A la une/Actualité_Les mises en garde du FMI
le 26.04.16|10h00
Monarchies du Golfe
Les monarchies pétrolières du Golfe doivent impérativement diversifier
leurs sources de revenus et réduire leurs dépenses pour s’adapter à
une persistance des bas prix du brut,
a indiqué hier le Fonds monétaire international (FMI).
La croissance économique dans les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG)
Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar sera ramenée
cette année à 1,8% contre 3,3% en 2015, a précisé le FMI. Avec «la poursuite des bas
prix du pétrole (cette année), nous allons peut-être assister à une baisse des revenus
des exportations de pétrole de 100 milliards de dollars (89 milliards d’euros) ou plus»,
a déclaré le directeur régional du FMI pour le Moyen-Orient, Masood Ahmed, dans
un entretien à l’AFP. «Cela commence à affecter non seulement les finances, mais aussi
l’économie» des pays du CCG, a-t-il ajouté à Dubaï où il a présenté le rapport actualisé
du FMI sur les perspectives économiques régionales.
Les prix du pétrole ont chuté de quelque 70% depuis la mi-2014 pour évoluer autour de
40 dollars le baril, a indiqué le FMI, ajoutant que les marchés s’attendent à une modeste
reprise des cours, à 50 dollars le baril vers la fin de la décennie. L’économie saoudienne,
la plus importante du Monde arabe, devrait croître au rythme de 1,2% cette année,
contre 3,4% en 2015. La croissance de celle des Emirats arabes unis devrait ralentir de
3,9% l’an dernier à 2,4% en 2016. L’Arabie Saoudite, le Bahreïn et Oman seront des
«débiteurs significatifs» durant la période 2016/2021, avec des besoins financiers excédant
leurs réserves en devises, prévient le rapport du FMI.L’effondrement des cours pétroliers a
obligé les monarchies du Golfe à prendre des mesures sans précédent portant sur la réduction
des subventions sur les carburants et l’imposition de nouvelles taxes indirectes. D’importants
projets économiques ont été reportés. «Elles (les monarchies du Golfe, ndlr) doivent poursuivre
les mesures qu’elles ont engagées pour réduire et réajuster leurs dépenses, et pour trouver
de (nouveaux) revenus comme la TVA», a dit Masood Ahmed.
Une TVA d’ici 2018
La TVA va ajouter 1,5% au produit intérieur brut (PIB) «dès son application, espérons-le,
d’ici 2018», a-t-il indiqué. De telles mesures prendront des années pour être appliquées et
les autorités sont tenues de «les mettre en œuvre de manière durable» en se dotant du
cadre institutionnel nécessaire, selon lui. Certaines monarchies du Golfe peuvent procéder
par étapes grâce au «confortable excédent financier» qu’elles se sont constitué durant
les années du pétrole cher, a poursuivi Masood Ahmed. Outre un rééquilibrage de ses budgets,
le secteur privé doit, selon lui, continuer à se développer pour créer des emplois au moment où
il est au ralenti en raison de la baisse des dépenses publiques.«Le défi est de dynamiser
le secteur privé», a-t-il affirmé, soulignant qu’il est également prioritaire que les jeunes autochtones
à la recherche d’un emploi s’adressent au secteur privé au lieu d’opter pour la Fonction publique.
«La diversification des économies dépendant d’un seul produit comme le pétrole n’est pas
une tâche facile (...), je vois cela comme un défi permanent dans les années à venir»,
a déclaré le responsable du FMI, en référence aux pays arabes du Golfe où les recettes pétrolières
constituent, pour certains, l’essentiel de leur PIB.Il a par ailleurs indiqué que ces pays, dont la monnaie
est indexée sur le dollar, doivent maintenir cette indexation qui a «bien servi le CCG». «Cela fournit
un ancrage de stabilité au moment où plusieurs facteurs, dont les prix du pétrole, changent et
sont volatils», a-t-il expliqué.L’Arabie Saoudite, chef de file de l’Opep, devait annoncer hier sa vision
à long terme pour diversifier son économie, largement dépendante du pétrole. «Nous attendons avec
impatience cette vision», a dit Masood Ahmed, indiquant que le projet témoigne d’«une ambitieuse
stratégie pour, non seulement équilibrer le budget du royaume durant les cinq prochaines années,
mais aussi mettre en place une économie qui ne soit pas trop dépendante du pétrole».
AFP