07 Janvier 2016
Du mentir vrai et autres gâteries de la
confiserie générale du Pinocchio-Land !

Par Hakim Laâlam
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Qu'est-ce qui va changer avec tamazight langue nationale et
officielle ? L'ordre de charger et de matraquer des manifestants
pourra être donné aux flics en…

… tamazight sans que l'officier
ne risque des sanctions...
Le châtelain adoré de tous –tiens ! Mon nez vient de s’allonger – a ordonné au gouvernement de dire la vérité au peuple. Bel embarras dans la cour. D’abord, qu’est-ce que ce barbarisme ? Dire la vérité, ça veut dire quoi ? Plus aucun des livres encore disposés dans la salle du Conseil des ministres ne le dit ni ne l’explique. Le plus vieux des ministres encore en poste hésite un moment, balbutie que jeune, et déjà ministre, il lui a bien semblé avoir entendu ce mot «vérité» prononcé devant lui. Mais c’était lors d’une visite de travail d’un dignitaire étranger. L’invité aurait formulé le mot «vérité» dans le salon VIP de l’aéroport Houari-Boumediène, avant de s’engouffrer précipitamment dans son avion et de quitter Pinocchio-Land. Le vieux ministre, pressé par les moins vieux collègues de l’exécutif, a fait un effort surhumain sur sa mémoire, s’est trituré les rares méninges encore en fonction dans sa caboche, puis s’est piteusement résigné à l’avouer aux autres : non ! Depuis cet incident de l’aéroport, il n’a plus entendu prononcer le mot «vérité». Encore moins par un compatriote. C’est tout le problème aujourd’hui : comment exiger la vérité à des commis à qui l’on a appris à fonctionner de tous temps, hiver comme été, sur la base du mensonge ? La cour affolée par ce dilemme, désemparée par cette situation inédite, s’est frottée le nez fort, l’allongeant davantage au passage, puis a tenté des ébauches de solutions. Créer un Haut Commissariat à la Vérité ? L’idée pouvait paraître de prime abord séduisante. Sauf qu’en faisant l’addition, on s’est vite rendu compte que le régime avait mis en place une flopée de commissariats qui n’ont finalement servi à rien. Ou plutôt si ! A occuper des bâtiments qui auraient pu être affectés à autre chose de plus utile. Toutes les autres solutions ont été passées en revue. Sans plus de succès tant elles sentaient fort le ressassé. Alors ? Comment apprendre enfin à dire la vérité au peuple ? C’est le Premier ment... ministre qui a clos les débats de manière laconique : «Il ne faut pas nous mentir ! La seule issue, c’est l’importation !» Importer la vérité de l’étranger ? En pleine crise financière ? Alors que l’austérité frappe tous les secteurs ? Mon Dieu ! Mais comment l’expliquer à l’opinion ? Avec un mensonge, comme d’hab’ !
Et tout en fumant du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.