à la notoire mais partiale et irrationnelle exception de ceux perpétrés par Israël ? Un injustifiable, par la plus lâche et ignominieuse des indignations sélectives, "deux poids, deux mesures" !
Ainsi, par exemple, aimerait-on entendre un Élie Wiesel, un Alain Finkielkraut ou un Bernard-Henri Lévy dénoncer publiquement, avec courage et au nom même de ces principes universels qu'ils ne cessent de revendiquer, les bombardements israéliens à l'encontre des civils palestiniens comme ils s'insurgèrent naguère, dans les années 1990, contre le siège de Sarajevo, par exemple, par les forces militaires serbes.
Leur silence, en cette triste circonstance, est aussi assourdissant, paradoxalement, que celui, tout aussi coupable, des intellectuels musulmans lorsqu'ils se refusent à condamner ouvertement les crimes commis par les intégristes islamistes et autres djihadistes de tous poils.
Un humaniste digne de ce beau et noble nom se doit de condamner, tel un impératif catégorique, le crime d'où qu'il vienne, sans se laisser enfermer en un quelconque esprit partisan, ni manichéisme étriqué ou dogmatisme de tout aussi mauvais aloi.
Attitude intellectuelle, celle-ci, trop rare, hélas, au sein du monde contemporain !
J'ai en horreur ces intellectuels juifs qui brandissent leur religion comme un pays, qui font de leurs pensées "Une pensée unique". Quiconque ne pense pas comme eux est antisémite. Faut se réveiller les Arabes sont des Sémites. Victimes de la Shoah qu'ils brandissent à bout de bras dès que la critique fuse sur les exactions d'un état qui n'est pas leur. Dès qu'un historien israelien comme Shlomo Sand
Comment fut inventé le peuple juif, critique le sionisme et la dictature de l'état hébreu de par le sionisme, ils le fustigent. Il a raison de soulever la question où sont les BHL et les autres eux qui sont toujours au premier rang quand il s'agit d'Irak, Libye, Tunisie, Sarajevo et j'en passe .....De par leur silence abject on comprend qu'ils ne sont mus que par une seule et même conviction semée leurs diktats sionistes dans les hautes sphères du pouvoir de droite, comme de gauche et ça marche !
C'est ma pensée du jour
Eden