France. Terrorisme. Saisie d’un lot important de… … faux ventres de femme enceinte, de faux nez,
de perruques vert fluo et d’éléphants roses ! Nos parents, et avant eux, nos grands-parents, l’avaient prédit : viendra un temps, sur ce caillou battu et balayé par les vents mauvais du reniement, qui verra même les chiens, les moins que chiens, les harkis et fils de harkis lâchés des chenils puants et des réserves dormantes de harkis. Ce temps est venu. Franchement venu parce qu’assurément, aujourd’hui, s’annonce la bataille. Peut-être la dernière avant le chaos ou, la dernière avant la lumière enfin victorieuse en cette contrée de soleil confisqué. Nos moudjahidine aujourd’hui fatigués et rangés dans leurs salons emplis de la pénombre lourde d’une indépendance tôt privatisée l’avaient prononcé eux aussi, cet oracle : viendra le temps où les enfants des miliciens, les restes chlinguant des traîtres en armes seront réactivés pour venir emplir l’air de leurs rires sardoniques et appesantir le bleu azur, au large, de leurs nuages de revanche crasse. Un vieil émir fatigué, mais à la barbe superbement taillée, un guerrier juché sur son coursier chevauchant la plaine de la Tafna, avait ordonné à sa monture de s’arrêter pile sous un arbre désolé, avait lâché la bride par terre, son regard avec, n’avait pas adressé un reproche à ceux qui venaient là, de le trahir, et avait suivi d’un pas douloureux le long chemin de l’exil syrien. Ce vieil émir exténué devant les meutes des bébés-caïds avait pris une longue inspiration avant de s’engloutir dans les pages poussiéreuses d’une histoire officielle qu’il a maudite, parce que si petite devant cet immense pays d’où il venait d’être banni. Cet émir avait compris que les traîtres sont souvent plus implacables que leurs mandataires. La Syrie oula n’touma semblait hennir son fier coursier resté là, en rade de gloire. Tous ceux qui habitent notre saine mémoire nous avaient pourtant prévenus : viendra le temps où les vautours se gausseront d’apprendre à voler aux aigles. Ce temps est là. Je n’en suis même pas étonné. Il est là, couleur brune des milices supplétives. Ou couleur «bleuite» des UT, les Unités territoriales, des GAD, des Groupes d’Autodéfense, des GMS, les Groupes Mobiles de Sécurité, des Mokhaznis. J’en réglerais presque mon horloge sur les rondes du «Commando Georges» dont j’entends, en 2015, le pas lourd sous ma fenêtre. Demain, déjà, les enfants et petits-enfants des traîtres miliciens, la semence conservée de la lignée du bachagha Boualem, vont nous convoquer sur la place du village pour y admirer l’éclat de leurs nouvelles médailles. Demain ? Non ! Aujourd’hui, déjà, la rue sent le chien bâtard en rut. Il nous aboie de sortir en procession de nos maisons, de nous diriger vers nos cimetières pour y pisser sur les tombes de nos martyrs. Ou de mourir. Au bord d’un pays entièrement volé. Une dernière volonté, condamné ? Oui Missié ! Oui, traître et fils de traître, engeance de milicien, j’ai une dernière volonté. J’voudrais, s’il ti plaît, que tu me laisses fumer une ultime fois
du thé pour rester faussement éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L |