Une autorité à l’épreuve de l’anarchie
Une autorité à l’épreuve de l’anarchie

Sellal installe les membres de l’ARAV
le 21.06.16 | 10h00
Après plusieurs mois d’ajournement, le gouvernement a fini par
installer les membres de la fameuse Autorité de régulation de
l’audiovisuel prévue par la loi portant organisation de l’activité
audiovisuelle promulguée en 2014.Cette instance, qui aura en
charge de réguler et d’organiser le secteur des médias lourds,
est présidée par le journaliste, communicant et ancien directeur
général de la Radio nationale, Zouaoui Benhamadi. Cette
«autorité indépendante» compte neuf membres, dont des
universitaires et des journalistes, nommés pourtant par
décret présidentiel.Aucun membre n’est proposé par les médias.
Cinq membres dont le président de l’Arav sont désignés par le
président de la République, alors que deux membres sont choisis
par le président du Conseil de la nation et deux autres sont proposés
par le président de l’Assemblée populaire nationale. Le Premier
ministre Abdelmalek Sellal, qui a procédé hier à l’installation de
l’ARAV, a affirmé que cet organe «est indépendant et son action n’est
encadrée que par les seules dispositions de la loi». M. Sellal n’hésite
cependant pas à donner des instructions et injonctions aux membres
de l’ARAV. «Les actes de diffamation, de chantage et d’appels à la
violence et à la fitna seront également et fermement combattus et
sanctionnés», dit-il aux membres de l’Autorité fraîchement installés,
censés être les seuls juges et contrôleurs de l’activité audiovisuelle.
Le Premier ministre qui, il y a quelques semaines avait déjà pris la
décision de procéder à la fermeture de plusieurs chaînes de télévision
non «autorisées» par ses services, souligne encore dans son allocution
que le gouvernement et l’ARAV «soutiendront et seront aux côtés des
médias qui s’inscriront dans cette démarche vertueuse, dans le respect
de la loi et de la liberté d’information et d’expression».
Et d’ajouter «La loi sera strictement appliquée pour protéger les droits
des journalistes et des artistes qui travailleront dans ce domaine, veiller
au respect de la législation et de la réglementation en vigueur et sévir en
cas d’atteinte à la mémoire collective, aux référents religieux, à l’identité
nationale ou à la cohésion de la société.» Le Premier ministre donne ainsi
la feuille de route à suivre par l’ARAV. «Nous attendons de ses membres
une action volontariste, pour veiller au libre exercice de l’activité audiovisuelle,
à l’impartialité, à l’objectivité, à la transparence, à la promotion des langues
nationales et au respect des valeurs et des principes de la société algérienne»,
indique encore M. Sellal. La mission de l’ARAV est ardue.L’anarchie règne dans
le secteur de l’audiovisuel où les chaînes privées sont tolérées et non autorisées
à travailler dans la légalité. Un secteur où les marques d’allégeance au pouvoir
font passer les graves dérives et atteintes à la déontologie. Alors que le moindre
signe de critique de la politique gouvernementale peut valoir à la chaîne une
menace de fermeture. L’ARAV est appelée à mettre de l’ordre dans un secteur
piégé par l’instrumentalisation politique.Comment réagira-t-elle sur l’affaire KBC ? Comment fera-t-elle face aux incessants dérapages assumés par les télévisions
privées dites proches du cercle présidentiel ? Assumera-t-elle les critères d’allégeance
au pouvoir dans le choix des chaînes autorisées à émettre ?
Un grand chantier attend les membres de l’ARAV.
Liste des membres
Désignés pour un mandat de 6 ans non renouvelable, les membres de
l’ARAV ne doivent jouir d’aucun mandat électif, emploi public,
activité professionnelle ou responsabilité exécutive dans un parti politique.
Ces mêmes membres «ne peuvent percevoir, directement ou indirectement,
des honoraires ou toute autre forme de rémunération, sauf pour services
rendus avant leur entrée en fonction. Ils ne peuvent aussi détenir,
directement ou indirectement, des intérêts dans une entreprise ayant pour
objet une activité audiovisuelle, de cinéma, d’édition, de presse, de publicité
ou de télécommunications». La loi leur interdit aussi d’exercer une activité liée
à l’audiovisuel durant les deux années suivant la fin de leur mandat à l’ARAV.
Zouaoui Benhamadi : journaliste, communicant, gestionnaire d’organismes publics
Zahir Ihaddadène : journaliste, historien
Zaïm Khenchelaoui : anthropologue, chercheur
Abdelmalek Houyou : haut fonctionnaire, gestionnaire d’organismes publics
Dr Ahmed Bayoud : universitaire, haut fonctionnaire
Aïcha Kassoul : professeur, universitaire, diplomate
Zouina Abderrezak : professeur des universités
El Ghaouti Mekamcha : professeur des universités et ancien ministre de la Justice
Lotfi Cheriet : journaliste.
Nadjia Bouaricha
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ZsFa