Amar Ghoul promet de rendre public son bilan de
ministre. Pas besoin de lui pour ça ! Son bilan chiffré
peut déjà être consulté dans les…… cimetières où reposent les victimes
de ses autoroutes ! Et voilà qu’il se murmure, qu’il s’écrit aussi, que Belkhadem pourrait revenir au Front et aux affaires ! Parce que, paraît-il, «ça ne peut plus durer comme ça au FLN». Quand me parviennent ce genre de rumeurs, je vous jure que j’ai dans mes oreilles le bruit insoutenable, strident, lancinant de l’aiguille de saphir de ma platine disque – oui, oui, je sais que le CD a été inventé entre-temps, mais je suis encore en mode platine —restée coincée dans la dernière rainure, l’ultime sillon du vinyle. Terrible torture pour les oreilles ! Mais aussi et surtout seule mécanique tractant le pays. Une mécanique à l’arrêt. Donc, ne le tractant même plus ! Ammar remplace Abdelaziz II. Ensuite, Belkhadem revient pour reprendre la place que lui avait prise Saâdani. Et ça ne fonctionne pas seulement pour le Front. C’est aussi valable pour… tout le reste ! Le tout, sauf Bouteflika, installe lui aussi une drôle de tournante au sein de l’opposition. Les mêmes «démocrates» qui s’allient aux mêmes islamistes, avec pour seul programme le départ de Abdelaziz 1er. Et après, nous avons beau jeu de nous déclarer «scandalisés» par la nomination de Boualem Bessaïeh à un haut poste de responsabilité ! M’enfin ! Soyons un peu sérieux. Un court instant, mais un instant tout de même. Quand on vit et endure en permanence la tournante Saâdani-Belkhadem, on a au moins la décence de ne pas pousser des cris d’orfraie lorsqu’un vieil homme est re-convié ainsi au ballet funéraire de l’Algérie. Bessaïeh ? Bien sûr, Bessaïeh ! Bessaïeh ? Et alors, Bessaïeh ! Ça vous gêne à ce point ? C’est insupportable, tellement ? Petites natures, va ! Chochottes ! Demain, Belkhadem va revenir. Demain, des tribuns vont dire tout le bien qu’ils pensent de l’Empastillé, de ses valeurs rassembleuses et de sa sagesse. Les mêmes tribuns qui s’étaient tous agenouillés aux pieds de Saâdani pour lui cirer les pompes avec leurs langues mises en Front docile et militant. Allez ! De grâce, laissez-moi changer de microsillon sur ma platine. Au moins cet air-là, j’en ai encore la commande !
Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L. |