Islam et orientalisme (7/26)
L'islam est-il une imitation des deux religions qui l'ont précédé?
C’est la question que nous nous sommes posée hier, et qui a fait l’objet d’une thèse très soutenue par bon nombre d’orientalistes.
Les orientalistes ont avancé bon nombre de théories dans ce sens. Certains, dont le côté fantaisiste dépasse l'entendement, sont allés jusqu'à soutenir, avec une argumentation tirée par les cheveux, que l'islam est un dérivé du "Hagarisme", en référence à Hagar femme d'Abraham et mère d'Ismaël (que la paix sur eux), à l'exemple d'une étude faite par deux grands spécialistes de l'orient sous le titre de "Hagarisme, la naissance du monde islamique".
Cette étude de Patricia Crone et Michael Cook , publiée en 1977 par la prestigieuse université de Cambridge, dont le sérieux ne fait défaut que quand il s'agit d'islam, cette étude soutient que l'islam, tel que nous le connaissons actuellement, n'a pris forme que sous le califat de Abd El Malik Ibn Marwan, 5 ème calife omeyyade, qui a gouverné entre 685 et 705 de l'ère chrétienne. C'est à dire quelques 53 ans après la mort du Prophèteet qu'avant cela, il n'y avait pas l'islam mais le Hagarisme "الهاجرية".
Pour bien démêler tout cela, qui sont les Hagaréniens (Car c’est ainsi qu’on appelait les adeptes du hagarisme) ? Selon l'encyclopédie Migne , il s'agit d'une secte d'apostats "مرتدون", donc des hérétiques, qui, vers le VII siècle, c’est-à-dire la période qui coïncide avec l'avènement de l'islam, ont renoncé à la loi de l'évangile pour la religion de Mohammad. Ils étaient considérés comme des hérétiques parce qu'ils se déclaraient disciples du Christ (que la paix soit sur lui) mais observaient la loi juive, dans une sorte de syncrétisme, ce qui veut dire une fusion entre différentes doctrines religieuses que l'église n'appréciait pas.
Selon les différentes sources chrétiennes se rapportant à cette secte, et dont la confusion n'a d'égale que la motivation de leurs auteurs à jeter le discrédit sur l'islam, les hagaréniens, à différentes étapes de l'histoire, vont être assimilés aux Ebionites, puis -on ne sait de quelle manière- ils vont fusionner avec les Nazaréens. Et c'est à partir des Nazaréens, que l’on traduit par El-Nassara "النصارى " en langue arabe, et qui sont eux aussi considérés comme un groupe hérétique, que les orientalistes ont commencé à faire des rapprochements avec l'islam.
Alors quel rapport peut il y avoir entre les Nazaréens et l'islam pour que les orientalistes aient pu conclure que les premiers musulmans étaient des anciens nazaréens, qui descendent des hagaréniens, qui tout en se réclamant chrétiens observaient des coutumes exclusivement juives?
Les orientalistes ne donnent pratiquement aucun argument, sauf quelques petits arguments, comme je le disais tout à l’heure, tirés par les cheveux. C’est ce qui leur a permis au final de conclure que l'islam, dans sa version originale, était un ensemble de traditions juives.
Demain, nous étudierons l’antithèse avec d’autres orientalistes.
Islam et orientalisme (8/26)
L'islam n'est qu'une imitation de la religion juive et, par extension, de la religion chrétienne. Il s'agit là d'une thèse soutenue par bon nombre d'orientalistes.
Hier, je vous annonçais l’antithèse pour aujourd’hui. Sauf que nous sommes là devant une thèse d'une absurdité telle, qu'elle va elle-même nous servir d'antithèse. Parce qu'il ne s'agit plus d'étudier les arguments qui la composent d'une manière critique mais d'essayer de trouver ce qui motive des intellectuels à sombrer ainsi dans le ridicule.
Hier, nous avons commencé par parler des hagaréniens, adeptes du hagarisme, ce qui nous a amené à parler des nazaréens, un groupe d'hérétiques par lesquels on a tenté d'expliquer l'origine de l'islam. Le but étant de démontrer que l'islam n'est qu'une reprise des vieilles coutumes juives et chrétiennes. Alors quel rapport peut-il y avoir entre les nazaréens et l'islam pour que des orientalistes aient pu conclure que les premiers musulmans étaient des anciens nazaréens, donc une ethnie d'origine juive?
Signalons au passage que nous ne parlons pas des premiers chrétiens qui se font appeler nazaréens ou nazôréens, en référence à Jésus le nazaréen ou Jésus de Nazareth (que la paix soit sur lui), mais d'un groupe qui a existé entre le Ier et le VIIème siècle de l'ère chrétienne, que certains assimilent aux hagaréniens et dont nous avons parlés hier.
