Syrie Le sort d’Alep reste incertain après la réunion du
Conseil de sécurité de l’ONU



    • Publié le 18.12.2016 à 18:33
    • Mis à jour le 18.12.2016 à 21:08



CONFLITS Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni ce dimanche pour examiner une résolution française sur l’évacuation des civils et insurgés d’Alep…
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C’est un nouvel échec pour les Nations unies et pour la diplomatie française dans le dossier syrien. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni ce dimanche pour se prononcer sur un projet de résolution présenté par Paris sur l’évacuation des dizaines de milliers de civils de la ville d’Alep. Au cours de cette réunion à huis clos, la Russie a promis de mettre son veto aux propositions françaises, tout en présentant sa propre résolution. Puis, en début de soirée, des diplomates faisaient savoir qu’un « terrain d’entente » avait été trouvé et qu’une résolution sur l’envoi d’observateurs serait soumise aux votes ce lundi. Retour sur une journée de bras de fer…

  • Que prévoyait la résolution française ?

Le texte de travail proposait de redéployer à Alep le personnel humanitaire de l’ONU déjà présent en Syrie vers Alep « pour une surveillance adéquate neutre et une observation directe » de « l’évacuation des parties assiégées d’Alep », pour contrôler que le cessez-le-feu tienne et vérifier que l’accès humanitaire se fasse. Paris proposait aussi de déployer des personnels supplémentaires et demandait à la Syrie de donner un droit d’accès à ces observateurs. Les Etats-Unis soutenaient cette proposition, comme l’avait indiqué vendredi l’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power « Nous espérons voter ce week-end, en raison de l’extrême urgence » de ce dossier. Le président américain Barack Obama avait déjà réclamé vendredi un déploiement d’observateurs impartiaux pour superviser les évacuations. Selon la diplomatie française, ce texte était soutenu par une « écrasante majorité du Conseil de sécurité ».

  • Comment a-t-elle été rejetée ?

La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, a usé de son droit de veto ce dimanche. « Nous ne pouvons laisser voter ce texte car c’est un désastre », a déclaré Vitali Tchourkine qui juge ce texte « impraticable et dangereux ». Pour justifier ce veto, l’ambassadeur russe Vitali Tchourkine a évoqué « des éléments discutables ». « Déployer des observateurs prend des semaines, penser qu’on peut le faire en deux ou trois jours n’est pas du tout réaliste », a-t-il souligné.

  • Que propose la Russie ?

L’ambassadeur russe à l’ONU a ajouté que la Russie, alliée du régime syrien de Bachar al-Assad, allait proposer son propre projet pour déployer des observateurs à Alep, mais sans donner de détails.
Le texte russe, que l’AFP a pu consulter, ne mentionne pas la présence d’observateurs internationaux sur le terrain. Il demande à l’ONU de prévoir des « arrangements » afin de « superviser la situation des civils encore présents à Alep ». La proposition russe souligne également « l’importance d’assurer le passage volontaire, digne et en toute sécurité de tous les civils (…) sous la supervision et la coordination de l’ONU, vers une destination de leur choix ».

  • « Un terrain d’entente » aurait finalement été trouvé

Ce dimanche soir, des diplomates ont affirmé que le Conseil de sécurité de l’ONU se prononcera ce lundi matin sur une résolution prévoyant le déploiement d’observateurs à Alep afin de superviser les évacuations et l’assistance humanitaire. L’ambassadeur français François Delattre a dit à la presse
que les 15 pays avaient trouvé « un terrain d’entente » sur un texte de compromis, son collègue
russe Vitali Tchourkine estimant qu’il s’agissait « d’un bon texte ».


  • En attendant, que se passe-t-il à Alep ?

Selon l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, il resterait environ 40 000 civils et entre 1 500 et 5 000 combattants avec leurs familles dans une poche rebelle de la ville, conquise presque entièrement par le régime du président Bachar al-Assad après une violente offensive aérienne et terrestre qui a duré un mois, doublée d’un siège hermétique depuis juillet. Ce dimanche, des dizaines de bus ont commencé à entrer dans le réduit rebelle d’Alep en vue de permettre une reprise de l’évacuation. Selon l’agence de presse officielle syrienne Sana, « les bus ont commencé à entrer dans les quartiers de Zabdiyé, Salaheddine, al-Machad et al-Ansari dans l’est d’Alep sous la supervision du Croissant-Rouge et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour faire sortir ceux qui restent des terroristes [le terme employé par Damas pour désigner les rebelles] et de leurs familles ».
Mais ce dimanche soir, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a fait savoir que les évacuations qui devaient avoir lieu à Alep et dans deux villages chiites de Syrie, Foua et Kafraya ont été reportées jusqu’à nouvel ordre « en raison de l’absence de garanties concernant la sécurité des évacués ». Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a ajouté que la suspension était due à l’attaque par des hommes armés d’une vingtaine de bus envoyés pour les évacuations