A la une/Actualité_Révision de la Constitution
le 05.01.16 | 17h01 | mis à jour le 05.01.16 | 18h18


Les amendements proposés, aussi beaux soient-ils, ne peuvent combler le déficit de légitimité dont souffrent la Présidence qui a élaboré la nouvelle mouture et le Parlement qui devra la valider.
La Présidence de la République a dévoilé, aujourd’hui mardi, l’avant-projet de révision de la Constitution. Les amendements proposés ont porté notamment sur l’officialisation de la langue tamazight (art 3 bis) et le retour à la limitation des mandats présidentiels, à travers le rétablissement de l’article 74 qui avait sauté en 2008,
pour permettre à Abdelaziz Bouteflika de briguer un troisième mandat.

Le document présenté par le directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, lors d’une conférence de presse à Djenane El Mithak propose aussi, dans le préambule, la constitutionnalisation de la Réconciliation nationale.
Pour le reste, la nouvelle mouture de la Loi fondamentale du pays qui sera soumise en février prochain, à l’adoption par le Parlement, avec ses deux chambres, n’a pas porté de changements notables à la nature du régime politique. La formule « séparation des pouvoirs » rajoutée à l’ancien texte, ne précise pas
de quelle manière les pouvoirs législatif et judiciaire seront affranchis
de l’emprise de l’Exécutif. D’ailleurs, le Conseil supérieur
de la magistrature est maintenu sous la coupe du Chef de l’Etat.

Le texte prévoit aussi de tenir l’Algérie loin de la laïcité. L’article 2 « l’Islam est la religion de l’Etat »
n’a pas été touché. Autre abus, il est décrété que l’Algérie est un pays arabe.

Par ailleurs et au-delà du contenu des amendements proposés, le projet de révision constitutionnelle ne peut prendre en charge le principal problème politique en Algérie, à savoir la légitimité des institutions, à commencer par la Présidence, contestée par une bonne partie de la société et de la classe politique.
Il y a également l’état de santé du président Bouteflika qui met
en doute sa capacité à conduire un projet aussi crucial que l’élaboration
de la Constitution et de manière plus globale à diriger le pays.

Le Parlement, qui devra valider la nouvelle mouture, n’échappe pas à ce défaut de légitimité puisqu’il ne représente qu’une minorité d’Algériens. Le taux de participation officielle aux législatives de 2012 n’a pas dépassé les 43,3 %. Le FLN qui ne cesse de mettre en avant son statut de parti majoritaire n’a obtenu que 1.3 million de voix alors que le corps électorale compte plus de 21,6 millions d’Algériens en âge de voter.
Le manque de légitimité des institutions constitue le principal argument brandi par les partis
et les personnalités qui ont boycotté les consultations autour de la révision constitutionnelle.

Bref, la consécration des principes de libertés et de justice dans les différentes Constitutions
depuis 1962, n’a pas empêché les dirigeants successifs de les violer en toute impunité.