La vente de la vignette auto prorogée. Purée ! En Algérie, même la vignette automobile voit son…
… Mandat prolongé !Deux moments saisissants dans la RADP. Dans le courant de la même journée. D’un côté, Benamar Zerhouni, une des voix attitrées, certifiées et homologuées de Abdekka qui lit une lettre dans laquelle le châtelain sans voix propre appelle les jeunes du sud du pays à ne pas céder aux vents de la fitna. Et de l’autre côté, le procès de l’autoroute Est-Ouest marqué finalement par un moment fort, le seul vrai moment, sans trucages. Un magistrat qui avoue devant une salle médusée : «Qui suis-je moi petit juge pour convoquer ici un ministre ?» Mis côte à côte, en «jouxtance», ces deux moments appellent une question : qui souffle, anime, réactive et entretient le vent de la fitna ? Comment oser appeler des manifestants pacifiques du Sud algérien à ne pas céder à la colère quand plus au nord, dans la belle et opulente capitale, Ghoul Amar, ministre des scandales, scandaleusement ministre, est cité lourdement dans un procès, mais n’est finalement pas concerné ni inquiété ? D’ailleurs, pour la petite histoire, il n’est même pas dérangé, le bougre ! Car comme Abdekka, Ghoul jouit aussi du privilège de répondre par lettre à la justice. C’est d’ailleurs la justice qui lit à la salle son discours. Comment rester calme à In Salah, au sud lorsqu’au nord, l’épidémie de silence officiel gagne et que les puissants ne s’adressent plus au peuple ni à la justice directement, préférant ce mode de communication unique au monde, celui de la lettre au porteur et au lecteur délégué ? Qui attise le feu de la fitna ? Un gueux brûlé par le soleil qui brandit une pancarte sur laquelle il est gribouillé «je veux une eau saine pour mes enfants» ? Ou un Palais qui met ses dépendances et ses tâcherons à l’abri du glaive du «Haq», de la justice ? Je ne suis pas sismologue. Mais de plus en plus, et sans avoir maintenant besoin d’érudition dans la science de la terre, de ses mouvements et des caprices des plaques tectoniques, je vois, je discerne très précisément la faille, la fracture terrible. Elle sépare l’Algérie en deux. Brutalement. Largement. Sans espoir de voir les deux bords du gouffre se rejoindre un jour. Ce pays est fracturé par de drôles de pompiers. Les mêmes qui appellent à l’apaisement au Sud soufflent sur le foyer déjà incandescent au Nord. Désormais, l’entité «algérien» ne veut rien dire. Ne veut plus rien dire. Il y a la plèbe. Celle que l’on peut ramener dans un palais de justice et marquer au fer rouge. Il y a les gueux que l’on peut obliger à boire du poison et à patauger dans un sol souillé. Et puis, il y a le Club. Ceux qui nous écrivent. Ceux qui nous font lire leurs fantasmes. Nous les communiquent par voix interposées. Pays partagé. Pays coupé. Pays cisaillé. Jusqu’au Big One. Le Grand Tremblement de Terre. Seul capable d’inverser la faille. D’y plonger au plus profond de ses entrailles incandescentes les intouchables d’aujourd’hui. Jamais je n’ai espéré avec autant de force, appelé de tous mes sens un tremblement de terre. Inchallah Ya Rabbi ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L. |