L’Allemagne invite l’Algérie à récupérer ses ressortissants.
Ah bon ? Et moi qui pensais que…
… Sellal était déjà rentré de Berlin !Le contraste est violent. Au bord de la nausée, je lis les «dossiers historiques» miraculeusement sortis pour «disqualifier» Yacef Saâdi et Zohra Drif. Puis, je revois les photos et vidéos des gosses descendus l’autre jour marquer leur solidarité avec un chanteur de rue privé de… rue. Ces deux mondes n’ont plus rien à voir. Ces deux mondes sont irrémédiablement séparés par une dimension-tampon, un gué fangeux désormais impossible à franchir. Il y a ce monde du hold-up de 1962. Et l’autre, celui des pris en otage. Comment espérer relier à nouveau les deux ? Ne surtout pas tenter de le faire ! Aucune greffe ne peut prendre à ce niveau d’incompatibilité. Je ne veux même pas revenir sur les faits. Pourtant, J’aurais pu m’interroger légitimement, en simple saltimbanque : pourquoi avoir nommé, désigné Yacef et Zohra au Sénat, il y a déjà quelque temps, si le Palais savait ce qu’ils «ont commis» durant la guerre ? Le Palais dans tous ses démembrements, douves comprises, avait ces documents – à charge pour l’Histoire de déterminer leur authenticité et leur valeur à charge —, pourquoi avoir alors placé des «traîtres» au Sénat ? Je suis chroniqueur. Pas juge. Saâdi et Drif sont assez grands pour se défendre. Mais reste là, en face de mes mirettes, le fossé. L’infranchissable fossé. D’un côté, la laideur d’une caste assise sur des pratiques ignobles. Tu es avec moi. Si tu n’es plus avec moi, je te casse, je te démolis et te salis. Et de l’autre, des musiciens en herbe, des bambins, comme les a excellemment décrits hier Maâmar Farah, n’ayant pour seule richesse et seule tactique de vie que les couleurs bariolées et la candeur fraîche jetées au visage ridé, fripé et vicieusement mourant, agonisant de ce régime. L’issue de ce face-à-face ne fait plus aucun doute à mes yeux. Que peut un fauteuil roulant et ceux qui le poussent de manière sadique, mortifère, devant un couplet de Dylan ou de Matoub ? Rien ! Absolument rien. Mais si l’issue heureuse est déjà écrite, Dieu que la bête, en se débattant ces derniers jours, ces dernières heures,
est hideuse à voir. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L. |