Islam et orientalisme (1/26)
On désigne par orientalisme un courant intellectuel, littéraire et artistique qui a commencé à se répondre au 19ème siècle et qui s'intéresse à l'orient, ses civilisations, ses religions, ses cultures et ses langues. L'orientaliste est celui qui est versé dans des études qui sont en rapport avec l'orient et son histoire.
Dans son livre "l'Orientalisme", publié en 1978, Edward Wadie Saïd, théoricien littéraire palestinien naturalisé américain, et qui a enseigné la littérature anglaise et la littérature comparée à l’université Columbia de New York, situe la naissance de l'orientalisme au concile de Vienne en 1312. C'est à cette occasion, soutient-il, que l'église a décidé de créer des chairs de langues orientales: arabe, grecque, hébraïque et syriaque.
Toujours selon Edward Saïd, l'orientalisme est un outil qui a permis aux occidentaux de s'attribuer des valeurs positives et d'attribuer à l'orient des valeurs négatives. De ce fait, c'est devenu un outil qui a rendu légitime la domination de l'occident sur l'orient.
Sur le plan pratique, l'orientalisme est une arme qui a été mise au service des grandes puissances coloniales au 17ème et au 18ème siècles. Quand il a créé son armée d'orient en vue de conquérir l'Egypte en 1798, Napoléon Bonaparte s'est fait accompagner par des scientifiques formant ce que l'on appelait «l'Institut d'Egypte ».
Autre exemple, Edward Henry Palmer, orientaliste anglais spécialiste du mysticisme oriental, auteur d'une traduction du Coran en 1881, était un espion de l'armée britannique, et tout comme lui, beaucoup de savants orientalistes ont servi d'éclaireurs aux grandes expéditions militaires européennes.
L'orientalisme est aussi une arme qui a été mise au service des missions évangélistes. En 1854, quand le grand évangéliste allemand Karl Gottlieb Pfanders'est retiré d'un face à face publique l'ayant opposé à Rahmatullah al Hindi (qui est ce grand savant qui a inspiré feu Ahmed Deedat), c'est le grand orientaliste William Muir qui a tenté de récupérer la situation en écrivant entre 1854 et 1861, son livre :"La vie de Mahomet et l'histoire de l'Islam". Un livre où il écrit, certes, quelques vérités en faveur de l'Islam, mais où il occulte beaucoup de vérités pour servir la cause évangéliste et semer le doute dans l'esprit des musulmans.
Cela dit, il y a toujours eu des orientalistes impartiaux dont les écrits concernant l'Islam et son prophète (PBSL) sont pleins d’objectivité. Comme ce fut le cas de : Goethe, Montgomery Watt, Bernard Shaw , Alphonse de Lamartine, ou de Thomas Carlyle.
Avoir une idée des thèses soutenues par tous ces auteurs, qu'ils soient pour ou contre l'islam, devient indispensable de nos jours, car en plus d'élargir notre horizon, cela nous permet d'avoir -sur l'Islam- un regard décalé, et de le voir avec un œil occidental judéo-chrétien.
Et c'est le but de cette émission diffusée tout au long du mois béni du Ramadhan et à travers laquelle nous nous intéresserons à trois (03) thèses qui ont fait l’objet du plus grand intérêt de la part des grandes figures de l’orientalisme, à savoir :
- Mohamed (PBSL) est-il prophète ou imposteur ?
- L’islam est-il une religion qui va à l’encontre de la raison ?
- Et l’islam, est-il une religion qui s’est propagée par l’épée ?
Pour chacune de ces thèses, nous commencerons par donner le point de vue musulman, puis nous laisserons les orientalistes argumenter pour ou contre ce point de vue dans un débat d’idées qui, vous le verrez, sera des plus intéressants.
*PBSL: que la Paix et les Bénédictions de Dieu soient sur lui.
Islam et orientalisme (2/26)
Mohammad : est-il prophète ou imposteur? Telle est la question avec laquelle nous avons terminé l’émission d’hier.
Mohammad: a -t- il été annoncé par les livres sacrés qui ont précédé le Coran?
Si on se réfère au Coran: Oui ! Le verset 6 de Sourate Al Saff (Le rang) dit:
"Et quand Jésus fils de Marie dit : "Ô Enfants d'Israël, je suis vraiment le Messager de Dieu envoyé à vous, confirmateur de ce qui, dans la Thora, est antérieur à moi, et annonciateur d'un Messager à venir après moi, dont le nom sera Ahmad".