La démarche de Patricia Crone et de Michael Cook, qui se réclament d'un orientalisme dit "scientifique" à l’image de celui d’Ignaz Goldziher, est toute simple. Elle consiste en un premier temps à établir un lien entre le sens du mot nazaréen, que portait une ethnie originaire du village d'Ançari près d'Alep en Syrie, et celui du mot Ançar "أنصار " que portait les premiers musulmans de Médine.
Les nazaréens, selon les sources orientalistes s'identifiaient comme les "secoureurs de Dieu" ou "alliés de Dieu", ce qui se traduit en arabe par : Ançar Allah "أنصار الله ", et les premiers musulmans de Yathrib (Médine) étaient appelés Ançar, ce qui se traduit par : supporters ou aides.
En un deuxième temps, on va jouer sur la linguistique en faisant un rapprochement entre les racines des deux mots: "Nazr " pour nazaréens et "naçr" pour ançar.
Les deux mots appartenant à des langues chamito-sémitiques, ces orientalistes, après une gymnastique incroyable, vont déduire que ce sont les nazaréens qui, en se convertissant à l'islam, se sont fait appeler ançar. Ce qui fait que les premiers musulmans seraient d'origine juive et ce qui permet d’avancer que l’islam est d’origine juive!.
Le problème est que tous ceux qui ont soutenu cette thèse l'ont fait sans donner de détails précis sur l'histoire même des hagaréniens.
-Sans donner de détails sur les conjonctures qui ont amené les hagaréniens et les nazaréens à fusionner.
-Et sans donner de détails sur le cheminement des nazaréens à travers l'histoire ou de la manière dont ils se seraient retrouvés à Médine pour adopter finalement l'islam comme religion.
-De plus, Patricia Crone et Michael Cook prétendent puiser ces informations capitales, tantôt de vieux écrits juifs tantôt de vieux écrits coptes, araméens et syriaques, d'origines inconnues et que les historiens ont négligés. Mais qu’en-est-il réellement ?
Islam et orientalisme (9/26)
Hier, nous nous sommes intéressés, de manière sommaire, à l'argumentation de Patricia Crone et de Michael Cook, qui tentent à prouver que l'islam n'est qu'une imitation du judaïsme et du christianisme.
Je vous disais hier que, concernant cette thèse, nous ne sommes plus dans une logique d'analyse car, somme toute faite, il n'y a absolument rien à analyser. Nous sommes plutôt à la recherche d'un mobile: qu'est-ce qui peut motiver ces orientalistes à vouloir démontrer qu'à l'époque du Prophète, l'islam n'existait pas et qu'il n'a pris forme qu'à l'époque de Abd El Malik Ibn Marwan, soit 53 ans après la mort du Prophète
?
Avant de répondre à cela, il nous faudrait avoir une idée sur le cheminement du judaïsme et du christianisme après la disparition de leurs prophètes respectifs: Moïse et Jésus (que la paix soit sur eux).
Sachez qu'après Moïse (que la paix soit sur lui), les hébreux vont carrément se détourner du monothéisme. Ils vont devenir païens. Ils s'adonneront au molochisme et sacrifieront leurs premiers nés en les jetant dans un brasier en l'honneur de Moloch (une divinité anciennement adorée par les ammonites, qui sont une ethnie canaanéenne). Ce que le livre des psaumes condamne avec véhémence au chapitre 106 qui dit :
"106.28 Ils s’attachèrent à Baal-Péor et mangèrent des victimes sacrifiées aux morts…,106.35 Ils se mêlèrent avec les nations, Et ils apprirent leurs œuvres. 106.36 Ils servirent leurs idoles, Qui furent pour eux un piège; 106.37 Ils sacrifièrent leurs fils et leurs filles aux idoles, 106.38 Ils répandirent le sang innocent, Le sang de leurs fils et de leurs filles, Qu'ils sacrifièrent aux idoles de Canaan, Et le pays fut profané par des meurtres."
Mais en plus de ces pratiques sanguinaires qui semblent avoir trouvé un assentiment inné chez les juifs, et que Gustave Tridon relate si bien dans son livre "Du Molochisme juif", il y a eu une déformation perverse et immorale de la religion de Moïse (que la paix soit sur lui).
