A LA UNE/ Rapport du département d’État sur les droits de l’homme
le 07.07.15 | 10h00
Alger répond sèchement à Washington
«L’Algérie rejette, dans le fond comme dans la forme, en des termes clairs, le contenu, récemment publié, du rapport du département d’Etat américain sur la situation des droits de l’Homme dans le monde pour l’année 2014.» Le ministère des Affaires étrangères dénonce, en tout cas, «cette inclination bureaucratique portée sur la reproduction mécanique de stéréotypes ainsi que de références désuètes, d’appréciations partiales et de conclusions simplistes» s’agissant des «affirmations» dudit rapport, dans le volet consacré à l’Algérie.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir)
Cette phrase, à elle seule, résume bien la substance du communiqué rendu public hier lundi, par le département de Ramtane Lamamra et signé par le directeur général de la communication et de l’information, Abdelaziz Benali Chérif. Il est vrai, et cela depuis des années, que lorsqu’on lit des rapports similaires émanant de plusieurs organisations internationales ou même de structures étatiques, à propos des droits de l’Homme en Algérie, l’on croit avoir affaire à un autre pays !
«S’il fallait une seule preuve des erreurs de jugement ou des outrances qui disqualifient irrémédiablement ledit “rapport”, elle se trouve dans l’esquisse d’une équation d’égalité entre l’action légitime de l’Etat national et la folie meurtrière de groupes terroristes, ainsi que dans la monstrueuse allégation que comporte le fait de rendre compte des résultats remarquables des opérations contre le terrorisme courageuses menées en toute transparence par l’Armée nationale populaire sous le titre mystificateur de privation arbitraire et illégale du droit à la vie». C’est d’autant plus déroutant comme raccourci que cela émane d’un pays comme les Etats-Unis d’Amérique, c'est-à-dire le meneur mondial de la guerre contre le terrorisme !
Abdelaziz Benali Chérif, en sa qualité de porte-parole officiel du ministère des Affaires étrangères, exprimera, sans détour, le mécontentement de l’Algérie par rapport à cette incursion peu élégante du département d’Etat dans les affaires internes et avec quelle légèreté ! «L’esprit négatif de critique qui ôte toute crédibilité à la quasi-totalité de la teneur de ce “rapport” en ce qui concerne l’Algérie contraste si manifestement avec l’équilibrisme qui caractérise les parties relatives à la Palestine et au Sahara occidental, alors même que s’agissant de deux situations d’occupation illégale et de violation du droit fondamental des deux peuples à l’autodétermination, les responsabilités d’Etat membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies aurait dû se traduire par un engagement ferme et actif en faveur d’une protection et d’une promotion effective des droits de l’Homme au bénéfice des deux peuples».
Washington n’a effectivement pas les mêmes rapports et donc les mêmes intérêts, car il ne s’agit en définitive que de cela, avec Israël et le Maroc qu’avec l’Algérie. «D’évidence, la cause des droits de l’Homme ne peut pas relever d’un exercice saisonnier», notera à juste titre Abdelaziz Benali Cherif.
L’Algérie qui plaide, selon le département de Lamamra, pour une approche basée sur «des valeurs référentielles et de principes ancrés dans le respect mutuel et l’équilibre des intérêts» et ce, «y compris dans le cadre du dialogue stratégique qu’elle entretient avec les Etats-Unis d’Amérique», n’en reste pas moins ferme sur les formes.
Il est expressément écrit, dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères et en l’espèce que l’Algérie et de nombreux autres pays ont toujours considéré, à bon droit, que les documents qu’un partenaire international pourrait produire, dans le cadre de sa législation nationale, pour exprimer ses propres perceptions quant aux situations relevant de la souveraineté d’autres Etats, n’engagent que ledit partenaire, auquel la communauté internationale est en l’occurrence, loin de reconnaître une quelconque mission de juge universel des droits de l’Homme». Tout simplement.
K. A.