Cette thèse semble confirmée par l'évangile de Barnabé qui dit au chapitre 97:
"Le pontife dit alors : «Comment s'appellera le Messie ? Et quel signe prouvera sa venue ?». Jésus répondit : «Le nom du Messie est Admirable, car Dieu lui-même le lui donna quand il eut créé son âme et qu'il l'eut placé dans une splendeur céleste. Il dit : «Attends, Muhammad par amour pour toi je veux créer le paradis, le monde et une grande multitude de créatures dont je te fais présent. Aussi celui qui te bénira sera béni et celui qui te maudira sera maudit ! Quand je t'enverrai dans le monde, je t'enverrai comme mon messager de salut. Ta parole sera si vraie que le ciel et la terre passeront mais que ta foi ne manquera jamais !» Muhammad est son nom béni ». Alors les gens élevèrent la voix et dirent :"O Dieu, envoie-nous ton messager ! O Muhammad, viens vite pour le salut du monde !""
Mais l'évangile de Barnabé est un livre apocryphe qui a été brûlé lors du concile de Nicé en 325 de l'ère chrétienne et que l'église ne reconnaît pas.
Oublions alors l'évangile de Barnabé. Cherchons ailleurs et remontons aussi loin que les écritures nous le permettent.
Muhammad Hamidullah, théologien et chercheur musulman pakistanais, connu essentiellement pour avoir traduit le Coran en langue Française en 1959, était d'avis par exemple que Bouddha n'était autre que le prophète "Dhou El Kifl" Paix sur lui. C'est pour cela que nous remonterons jusqu'au Véda, dans notre quête d'une éventuelle trace du prophète.
Le Véda est le livre fondateur du Védisme, qui est la religion mère de l'hindouisme. Une étude se référant au Véda, justement, faite vers 1970 par Vaid Parkash, (un hindou brahmane, scientifique et chercheur à l’université d’Ilahabad), éditée sous le titre de "Kalki Autar" qui signifie « Guide et prophète pour tout l’univers », traduite à l'anglais par Muhammad Alamguir sous le tire de « Muhammad dans les écritures hindous » nous dit du "Kalki Autar", annoncé par le Véda comme étant le dernier messager pour toute l’humanité, envoyé par Bhagwan (qui signifie Dieu), ce qui suit : "Le Kalki Autar" verra le jour sur une île".
Pour Vaid Parkash, cette île n'est autre que le territoire du Hijaz, appelé communément "جزيرة العرب " (île des Arabes).
Jusque-là, rien de probant me diriez-vous.
Le père du "Kalki Autar", selon le Véda, est "Vishnu Bhagat" : "vishnu" signifie Dieu dans la sanskrit et "bhagat" esclave. Et il se trouve que le nom du père du prophèteest "Abdullah" ce qui signifie: serviteur ou esclave de Dieu.
Le nom de la mère du "Kalki Autar" est "Somanib" qui signifie "apaisée" ce qui rejoint le sens du prénom de la mère du prophètequi est Amina.
Le Véda indique que le "Kalki Autar" descendra d'une noble lignée, ce qui était le cas du prophète. Il sera honnête, et Qurayshe appelait le prophète
"El Amine", ce qui signifie "le digne de confiance".
Les Védas disent aussi que Dieu Bhagwan lui révélera son livre dans une cave par l'entremise d'un messager. Ce qui nous rappelle le Coran qui a été révélé au prophètedans la grotte de Hîraa par l'intermédiaire de Jibrîl (l'ange Gabriel) Paix sur lui.
Le Véda nous apprend également que Dieu lui donnera le plus rapide des chevaux grâce auquel il traversera le monde et les sept cieux. Ce qui nous rappelle "Al-Isrâ’ wa Al-Mi`râj" sur le dos d'Al Bouraq.
Et enfin, qu’il maniera bien l'épée et l'équitation, ce qui était le cas du prophète. D'ailleurs, les icônes hindous représentant le "Kalki Autar", le montrent généralement sur un cheval.
Notons que Vaid Parkash a soumis cette étude à certains dignitaires religieux hindous qui l'ont tous reconnue et qu'il s'est convertie après cela à l'islam.
Voyons maintenant ce que dit la Bible hébraïque (l'ancien Testament).
Si nous nous fions à la logique biblique, aucun faux prophète ne peut voir ses efforts couronnés de succès. C'est du moins, ce qu’affirment certains livres de la bible comme Jérémie 23 et Ezéchiel 13.
D'ailleurs la Bible n'a pas tort à ce sujet. Beaucoup de faux prophètes se sont déclarés vers la fin de la vie du prophète.
Il y eut Moussaylama l'imposteur à El Yamama, et El Assouad El 'Anssi au Yemen, tous deux tués sous le califat d’Abu Bakr(que Dieu l'agréé). Il y eut après eux, une femme nommée Sijah, de la tribu de Bani Tamîm, qui s'est repentie par la suite, et Tolaiha Bnu Khouailid de Bani Assad, qui s’est lui aussi repenti sous le califat de Omar Ibnu El-Khattab(que Dieu l'agréé).
Donc, selon cette logique, aucun faux prophète ne peut voir son œuvre couronnée de succès.
Demain, nous verrons certains textes de l'ancien Testament qui appuient notre thèse.