Dieu l'Eternel devient une entité qui s'inspire des enfants d'Israël, puisqu'il s'abaisse à lire le talmud en se tenant debout, comme le rapporte une maxime du talmud, car tel est -selon cette maxime- son respect pour le livre, un livre rédigé par des hommes sans scrupules. Mieux encore, Dieu devient une entité à qui il plairait d'être bénie par un rabbin, comme le rapporte une autre maxime du talmud!
Chez les chrétiens, c'est Paul de Tarse, grand persécuteur des premiers disciples de Jésus (que la paix soit sur lui), issu des pharisiens, ces marchands du Temple condamnés par Jésus (que la paix soit sur lui) lui-même, qui devient, on ne sait par quel moyen, la figure emblématique du christianisme. Un christianisme bien différent de celui de Jésus (que la paix soit sur lui).
Nous pouvons même dire que c'est Paul de Tarse, ex-ennemi juré du Christ (que la paix soit sur lui), qui va redéfinir le christianisme et son dogme et lui donner l'aspect que nous le lui connaissons actuellement. Un christianisme que le Christ (que la paix soit sur lui), lui-même, ne reconnaîtrait pas s'il était ressuscité.
Islam et orientalisme (10/26)
Nous nous sommes arrêtés hier au changement qu'a subi le christianisme après Jésus (que la paix soit sur lui), essentiellement sous l'action de Paul de Tarse.
Le dogme du Dieu unique est remplacé par celui de la trinité, c’est-à-dire un Dieu unique en trois personnes - Père, Fils et Esprit Saint - entités égales et participantes à une même essence. Et la religion se retrouve entre les mains d'hommes qui se voient investis d'un pouvoir divin, qui fait d'eux des "ministres de Dieu" et qui en vertu de ce pouvoir, ont pleine autorité quant à décider de ce qui est de la foi chrétienne de ce qui ne l'est pas.
A l'image de Irénée de Lyon , évêque du II siècle, qui décide en l'an 170 de l'ère chrétienne, que seuls les évangiles de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean sont canoniques!
Où est l'évangile de Jésus (que la paix soit sur lui)? Pourquoi l'évangile de Bernabé qui va à l'encontre de la trinité et l'évangile de Judas, qui présente une thèse toute autre de la trahison de Judas, sont-ils déclarés apocryphes? Pas de réponse, si ce n'est qu'ils ne servent pas les intérêts d'une minorité qui veut asseoir un pouvoir théocratique au nom de Dieu.
Finalement. Quand on analyse bien le cheminement du judaïsme et du christianisme, on se rend compte tout de suite qu'il ne s'agit que d'une reprise des vieux mythes de l'antiquité.
Les juifs ont un panthéon de divinités invisibles qui concurrencent Dieu l'Eternel dans les cérémonies religieuses, et comme le démontre Iosif Kryvelev dans son livre "Du sens des évangiles", la trinité chrétienne semble avoir été importée des vielles religions d'Asie, puisque le tricéphale représentant le Père, le Fils et le Saint Esprit n'est qu'une reproduction de la Trimurti hindouiste représentant les dieux: Brahmâ, Vishnou et Shiva, et le symbolisme qui entoure les quatre apôtres représentant Matthieu avec la figure de l'ange, Jean avec celle de l'aigle, Luc avec celle du boeuf et Marc avec celle du lion n'est qu'une reproduction de l'image d'Anubis dans la mythologie égyptienne.
Et attention, il ne s'agit pas là d'une thèse fabriquée de toute pièce. Franz Griese, théologien allemand, déclare dans son livre :"La désillusion d'un sacerdote", après avoir soumis la bible chrétienne à une étude critique, que sur 89 chapitres composant les quatre évangiles, 80 d'entre eux ne sont qu'une reprise de la vie et des enseignements de Krishna et de Bouddha.
Tout ceci nous renvoie à ce que disait Othmane Ibn Affân: "ود السارق لو يسرق كل الناس" "Le voleur aimerait bien que tout le monde devienne voleur comme lui afin qu'il ne soit plus montré du doigt".
C'est dans cet état que se retrouvent nos orientalistes. Eux qui n'ont gardé des religions de Moïse et de Jésus (que la paix soit sur eux) que leurs noms, aimeraient bien faire croire que l'islam ne jouit d'aucune authenticité. Ce qui va conditionner l'esprit de toute personne cherchant à se documenter sur l'islam, car toute étude objective de l'islam et des enseignements de son Prophètene peut aboutir qu'à la conclusion d'Alphonse De Lamartine qui a dit :"L'islam est un christianisme purifié".
Ce qui implique que Mohammadest bel et bien prophète, que le coran provient de la même source dont proviennent la torah et l'évangile et que l'islam n'est qu'un retour aux sources pures du monothéisme.