Une enquête a été ouverte après l'arrestation fin mai d'un Français en possession d'un arsenal de guerre à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine. Le profil et les motivations du jeune homme intriguent les enquêteurs français qui, pour l'instant, écartent la piste terroriste.
© AFP PHOTO / Ukraine's SBU Security Service L'homme âgé de 25 ans a été interpelé le 21 mai en Ukraine avec des lance-roquettes et 100 kilos de TNT. Capture d'écran d'une vidéo fournie par les services…
Il a quitté sa bourgade de 84 âmes, où il évoluait dans le milieu agricole, pour s'approvisionner en armes en Europe de l'Est. Grégoire M., jeune français de 25 ans domicilié à Nant-le-Petit (Meuse), a été arrêté le 21 mai à la frontière ukraino-polonaise avec des armements lourds: 125 kilos d'explosifs, des kalachnikovs, des lances roquettes et des milliers de munitions. C'est le responsable des services secrets ukrainiens qui a confirmé ce lundi, lors d'un point presse, cette information éventée samedi par M6.
Selon Kiev, le suspect prévoyait de commettre une série d'attentats, 15 précisément, avant et durant l'Euro de football qui se tient en France à partir de vendredi. Lors de son interrogatoire, il aurait émis des critiques à l'égard de "la politique de son gouvernement concernant l'arrivée massive d'étrangers en France, la diffusion de l'islam et la mondialisation". Des mosquées auraient été notamment ciblées.
Des motivations floues
Pour l'heure, la France reste "prudente", selon les mots employés par une source proche du dossier auprès de L'Express, concernant les éléments avancés par l'Ukraine. D'autant que la coopération judiciaire entre les deux pays est délicate. C'est la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) du parquet de Nancy, compétente pour une partie de la Lorraine, qui a été saisie et non la section antiterroriste du parquet de Paris. L'enquête a été ouverte, selon une source judiciaire, simplement pour "trafic d'armes".
Grégoire M. voulait-il écouler son arsenal auprès d'un réseau de trafiquants? Selon Le Monde, le jeune homme a effectué plusieurs fois des voyages en Ukraine. "Dire que la piste terroriste est exclue est un peu fort mais pour l'instant, il n'y a rien qui aille en ce sens", commente une autre source proche du dossier. Un seul élément troublant a été retrouvé à son domicile: un t-shirt portant une référence à un "groupe d'extrême droite".
"Intelligent et sympathique"
Dans la Meuse, les habitants se disent choqués et décrivent un homme aux antipodes du terroriste identitaire. "Il disait toujours bonjour, demandait comment ça allait. C'était difficile de s'attendre à ça", témoigne "une vieille dame" à l'Est Républicain. Auprès de l'AFP, la maire de Nant-le-Petit parle quant à elle d"un gamin très agréable avec ses voisins, intelligent et sympathique". Lequel vivait "seul" dans une maison appartenant à son grand-père.
Après avoir occupé les fonctions de pédicure pour bovins, Grégoire M. travaillait depuis moins d'un an comme inséminateur dans une coopérative agricole située à Brumath, dans le Bas-Rhin. Contacté par Les Dernières nouvelles d'Alsace, son employeur, "stupéfait", indique qu'il s'étais mis en congé et ne devait reprendre le travail que le 24 mai, soit trois jours avant son arrestation. Un agriculteur qui l'a côtoyé résume, un peu trivialement, auprès de l'Est Républicain: C'était "un bon jeune, un fou de vaches".
Sa passion pour les animaux lui est venu très tôt. Le Lorrain, originaire de Bar-le-Duc (Meuse), a été scolarisé en BTS "productions animales" au lycée Edgard Pisani de Chamarandes-Choignes.En 2013, il a été sélectionné parmi les "meilleurs bergers" de l'établissement dans le cadre d'un concours régional.