Patrick Mennucci, Président du groupe parlementaire d’amitié France-Algériele 02.06.16|11h54
«Nos relations bilatérales sont trop profondes, trop fondamentales,Patrick Mennucci, député des Bouches-du- Rhône et président du groupe
pour être tributaire des remous de l’actualité au quotidien»
parlementaire d’amitié France-Algérie a défendu en mars dernier la volonté
du président français François Hollande de commémorer le cessez-le- feu
de la guerre d’Algérie. Se disant très attaché à l’Algérie où il compte de nombreux
amis, il fait partie de la délégation parlementaire conduite par le président de
l’Assemblée française, Claude Bartolone, qui est attendue aujourd’hui à Alger.
A cette occasion, Patrick Mennucci, a bien voulu nous faire le point sur l’état
des relations parlementaires entre l’Algérie et la France.
Propos recueillis
Par Zine Cherfaoui
Peut-on connaitre, monsieur Mennucci, l’objet de votre visite en Algérie ?
Tout d’abord, c’est toujours un honneur et un plaisir pour moi de me rendre
dans votre pays auquel je suis très attaché par des liens aussi bien politiques
que personnels et affectifs. Ensuite, en tant que président du groupe
parlementaire d’amitié France-Algérie, il est normal que j’accompagne.
Le Président Bartolone, qui présidera avec son homologue M. Ould Khalifa
les travaux de la grande commission parlementaire algéro-française.
Quel est l’état de la coopération parlementaire entre l’Algérie
et la France ? Quels sont les principaux dossiers que vous aborderez
avec vos homologues algériens ?
La coopération parlementaire est un élément essentiel des relations bilatérales
entre nos deux pays car elle est moins sujette aux fluctuations liées à l’actualité
immédiate. Par ailleurs, depuis 4 ans, j’ai noué des relations de confiance et
d’amitié avec mes homologues algériens, en particulier le Président du groupe
parlementaire algérien M. Belkacem Bellabes. Ce climat de confiance et de respect
mutuel a donné des résultats appréciables, par exemple le fait d’être arrivés,
à notre initiative, à une reconnaissance commune des massacres du 8 mai 1945
à Setif, Guelma et kherrata. Enfin, nous avons pesé en coulisses pour faire
avancer de nombreux dossiers, en matière sécuritaire et économique notamment.
Justement, vous nous avez récemment indiqué qu’il sera aussi question
lors de vos échanges avec vos collègues députés algériens de la sécurité
en Afrique. Au niveau parlementaire, cela est assez inédit.
De quoi parlerez-vous exactement ?
Comme vous le savez, la France est engagée sur plusieurs théâtres d’opération
en Afrique afin de lutter contre notre ennemi commun, je veux bien sûr parler du
terrorisme. Il est clair que l’Algérie est la clef de voûte de la sécurité pour une
grande partie du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne. Par ailleurs, vous savez
que notre constitution prévoit que le parlement doit être consulté en matière
d’opérations militaires extérieures, notamment si celles-ci doivent se prolonger.
Notre intervention dans ce domaine est donc parfaitement légitime dans le respect
des prérogatives du Président, du gouvernement et des forces armées.
Évoquerez-vous plus généralement la question de la coopération sécuritaire
entre l’Algérie et la France ? De votre point de vue, elle en est où actuellement ?
Bien sur, et cela constitue même le thème central de ma communication devant la grande commission. Actuellement, la coopération sécuritaire entre nos 2 pays est excellente
pour la bonne et simple raison que nous faisons face ensemble à la barbarie terroriste.
La France a connu les attentats barbares que vous savez, quand au peuple algérien,
il a expérimenté dans sa chair cette horreur durant la décennie noire.
Les perspectives de coopération resteront, je le crois, excellente, jusqu’à ce que
l’hydre terroriste soit définitivement mise hors d’état de nuire.
Des observateurs pensent que le conflit du Sahara occidental, dans le cas
où il venait à perdurer, pourrait déteindre sur les relations algéro-françaises
qui n’ont probablement jamais été aussi bonnes (Du moins, cela jusqu’au
tweet du Premier ministre français, Manuel Valls). Cela, disent-ils, en raison
du soutien franc accordé par la France au Maroc. Qu’en pensez-vous ?
Tout d’abord, permettez-moi d’adresser par votre intermédiaire mes plus sincères
condoléances au peuple sahraoui suite à la disparition de leur leader
M. Mohamed Abdelaziz. J’ai eu l’occasion de le rencontrer lorsque je me suis rendu
au camp de réfugiés en septembre 2014. Je garde le souvenir d’un homme
entièrement habité par la cause qu’il défendait et représentait. Ensuite, sur votre
question je vous répondrai que je ne suis pas un observateur, mais un acteur politique,
et à la place qui est la mienne, je n’ai pas à commenter des commentaires.
Ceci dit, la position française est connue, basée sur le respect du droit international,
et non pas dictée par des considérations conjoncturelles. J’ai, d’ailleurs, moi même
récemment prononcé le discours d’ouverture d’un colloque de soutien au
peuple sahraoui qui s’est tenu le 19 Avril 2016 à l’Assemblée Nationale. Enfin, comme
je l’ai indiqué au début de notre entretien, la relation bilatérale est trop profonde,
trop fondamentale, pour être tributaire des remous de l’actualité au quotidien.
Z.C