Coopération. Des experts canadiens vont former de hauts
cadres algériens à la bonne conduite des réformes. S’ils
pouvaient nous former à…
… la bonne conduite, tout court !C’est quasiment officiel ! Les Chinois vont nous livrer l’Opéra d’Alger dont ils nous ont fait cadeau. Livraison prévue au cours du premier trimestre 2016. Bonne nouvelle, donc. Je ne voudrais pas paraître abuser de la gentillesse de nos «partenaires» chinois qui ont eu déjà ce geste unique de nous offrir un opéra. Ce n’est tout de même pas courant qu’un pays producteur de pétrole, de gaz et d’hommes providentiels qui ont marqué l’histoire universelle, Madjer, Belloumi, Assad, Brahimi ou encore Cheb Khaled, reçoive d’un autre pays un opéra en cadeau. Mais je tenais, malgré ma gêne profonde, à demander encore quelques petits trucs, d’autres présents à nos amis chinois, grâce à qui beaucoup d’entre nous ne dorment plus dans des caves humides ou à la belle étoile. Allez ! Je me lance ! Amis chinois, frères chinois, pourriez-vous, en plus de ce magnifique opéra, nous offrir aussi l’orchestre qui va avec ? Oui ! Un opéra vide, ça serait du plus mauvais effet. Que ferions-nous d’un opéra sans vie, sans animation ? D’autant plus que comparé au prix du premier cadeau, le bâtiment en lui-même, un petit orchestre en rab, en supplément, disons légèrement philarmonique, pas trop car il ne faut jamais abuser de la gentillesse des généreux donateurs, ça ne doit pas représenter une dépense astronomique. Oui, vous le sentez bien que je suis encore gêné, hein ? C’est parce qu’emporté par mon «élan demandeur», tout empreint de ce vent de fraternité que la Chine fait souffler sur nos mains tendues, paumes en avant, j’ai encore envie de demander, d’implorer Pékin de nous gratifier d’un ballet ou deux. Oh ! Pas de grands ballets. Non ! Juste de petits ballets, de quoi faire résonner un peu les murs de l’opéra lorsque l’orchestre plus ou moins philarmonique se reposera de temps à autre. Une compagnie théâtrale ? Ah ! Vous avez réussi à lire sur mes lèvres que je souhaitais, dans la foulée, que la Chine nous offre une compagnie théâtrale ? Vous lisez bien sur les lèvres, je dois vous l’accorder. Alors oui ! Pour clore cette corbeille de la mariée, une troupe théâtrale, ça serait fun ! Tout en vous réitérant, amis et frères chinois, l’expression de ma contrition et de mon effarement devant autant d’audace de ma part. Recevoir un opéra en cadeau, et demander, en sus, un orchestre, un ballet ou deux et une compagnie théâtrale, et puis quoi encore ? Jusqu’où irons-nous ?
Jusqu’à fumer du thé chinois pour rester éveillés à ce cauchemar qui continue.
H. L. |