La cocaïne fait des ravages en Algérie.
Raouraoua confirme !L’avantage, quand tu es assis, c’est que t’as le temps. Surtout lorsque t’es assis pour longtemps. Disons lorsque tu es immobilisé pour une raison ou pour une autre, ou pour les deux réunies, aux pieds de ton fauteuil peu roulant. Et donc, quand t’as autant de temps, tu le prends. Mais vraiment, tu le prends ! Pour échafauder ta vengeance. Parce que de tout… temps, du tien propre ou de celui que tu estimes t’avoir été volé, tu as toujours fonctionné en mode combiné vengeance-revanche. Mais attention ! Pas de cette vengeance bas de gamme, celle des supermarchés, soldée et fin de série. Non, bien sûr. Ta vengeance à toi, c’est de l’art florentin en bidon de 15 litres concentrés, un litre par saison de règne revêche. Normal, car je rappelle que sur un fauteuil, mis à part faire toc-toc de temps en temps sur son micro-casque, on n’a rien d’autre d’intéressant à se mettre sous le dentier que de bouger les lèvres face à la caméra. Oui ! C’est vrai ! Accessoirement, on peut meubler son temps vide et son ennui en virant le caméraman si l’on juge que les lèvres ne bougent pas assez vite à l’image du Petit Journal. Mais bon, en dehors de ça, on passe son temps assis à penser, à affiner, à ciseler, à dessiner, à échafauder, à tricoter, à égrener, à concocter, à mitonner, à bichonner (c’est bon ou je continue ?) à monter, à bâtir, à scénariser, à réaliser sa vengeance et à la traduire en revanche saignante. Oh ! Bien sûr, la difficulté ensuite, c’est d’identifier la chose, les faits comme émanant directement de cet acte de vengeance, puisque du temps a coulé sous les ponts mal construits par Ghoul, le footballeur. Mais si l’on prend à notre tour le… temps de bien lire les informations qui nous parviennent du Palais et de son agence agencée comme il se doit, nous découvrons à travers les lignes d’un communiqué se voulant anodin et restreint les marques de cette vengeance froide. Sans âme. Façonnée par le temps pris sur l’avenir des Algériens. Faire payer l’affaire Khelil ! En plongeant les têtes des magistrats qui n’ont pas «marché sur la ligne» (traduction littérale d’une expression que j’adore, empruntée à la derja) dans le bidon rance et vaseux des oubliettes de la justice. Faire payer au bout d’un certain temps, d’un temps certain, toutes celles et tous ceux qui ont eu l’outrecuidance de toucher à l’intouchable. Le fauteuil peu roulant, l’argent déroulant de la République, et l’impossibilité chronique, atavique, génomique de vivre avec son temps et l’avenir de l’Algérie permettent tout ça. Ce luxe pervers de la vengeance-revanche. Et je n’évoque ici que la justice «civile». Que dire alors de la justice militaire et du champ de victimes récentes qui jonchent ses cours ? Rien !
Juste fumer du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L. |