L’Algérie va s’endetter dès 2016
Prévisions du FMI

L’Algérie va s’endetter dès 2016
le 11.06.16 | 10h00
L’Algérie, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn et Oman deviendront débiteurs
au cours de ces années, leurs besoins de financement devant dépasser
les réserves liquides dont ils disposent actuellement. Les projections
prévoient aussi que les budgets de presque tous les pays non membres
du CCG seront toujours déficitaires à la fin de la présente décennie.
Les projections du FMI sur l’économie algérienne et celle des pays du
CCG sont pour le moins sombres. L’Algérie, l’Arabie Saoudite, Oman et
Bahreïn, dont les déficits sont les plus importants de la région Moyen-Orient,
Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (Moanap), devraient solliciter les
financements extérieurs dès cette année pour pouvoir couvrir les dépenses,
selon un rapport actualisé du Fonds monétaire international (FMI).
Pour l’Algérie et l’Arabie Saoudite, les déficits budgétaires devraient se situer
à près de 15% du PIB, tandis que ceux d’Oman et de Bahreïn bondiront à
près de 20% du PIB.Le FMI craint que les récentes mesures destinées à réduire
les déficits ne puissent suffire, d’autant que, à terme, «les marchés n’anticipent
qu’une légère remontée à 50 dollars le baril d’ici la fin de la présente décennie».
Une prévision entourée, néanmoins, de beaucoup d’incertitude, estime le FMI.
La baisse prévue des recettes sur les cinq prochaines années réduirait les marges
de manœuvre des pays exportateurs de pétrole.
«La baisse prévue des cours du pétrole implique que les recettes pétrolières
seront faibles pendant les années à venir, ce qui réduira considérablement la
capacité de dépense des Etats», lit-on dans le rapport de l’institution de
Bretton Woods. Financé des années durant en puisant dans les avoirs,
le déficit ne pourrait plus être couvert par l’épargne, eu égard aux ponctions
importantes effectuées l’année dernière dans l’épargne financière.
En Algérie, les prélèvements sur le Fonds de régulation des recettes (FRR)
se chiffrent à 665 milliards de dinars sur les deux premiers mois de l’année ;
ils avaient atteint 2886,5 milliards de dinars en 2015, soit près de la moitié des
dépenses budgétaires globales du même exercice. Sur les trois dernières années,
le FRR a perdu environ 5000 milliards de dinars de ses ressources, soit près
de 50 milliards de dollars. Son stock est passé de 7600 milliards de dinars en
2013 à environ 3000 milliards de dinars à fin 2015. Le FRR devrait terminer
l’année avec un solde négatif.Quant aux réserves de change, l’unique indicateur
de solvabilité du pays, elles sont passées de 193,269 milliards de dollars à fin
juin 2014 à 136 milliards de dollars aujourd’hui, soit une ponction de près de 60
milliards de dollars en deux années seulement. Après les ponctions importantes
effectuées depuis le début de la chute des cours pétroliers, le recours à l’emprunt
extérieur est inévitable, selon le FMI. Pour l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, Badredine Nouioua, l’endettement extérieur est non seulement inévitable, mais un complément de ressources est nécessaire pour la couverture des dépenses.
L’équation est d’autant plus complexe qu’il est hasardeux de compter sur un marché
de capitaux à l’état primitif. Le FMI n’exclut pas d’ailleurs l’augmentation des risques financiers internes dans les pays du CCG et en Algérie. La liquidité du système
financier risque de se poser, tout comme la qualité des avoirs bancaires,
avertit le FMI.A l’issue de la dernière tripartite, le gouvernement s’était montré
beaucoup plus affirmatif sur la question de l’endettement extérieur. Il en a fait
une option.En effet, la tripartite de dimanche dernier a validé l’option
d’«un nouveau mode de financement de l’économie, conférant une place
importante aux ressources du marché, aux épargnes disponibles et aux
financements extérieurs préférentiels». Cela veut dire que dès cette année,
il y aurait déjà les premières négociations autour d’un emprunt extérieur,
voire plusieurs.Ces prêts visaient à compenser la fonte de l’épargne financière
et à endiguer une baisse plus rapide des réserves de change. D’autant plus
que les mesures prises par le gouvernement — baisse des dépenses et des
importations par-ci, remise en cause des subventions par-là n’ont pas encore
permis de rétablir la viabilité budgétaire.Le FMI a rappelé l’impératif de réduire
la dépendance à l’égard du pétrole. «Le modèle de croissance actuel qui repose
sur la redistribution des ressources par les pouvoirs publics n’est plus viable», fait
constater le FMI, soulignant la nécessité «d’approfondir les réformesstructurelles pour
favoriser la diversification et la croissance des secteurs non pétroliers».
Ali Titouche
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