Le parti démocrate éclaboussé par un scandale

C’est mal parti pour Hillary Clinton et les démocrates
le 26.07.16|10h00

Ça va mal au Parti démocrate américain. Alors que celui-ci a ouvert hier sa convention,
à Philadelphie, durant laquelle Hillary Clinton doit être officiellement désignée
comme la candidate démocrate à l’élection présidentielle, sa présidente,



Debbie Wasserman Schultz, a présenté sa démission. Elle paie la fuite
d’e-mails internes, révélée vendredi par WikiLeaks, dont certains semblent
indiquer que les hauts responsables du parti ont pris fait et cause pour
Hillary Clinton contre son rival Bernie Sanders durant la primaire démocrate.
Ce sont plus de 20 000 messages qui ont été publiés par WikiLeaks.

En juin, la presse avait déjà appris que des pirates informatiques russes avaient
volé des documents aux démocrates. Pour l’entourage d’Hillary Clinton, ce sont
ces hackers qui se seraient procuré ces messages «pour aider Donald Trump».
Mais le contenu de ces e-mails est aussi embarrassant. Des responsables y
débattent de différentes stratégies pour affaiblir la campagne de Bernie Sanders, notamment en mettant en doute le fait qu’il croit en Dieu. Dans un message,
la présidente du parti, Debbie Wasserman Schultz, a même traité un proche de
Bernie Sanders de «maudit menteur».
Plutôt que de polémiquer, le sénateur du
Vermont a préféré calmer le jeu pour laisser toutes ses chances à Mme Clinton.
Il a salué la décision de Debbie Wasserman Schultz de démissionner et admonesté
les ténors démocrates. «Les dirigeants du parti doivent toujours rester impartiaux
dans le processus des primaires présidentielles, ce qui ne s’est pas produit en 2016»,
s’est-il contenté de déclarer. Bernie Sanders semblait satisfait de ce dénouement et profitera de la tribune de la convention pour continuer à propager son appel aux
jeunes à s’impliquer en politique pour poursuivre la «révolution» amorcée
avec sa candidature.

Moscou pointé du doigt
De son côté, l’entourage d’Hillary Clinton s’est publiquement étonné que ces messages soient publiés quelques jours seulement avant la convention, rappelant que des groupes liés aux autorités russes avaient été pointés du doigt pour le grave piratage du parti démocrate, révélé le 14 juin. Robby Mook, directeur de campagne d’Hillary Clinton,
s’est dit «troublé» que des «experts estiment que les Russes diffusent ces courriels
dans le but d’aider Donald Trump», sous-entendant que Moscou essayait d’influencer
les élections américaines. Il a fait le lien avec la déclaration de Donald Trump sur
l’Otan, la semaine dernière, lorsqu’il a dit que sous sa présidence, les Etats-Unis n’interviendraient pas automatiquement pour protéger les Etats baltes en cas
d’agression.
«Tout cela mis bout à bout est troublant», a dit Robby Mook à CNN.
Une accusation dénoncée par le directeur de campagne de Donald Trump,
Paul Manafort. Le candidat républicain à la Maison-Blanche, dont la propre convention d’investiture la semaine dernière fut marquée par les incidents et les polémiques,
a ironisé toute la journée de dimanche à propos du scandale démocrate sur
twitter. «Si la convention républicaine avait explosé avec des courriels, avec la
démission du chef et les critiques d’un poids lourd (Bernie), les médias se
seraient déchaînés», a-t-il dit.

Trump à la tête des sondages
Quoi qu’il en soit, la polémique pourrait continuer dans les prochains jours, risquant d’assombrir l’investiture d’Hillary Clinton, qui prononcera son grand discours le dernier
soir, jeudi. La présidente par intérim du Parti démocrate, Donna Brazile, a prévenu
que des milliers d’autres messages seraient vraisemblablement publiés prochainement,
car les hackers ont récupéré l’ensemble des messages du parti. «Il y a beaucoup de
choses qui vont nous forcer à présenter des excuses», a-t-elle admis dimanche.

C’est donc plutôt mal parti pour Hillary Clinton, surtout qu’un sondage CNN/ORC Poll, conduit entre les 22 et 24 juillet auprès de 1001 personnes en âge de voter, dresse
un tableau de l’opinion aussi pénible pour la démocrate Hillary Clinton que porteur
d’espoir pour le candidat républicain Donald Trump. Celui-ci convainc désormais
davantage les Américains que sa rivale, pourtant longtemps dominatrice dans
la course à la fonction suprême.


Aniss Z.